Eglises d'Asie

Uttar Pradesh : une bousculade survenue lors d’une distribution de vêtements aux pauvres fait 22 morts

Publié le 18/03/2010




Les milieux catholiques de l’Inde ont exprimé leur émotion et prononcé des commentaires sévères à propos des vingt-deux femmes pauvres qui ont péri à Lucknow, capitale de l’Etat d’Uttar Pradesh, lors d’une distribution gratuite de saris, le 12 avril dernier. Près de 15 000 femmes et enfants de pauvre condition étaient venus d’un peu partout à cette distribution qui était censée marquer l’anniversaire de Lalji Tandon, une des personnalités politiques du parti au pouvoir, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP). La tragédie s’est produite alors que ces milliers de femmes luttaient entre elles pour obtenir un sari, cette pièce de tissu de six mètres de long, avec laquelle les femmes indiennes s’entourent le corps. Elles ont été entraînées dans une bousculade inouïe qui a fait 22 victimes. Selon les médias, les saris distribués étaient de qualité médiocre, valant tout au plus 40 roupies (moins de 90 centimes d’euro), les moins chers que l’on puisse trouver sur le marché indien. Ce geste était destiné à influencer le vote des électeurs de l’Etat d’Utta Pradesh, Etat le plus peuplé de l’Inde. C’est précisément dans la circonscription de Lucknow que se présentait une nouvelle fois le premier ministre, Atal Behari Vajpayee, lors des élections qui ont débuté par un premier scrutin qui a eu lieu le 20 avril et sera suivi de quatre autres.

Le retentissement de cet événement a été tel que la Conférence épiscopale indienne, a voulu exprimer publiquement son bouleversement par la voix de son porte-parole Joseph Babu. Il a en particulier déclaré que ce mouvement de foule et les morts qu’il a provoqués illustrent éloquemment à quel point la population est dépourvue des biens les plus élémentaires. Selon le P. Joseph, le cri “L’Inde éclatante qui est le slogan du BJP au cours de la présente campagne électorale, ne fait que masquer la pauvreté et le dénuement des 400 millions d’Indiens vivant au-dessous du seuil de pauvreté. Le représentant de l’épiscopat a exprimé l’espoir que le drame de Lucknow encouragerait les hommes politiques à éliminer la pauvreté et à créer un meilleur environnement économique et social pour les pauvres de l’Inde.

Kamal Mitra Chinoy, un professeur de l’université Jawaharlad Nerhu à New Delhi, considère que la tragédie de Lucknow est hautement symbolique de la décadence de la démocratie indienne et de la désespérance de sa population. Il s’est désolé de voir des personnes perdre leur vie pour une pièce d’étoffe. “Cela se passe, s’est-il lamenté, dans la capitale de l’Etat le plus important de l’Inde, dans la circonscription où se présente le Premier ministre.” De son côté, le Premier ministre a déclaré aux médias qu’il n’avait rien vu d’inconvenant lors de la distribution des saris. Il a rejeté la demande de l’opposition pour que les élections soient reportées à une date ultérieure, affirmant que, malgré cette grande tragédie, les élections ne pouvaient attendre.