Eglises d'Asie

Un missionnaire hollandais travaillant dans le Cachemire est menacé d’expulsion

Publié le 18/03/2010




Le P. Jim Borst, un prêtre missionnaire de la société de Mill Hill, d’origine hollandaise, vient de recevoir l’ordre de quitter le pays immédiatement. Son visa étant parvenu à expiration au mois de novembre 2003, le missionnaire avait demandé son renouvellement aux autorités locales. Celles-ci le lui ont refusé. La dernière semaine du mois d’avril, la police de l’Etat de Jammu et Cachemire où il travaille l’a informé qu’il avait à quitter l’Inde dans les dix jours. Les responsables ecclésiastiques du diocèse ont déclaré faire tous leurs efforts pour que le séjour du missionnaire en Inde soit prolongé.

C’est en 1963 que le prêtre est arrivé dans cet Etat où la population est en majorité musulmane. Il l’avait quitté pour le Bihar en 1975. Puis, en 1993, il avait de nouveau été affecté au diocèse de Jammu-Srinagar qui recouvre la totalité du territoire de Jammu et Cachemire. Le missionnaire hollandais a toujours été très populaire dans cet Etat à cause de son travail social. Ses ennuis ont commencé en 2003 avec la publication, à partir du 5 avril 2003, d’une série de reportages sur le Jammu Cachemire par le quotidien bien connu Indian Express. Il y était dit que “malgré le bruit des armes et les violences sans fin, le Cachemire était le théâtre d’un discret mouvement de conversion de l’islam au christianisme”. Le journal anglophone affirmait même que les groupes chrétiens eux-mêmes estimaient le nombre de nouveaux convertis à plus de 10 000. Selon l’auteur des reportages, le nombre de conversions augmenterait régulièrement tout au long de la vallée du Cachemire. Cette évangélisation aurait été financée à partir de l’étranger grâce à des intermédiaires résidant à New Delhi. Un des articles citait le P. Jim Borst comme l’un des agents les plus actifs de la progression du christianisme, à l’origine de nombreuses conversions (1).

A l’époque, le porte parole de la Conférence épiscopale s’était fermement élevé contre ces reportages et avait affirmé que l’accusation de prosélytisme portée par le journal était totalement infondée. Si les établissements catholiques en matière éducative et sanitaire rencontrent un vif succès dans la vallée du Cachemire, le christianisme n’y est qu’une minuscule minorité estimée à 15 000 fidèles, noyés dans une population de 10 millions d’habitants. Durant les dernières années où le sang n’a cessé de couler, une harmonie sociale de bon aloi avait réussi à se maintenir entre les musulmans et les chrétiens.

Peu de temps après, des attaques contre deux écoles chrétiennes de la vallée du Cachemire jetèrent l’émoi au sein de la minorité chrétienne du lieu, jusque là relativement épargnée (2). Une enseignante fut tuée et sa collègue blessée à l’école protestante de St Luke dans le district de Anantnag. Deux jours plus tôt, l’école du Bon Pasteur à Pulwama avait également été l’objet d’une attaque à la grenade qui heureusement n’avait pas explosé. L’école était placée sous la direction du P. Jim Borst. La presse et certains observateurs ne manquèrent pas de mettre ces dernières attaques en relation avec les reportages parus dans “The Indian express 

L’agence UCAN News a recueilli une série de témoignages très favorables au vieux missionnaire. Le ministre président de l’Etat, Mufti Mohammed Sayyed a assuré à celui-ci qu’il ferait pour lui tout ce qui est en son pouvoir. Un musulman, familier du P. Borst depuis des dizaines d’années, à qui l’on venait d’apprendre la nouvelle, a affirmé que l’expulsion du prêtre serait une mauvaise action. Il a parlé du prêtre comme d’un homme affable toujours prêt “à nous parler et à nous écouter Le missionnaire, pour sa part, s’est refusé jusqu’ici à toute déclaration et à tout commentaire.