Eglises d'Asie

Une lettre de hauts responsables du bouddhisme unifié demande au gouvernement de revenir sur la politique de répression pratiquée par lui aujourd’hui

Publié le 18/03/2010




Une lettre réclamant la libération des religieux actuellement en détention a été envoyée au président Trân Duc Luong et au Premier ministre Phan Van Khai par deux représentants de la direction bicéphale du Bouddhisme unifié. La lettre signée du vénérable Thich Duc Chon de l’Institut du clergé et du vénérable Thich Viên Dinh de l’Institut de la propagation du Dharma est datée du 19 avril 2004.

Les signataires de la lettre commencent par faire remarquer que “l’Eglise bouddhiste unifiée, depuis toujours s’est maintenue dans la légalité et a mené ses activités religieuses dans le cadre de la loi Ils ajoutent ensuite que tout au long d’une période d’oppression, les religieux ont dû subir de nombreuses souffrances, traverser d’innombrables épreuves pour préserver leur foi dans son intégralité. C’est pourquoi, ils n’ont pas caché leur joie lorsque le Parti communiste et gouvernement vietnamien ont corrigé leurs erreurs concernant la religion et plus précisément le bouddhisme lors de l’accueil fait au patriarche Thich Huyên Quang par le Premier Ministre à Hanoi, le 2 avril 2004. La lettre ajoute que cette entrevue a été suivie par des événements regrettables, à savoir les décisions des autorités de placer sous surveillance le patriarche et son adjoint le vénérable Thich Quang Dô, ainsi que beaucoup d’autres religieux, Ces mesures reviennent sur ce qui avait été dit au patriarche par le Premier ministre. La lettre reproche ensuite au porte-parole des Affaires étrangères d’avoir déclaré que les deux hauts dirigeants du bouddhisme unifié avaient été arrêtés parce qu’ils portaient des documents constituant des secrets d’Etat. Ce sont des déclarations fausses, non seulement sans conformité avec les faits réels, mais de plus de caractère calomnieux, souligne la lettre.

Celle-ci explique ensuite que les décisions de mise en surveillance ont été consignées dans des documents écrits pour quatre des religieux concernés seulement. Mais pour tous les autres, elles ont été signifiées oralement. Cependant, écrites ou orales, toutes ces mesures sont en contradiction avec la loi, ne reposent sur aucun fondement légal et ne s’appuient sur aucun procès verbal des faits, aucune déposition ou interrogatoire. La lettre des deux religieux prie le gouvernement de rendre à la liberté, les religieux détenus aussi injustement.

Le 2 avril 2004 (1), le patriarche du bouddhisme unifié, Thich Huyên Quang, en convalescence à Hanoi avait été reçu par le Premier Ministre. L’entrevue avait été franche et amicale, selon les dires mêmes du patriarche. Salué par toute la presse, cet événement semblait être de bon augure pour les futures relations entre le bouddhisme unifié et l’Etat, d’autant plus que les jours suivants, le patriarche recouvrait une certaine liberté de déplacement. Le 7 avril, le dirigeant bouddhiste s’embarquait dans un train à destination de Huê où il était accueilli par environ 2000 religieux et laïcs bouddhistes (2). Il entreprenait un nouveau voyage à Huê le 21 avril pour y participer aux cérémonies de commémoration de la mort du patriarche Thich Dôn Hâu. Le 2 mai suivant, sous escorte des cadres du Bureau des Affaires religieuses (3), il arrivait dans la métropole du Sud-Vietnam. Trois jours plus tard, le 5 mai, il y rencontrait le deuxième personnage du bouddhisme unifié, le vénérable Thich Quang Dô encore retenu en résidence surveillée dans une cellule du monastère Thanh Minh Thiên. L’entretien avait duré toute l’après midi (4). Une autre rencontre eut lieu dans les mêmes conditions le 12 mai suivant. Enfin, le 27 juin 2003, des cadres du comité populaire du district Phu Nhuân, à Hô Chi Minh-Ville, se rendaient au monastère de Thiên Thanh Minh où pour informer le vénérable Thich Qang Dô qu’il était libre (5).

Mais cette embellie des relations entre l’Etat et le bouddhisme unifiée ne dura qu’un temps. Le revirement des autorités civiles vietnamiennes prit prétexte de la tenue, au début du mois d’octobre 2003, d’une assemblée extraordinaire de divers membres responsables du bouddhisme unifié dans la pagode Nguyên Thiêu au Binh Dinh, assemblée au cours de laquelle fut élue une nouvelle direction de l’Eglise (6). Après s’être opposée par divers moyens mais sans résultats à l’assemblée extraordinaire, le pouvoir s’est acharné contre les principaux responsables de cette église réfractaire. L’ensemble de la hiérarchie du “bouddhisme unifié” a été isolé et neutralisé. Quatre religieux, chargés de responsabilités, étaient frappés d’une condamnation officielle de 24 mois de détention administrative. Une vingtaine d’autres parmi lesquels les deux hauts responsables, à savoir Thich Huyên Quang et son premier adjoint, Thich Quang Dô, ont été condamnés “oralement” et placés en résidence surveillée sans avoir été soumis à une quelconque forme de procédure légale.