Eglises d'Asie

L’évêque d’Amboine appelle l’attention de la communauté internationale sur les violences dont est victime la population

Publié le 18/03/2010




Le 30 avril dernier, alors que se prolongeaient encore les heurts entre les communautés chrétienne et musulmane, qui, depuis, ont fait, au total, 38 morts et 300 blessés dans la ville d’Amboine, capitale de la province indonésienne des Moluques, l’évêque du lieu, Mgr Petrus Mandagi, a lancé un appel au secours demandant à la communauté internationale et aux Nations Unies “d’intervenir pour protéger le droit de la population d’Amboine à vivre à Amboine en sécurité”. Selon l’entourage de l’évêque, l’appel a été adressé par E-mail à environ 400 gouvernements, à des ONG, des dirigeants religieux et civils, aux médias écrits et électroniques ainsi qu’aux Nations Unies.

Le message de l’évêque mentionnait les cinq jours de violence (1) qui ont suivi le heurt entre des militants célébrant, le 25 avril, le 54 anniversaire de la demande d’indépendance pour les Moluques du sud et des partisans de l’Indonésie opposés à cette indépendance. Fusillades, incendies de maisons et de bâtiments divers s’étaient succédés un peu partout dans la ville. L’évêque demandait aux destinataires de son message de faire pression sur le gouvernement indonésien afin que celui-ci mette un terme aux combats opposant chrétiens et musulmans et ravageant la ville. Il invitait aussi les instances internationales à non seulement prier pour les habitants d’Amboine mais encore à prêter assistance aux victimes et aux réfugiés. “Venez évacuer la population d’Amboine pour qu’elle trouve la sécurité hors d’Amboine, ou même hors de l’Indonésie ! demandait-il dans son message.

Le 2 mai suivant l’évêque a précisé le sens et la portée de son message qui a reçu un très large accueil dans le monde, puis qu’il a reçu des réponses du monde entier et en particulier du pape Jean-Paul II. Lors d’une conférence de presse, il a déclaré que si le gouvernement ne pouvait pas protéger son peuple, celui-ci était en droit de se tourner vers d’autres pour leur réclamer l’assistance. “En tant que citoyen, les habitants d’Amboine ont un droit strict à vivre en paix a-t-il souligné, ajoutant que les responsables semblaient se préoccuper beaucoup plus de leur élection que du conflit meurtrier. Il a même suggéré que le candidat à la présidence avait pu programmer cette violence afin d’en retirer un bénéfice politique. “Il est possible que (l’on) ait désiré obtenir la popularité auprès de la population d’Amboine en utilisant une stratégie du conflit, de telle sorte que celui-ci soit amené à choisir un candidat capable de lui garantir la sécurité ! a précisé l’évêque. Les auditeurs ont pensé que Mgr Mandagi faisait allusion au général Wiranto, candidat du Parti Golkar, ce que l’évêque a démenti, expliquant qu’il avait voulu souligner que les récentes violences n’étaient pas sans rapport avec les prochaines élections.

Depuis cette date, la situation semble s’être calmée quelque peu, mais les communautés religieuses restent divisées, sans relation entre elles. Seuls quelques musulmans et chrétiens originaires des Moluques mais vivant à Malang dans la partie orientale de Java, ont protesté contre le renouveau de violence à Amboine. Cependant, il ne s’agissait là que d’un petit groupe de 35 personnes qui ont défilé avec des banderoles devant les bâtiments du Conseil législatif de Malang. Eux aussi étaient convaincus que les troubles de la fin du mois d’avril avaient davantage à voir avec la politique qu’avec la religion.

C’est en janvier 1999 que le conflit entre chrétiens et musulmans a débuté dans les îles Moluques. Il a fait plus de 5 000 morts avant l’accord de paix signé en 2002. Déjà à cette époque, les responsables du diocèse avaient lancé un appel à l’organisation des Nations Unies pour qu’elle intervienne et procède à l’évacuation des chrétiens des Moluques si le gouvernement indonésien se montrait incapable d’assurer leur sécurité.