Eglises d'Asie

Après cinquante ans de difficultés et de quasi-clandestinité, les religieuses dominicaines du diocèse de Thai Binh bénéficient aujourd’hui de toutes les approbations nécessaires

Publié le 18/03/2010




Les religieuses dominicaines de Thai Binh, dans le Nord-Vietnam, attendaient depuis longtemps pour s’afficher au grand jour. L’évêque du diocèse, Mgr François Xavier Nguyên Van Sang, avait demandé des approbations officielles pour elles au Saint-Siège comme au gouvernement dès les années 1990. La Congrégation pour l’évangélisation des peuples, au Vatican, avait donné son feu vert au cours l’année 2001. Les autorités civiles avaient fait connaître leur approbation l’année dernière. Il ne restait plus à obtenir qu’un décret d’établissement signé de l’ordinaire du lieu. C’est ce qu’a fait Mgr Sang le 25 mars dernier.

Ainsi la situation changeait du tout au tout pour les religieuses. Comme l’a fait remarquer la supérieure, sour Jeanne Martine Pham Thi Kim Duc, âgée de 56 ans, désormais les religieuses peuvent porter l’habit religieux et mener ouvertement leurs activités dans les paroisses. Elles ne travaillent plus dans la peur et la clandestinité comme elles le faisaient jusqu’à présent. Bientôt, le 22 août prochain, les religieuses inaugureront leur maison mère par une solennelle messe d’action de grâces, au cours de laquelle quarante novices prononceront leur profession temporaire. La nouvelle maison occupera 500 m et est bâtie sur l’emplacement d’un ancien petit séminaire dans le village de Dong Hoa. Elle servira de résidence à quarante religieuses, novices et aspirantes. Les frais de constructions qui s’élèvent à 500 millions de dôngs (26 500 euros) ont été supportés par l’évêché et divers bienfaiteurs dans le pays et à l’étranger. Pour ce qui est de la vie quotidienne, désormais les religieuses se suffisent à elles-mêmes grâce à la culture du riz, l’élevage de porcs et de poulets ainsi que par la pratique de la médecine traditionnelle.

Selon la supérieure, un des avantages du nouveau statut acquis par la congrégation et de la construction des nouveaux locaux, c’est la possibilité pour les religieuses de faire des études dans leur propre maison et de ne plus être obligées d’aller secrètement dans le Sud pour y poursuivre leur formation et même y prononcer leurs voux, une solution qui financièrement était très onéreuses pour elles ; depuis 1990, elle coûtait chaque année à la congrégation trente millions de dôngs (1 590 euros).

C’est donc en quelque sorte la normalisation de la vie et des activités pour l’ensemble de la congrégation religieuse qui comprend soixante professes, vingt novices et quatre-vingt-cinq aspirantes terminant leurs études universitaires. Quelques religieuses travaillent en paroisse à diverses ouvres comme le catéchisme ou l’alphabétisation. D’autres travaillent dans une clinique régionale. Cependant, malgré leurs demandes aux autorités civiles, il ne leur a pas encore été permis d’ouvrir des cliniques médicales ou encore des dispensaires.

Lorsqu’on écoute les religieuses raconter les difficultés rencontrées depuis cinquante ans dans leur vie religieuses, on comprend la joie qu’elles éprouvent aujourd’hui devant ce retour à la normale. Après la venue au pouvoir des forces communistes en 1954, pendant longtemps les religieuses n’ont pas eu le droit de vivre à l’intérieur des couvents et ont été obligées de se cacher à chaque irruption de la police, dans des bottes de paille, dans le verger, dans l’étang et jusque sous le tas de fumier. Quelques-unes d’entre elles étaient incarcérées quelques jours puis rendues à leur famille. Le gouvernement avait également confisqué quelques-unes de leurs maisons pour en faire des écoles ou des greniers pour produits agricoles.

A Thai Binh, les religieuses dominicaines constituaient autrefois une très importante communauté. Selon les statistiques ecclésiales de l’époque, les professes étaient au nombre de 280 en 1939. En 1964, il n’en restait plus que vingt-six réparties dans treize maisons à moitié vide. La plupart d’entre elles avaient gagné le Sud avec l’exode qui avait suivi l’établissement du pouvoir communiste au Nord, en 1954.