Eglises d'Asie

Huê : les catéchistes de Kontum et leur ouvre ont été présentés aux participants d’un séminaire sur la spécificité de la foi chrétienne au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Au cours d’un colloque de trois jours, du 20 au 22 avril dernier, organisé à Huê sur le thème “Vivre la foi à la manière vietnamienne l’évêque de Kontum, Mgr Michael Hoang Duc Oanh, un prêtre du diocèse, le P. Thomas Nguyên Van Thuong, et un religieux rédemptoriste, le P. Trân Sy Tin, sont venus parler aux quelque 750 participants de la catéchèse et de ses agents dans le diocèse de Kontum où la population chrétienne est en majorité formée de fidèles appartenant aux ethnies minoritaires. Sur les 203 733 catholiques, environ les deux tiers en sont issus.

Les divers intervenants ont souligné en premier lieu l’importance des “giao phu” (catéchistes) en ces temps où le nombre de prêtres a considérablement baissé. Alors que le centre destiné à leur formation, l’Ecole Cuenot, a été obligé de fermer en 1975, dès le changement de régime, leur nombre, depuis cette date, a quadruplé. Ils étaient 297 giao phu en activités en 1975. En 1998 ils étaient déjà plus de mille. On en compte aujourd’hui, selon le P. Thuong, 1 167, appartenant surtout aux trois ethnies les plus importantes du diocèse : 400 sont Sedang, 394 Bahnar et 373 Jarai. Selon Mgr Oanh, ils jouent aujourd’hui le rôle principal dans les activités pastorales des villages dont beaucoup ne peuvent aujourd’hui recevoir la visite de prêtres, soit à cause de l’interdiction des autorités, soit à cause de la pénurie du clergé. Dans le diocèse, seuls dix-huit des trente prêtres travaillent à plein temps et le plus jeune d’entre eux a 49 ans.

Avant 1975, le grand fournisseur de giao phu pour la région de Kontum était l’Ecole Cuénot. Ce centre avait été fondé en 1908 par Mgr Martial Janin, le premier évêque de Kontum, qui lui avait donné le nom de l’évêque français, Mgr Cuénot Thê – canonisé en 1988 par Jean-Paul II avec les 117 martyrs du Vietnam. Selon les déclarations de Mgr Oanh, entendues au colloque de Huê, l’évêché de Kontum se préparerait à demander au gouvernement l’autorisation d’ouvrir à nouveau le centre de formation de giao phu qui, depuis sa création, a lancé des milliers de chrétiens dans l’évangélisation du diocèse. Aujourd’hui, comme l’a fait remarquer le P. Thuong, cette formation de laïcs catéchistes qui, souvent, vivent loin des prêtres et ne peuvent suivre de cours ou fréquenter des enseignants, est laissée aux bons soins de l’Esprit Saint. Le P. Trân Sy Tin, religieux rédemptoriste, qui travaille depuis trente-cinq ans auprès du peuple Jarai, a fait remarquer que ce n’était pas lui qui nommait les giao phu. Le plus souvent, la population chrétienne du village se choisissait elle-même un animateur pour la prière et l’enseignement religieux. Celui-ci recevait une formation sommaire donnée par quelques prêtres du diocèse.

Au colloque de Huê, trois giao phu sont venus témoigner de leurs activités pastorales. En outre, un certain nombre de rapports d’activités écrits par d’autres qui n’avaient pu se déplacer ont été lus aux participants. Le colloque de Huê ayant lieu seulement dix jours après les manifestations des 10 et 11 avril 2004 dans les provinces de Dak Lak et de Gia Lai, province appartenant au diocèse de Kontum, un certain nombre de catéchistes montagnards n’ont pas eu l’autorisation de quitter leurs villages.

On a ainsi pu entendre lire le témoignage de Pore Hrao, au service de quatorze villages abritant 1 200 catholiques. Il est un des 233 giao phu encore vivants formés à l’école Cuénot. Il a en particulier fait remarquer que, depuis que cette école n’existe plus, les giao phu sont directement à l’école de Jésus. Joseph Bier, un jeune catéchiste Sedang, présent au colloque de Huê, a dit qu’il participait régulièrement aux séances de prières animées par un catéchiste plus ancien. Il assistait à la messe chaque fois qu’il pouvait se rendre à Kontum. Ainsi, les chrétiens l’avaient remarqué et lui avaient demandé de conduire les prières en l’absence du catéchiste en titre. C’est ainsi qu’il a découvert sa vocation de catéchiste au service de ses frères.

Un bel éloge de l’ouvre des giao phu a été fait à l’assemblée par le P. Thuong qui a rapporté une réponse faite par l’ancien évêque de Kontum, Mgr Pierre Trân Thanh Chung, à quelqu’un qui s’apitoyait sur le manque de prêtres dans le diocèse. Il avait répondu que c’était au contraire une grâce de Dieu qui permettait au diocèse de bénéficier d’un grand nombre de catéchistes enthousiastes et instruits.