Eglises d'Asie

La Commission épiscopale américaine de politique internationale invite le gouvernement vietnamien à améliorer la situation religieuse dans le pays et à libérer le P. Ly

Publié le 18/03/2010




Dans une lettre envoyée à Nguyên Tan Chiên, ambassadeur du Vietnam aux Etats-Unis, Mgr John H. Ricard, président de la Commission épiscopale pour la politique internationale, exprime la profonde inquiétude de l’Eglise catholique américaine au sujet de la « violente répression » de chrétiens vietnamiens et de la détention d’un prêtre catholique, le P. Thadée Nguyên Van Ly (1).

L’évêque commence par rappeler la visite officielle au Vietnam, il y a cinq ans, d’une délégation épiscopale des Etats-Unis (2). Au cours de ce voyage, les évêques américains eurent l’occasion de s’entretenir avec les autorités officielles sur la situation religieuse au Vietnam. Plus tard, les évêques vietnamiens venus leur rendre cette visite au début du mois de novembre 2003 (3), leur ont rapporté que, ces dernières années, des améliorations avaient été apportées à l’exercice de la liberté religieuse. Les évêques américains espèrent que ces progrès continueront et aboutiront au rétablissement des relations diplomatiques entre le Vietnam et le Saint-Siège.

La lettre ajoute ensuite que les derniers événements dont les évêques américains ont été informés, affectant les Montagnards ou « le peuple Dega » sur les Hauts-Plateaux du Centre-Vietnam, sont pour eux une très grave source d’inquiétude, dans la perspective qui est la leur, à savoir le bien du peuple vietnamien. Ces chrétiens, en majorité protestants, déjà traités avec brutalité depuis des années, ont subi une violente répression, au moment des fêtes pascales, ce qui est particulièrement répréhensible. Le signataire de la lettre demande à l’ambassadeur de transmettre à son gouvernement l’inquiétude de l’Eglise catholique des Etats-Unis à ce sujet.

Le président de la Commission épiscopale américaine pour la politique internationale mentionne ensuite le cas « douloureux » du P. Nguyên Van Ly. Il rappelle que celui-ci avait envoyé son témoignage à la Commission des EtatsUnis pour la liberté religieuse internationale. En emprisonnant le P. Nguyên Van Ly et d’autres défenseurs obscurs des droits de l’homme, le gouvernement vietnamien les a transformés en prisonniers de conscience, les plus connus du monde, et a fourni au monde de bonnes raisons de critiquer la situation des droits de l’homme et de la liberté religieuse au Vietnam. C’est pourquoi, les évêques américains invitent le gouvernement non seulement à réduire la peine du P. Ly mais à la révoquer. La lettre invite l’ambassadeur à transmettre également à son gouvernement cette deuxième source de préoccupation de l’Eglise catholique.

Le P. Nguyên Van Ly qui avait déjà passé dix ans en prison de 1977 à 1978 et de 1983 à 1992 pour « opposition à la révolution » avait lancé une campagne pour la liberté religieuse à la fin de l’année 2000. Commencée au mois de novembre 2000 (4), dans le cadre de revendications locales – des terrains paroissiaux confisqués par l’Etat – la campagne du P. Ly avait vite pris une dimension interreligieuse, nationale et même internationale. Elle a été tout de suite marquée par le ton sans concession adopté par le prêtre et une volonté de non compromission avec le régime, que symbolisait le calicot qu’il avait accroché au clocher de son Eglise où était inscrit : « La liberté religieuse ou la mort ! Il diffusa sur le réseau Internet de nombreuses déclarations où il revendiquait liberté et totale indépendance pour les diverses religions du Vietnam, des procès verbaux, où il détaillait concrètement les violations de la liberté religieuse commises par les autorités locales et nationales. A la demande de la Commission pour la liberté religieuse internationale du Sénat américain, il fit parvenir à celle-ci deux rapports sur la liberté religieuse au Vietnam. Dès le 27 février 2001, le P. Ly avait été assigné à résidence dans la paroisse de An Truyên. Le 10 mai, les autorités civiles lui interdisaient de dire la messe. Le 17 mai 2001, 600 agents de la sûreté vinrent arrêter le prêtre dans son presbytère alors qu’il se préparait à célébrer la messe. Le procès n’eut lieu que cinq mois plus tard en octobre 2001, à Huê. Il fut condamné à 15 ans de prison ferme « pour n’avoir pas accompli sa peine de mise en résidence surveillée et avoir saboté la politique de l’unité nationale Il fut ensuite envoyé au Nord-Vietnam pour y purger sa peine. Le 17 juillet 2003, les autorités annonçaient officiellement que sa peine était réduite de cinq ans (5).