Eglises d'Asie – Philippines
Des évêques et des prêtres dénoncent la taxe prélevée sur les candidats en campagne par l’Armée du Peuple nouveau
Publié le 18/03/2010
Les signataires du communiqué soulignaient que, probablement, les politiciens les plus corrompus se soumettaient le plus facilement aux exigences de la NPA et ainsi obtenaient le poste qu’ils convoitaient. Cela n’était-il pas en contradiction, observaient-ils ensuite, avec les objectifs avoués de la NPA, à savoir réformer la société philippine et rompre avec la corruption, scandale et fléau pourrissant la vie de la nation depuis de si longues années.
Selon des rapports de la police nationale, les rebelles réclamaient 100 000 pesos (790 euros) pour les candidats au poste de maire, 75 000 pesos pour le poste d’adjoint et 8 000 pour les autres. Les observateurs estiment que, depuis le début de la campagne électorale au mois de février, la NPA a ainsi recueilli au total 5 millions de pesos. Le 20 avril dernier, un rapport du département de la Défense notait que Chanita Gabieta, maire de Jiabong dans la province de Samar, avait payé 200 000 pesos aux rebelles après avoir été enlevé par eux pour refus de payer l’impôt. Cependant, les jours suivants, le maire niait avoir été victime d’un enlèvement et affirmait revenir de sa campagne électorale dans une région reculée où il était resté quatre jours. Le jour où le maire refaisait surface, quatre jours après le communiqué des évêques et des prêtres critiquant le gouvernement pour son impuissance, la présidente Gloria Macapagal-Arroyo ordonnait aux forces armées de coopérer avec la police pour assurer la sécurité des candidats.
Le communiqué des évêques et des prêtres n’avait pas tardé à provoquer d’autres réactions, en particulier, celle des principaux intéressés. Une réponse provenant de Luis T. Jalandoni, ancien prêtre et dirigeant du Front démocratique national, a été donnée dans un communiqué publié, le 19 avril, sur le site web du Parti communiste philippin. Il expliquait que les souscriptions demandées bénéficiaient aux forces révolutionnaires aussi bien qu’aux candidats qui étaient ainsi assurés contre les mauvaises rencontres et les possibles erreurs. Il ajoutait aussi que candidats et hommes politiques pouvaient contacter la NPA pour lui exposer leurs idées et leurs points de vue. Par ailleurs, l’auteur du communiqué réfutait l’affirmation des évêques et des prêtres selon laquelle la taxe de la NPA était prélevée en vue d’acheter des armes. La totalité des armes du NPA, disait Jalandoni, provient des champs de bataille où elles ont été arrachées aux militaires, policiers et membres des milices. Un autre communiqué du Parti communiste publié le 26 avril s’inscrivait en faux contre la phrase du communiqué des évêques et des prêtres suggérant que seuls les candidats corrompus pouvaient s’acquitter de leur taxe. Par déférence à l’égard de leur position politique et de leur statut économique, disait le communiqué communiste, rien n’est réclamé aux candidats favorables au peuple, progressistes et pauvres.
Un certain nombre d’évêques aux Philippines ont évoqué et dénoncé l’impôt prélevé par la NPA. Mgr Leonardo Legaspi, archevêque de Caceres, a déclaré, le 23 avril, que les activités de ce type sont connues de tous. Mais les hommes politiques ne les dénoncent pas, sans doute par crainte. Le cardinal Ricardo Vidal, archevêque de Cebu, dans une déclaration publique du 17 avril, a affirmé qu’il rejetait cette taxation comme une restriction de la liberté de déplacement et de contact du candidat. Par ailleurs la Commission électorale avait désigné la NPA comme la plus grande menace pesant sur les élections qui ont eu lieu le 10 mai.