Eglises d'Asie

La Commission ‘Justice et paix’ de l’épiscopat catholique souhaite voir les députés catholiques de l’Assemblée nationale plus fidèles au message évangélique

Publié le 18/03/2010




Selon le P. John Lee Ki-woo, secrétaire de la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence des évêques catholiques de Corée, les élections législatives du 15 avril dernier (1) devraient être l’occasion pour l’Eglise catholique de soutenir plus activement qu’elle ne l’a fait jusqu’à ce jour les membres de l’Assemblée nationale de religion catholique. « J’espère que les législateurs catholiques adopteront un comportement modèle en se mettant au service du peuple coréen a-t-il déclaré le 29 avril dernier, en ajoutant que la Commission ‘Justice et paix’ était déterminée à leur apporter un soutien de façon à ce qu’ils puissent « en tant que catholiques, agir selon leur foi et selon leur conscience ». Ce soutien pourrait montrer aux gens qu’il y a « de l’espoir en politique un espoir relatif à la réalisation du bien commun dans la société et, plus concrètement, à la réunification entre les deux Corée, à la lutte contre la corruption et à la réduction de la fracture sociale entre les riches et les pauvres.

Les élections du 15 avril, qui ont vu la victoire du parti Uri, du président Roh Moo-hyun, ont porté à l’Assemblée nationale 70 députés de religion catholique et deux catéchumènes. Les catholiques représentent donc 23,4 % des 299 députés, soit une proportion deux fois plus importante que le ratio de catholiques dans le pays (environ 9 %). La Chambre sortante comptait 63 catholiques. Pour le P. John Lee, ces chiffres, pour importants qu’ils puissent paraître au premier abord, ne signifient rien par eux-mêmes. « Bien qu’environ un cinquième des députés sortants sont catholiques, nous sommes déçus par le fait qu’ils n’ont fait que suivre leurs seuls intérêts politiciens, sans se montrer attachés plus que cela à l’enseignement de l’Eglise explique-t-il.

Pour le secrétaire de la Commission ‘Justice et paix’, l’Eglise a une part de responsabilité dans cet état de fait, notamment parce qu’elle ne s’est pas souciée d’informer les députés des positions de l’Eglise sur tel ou tel sujet d’actualité. Désormais, les députés catholiques de la nouvelle Chambre, en session à partir du 29 mai, recevront par courrier électronique des messages leur rappelant l’enseignement de l’Eglise sur tel ou tel point d’actualité.

A titre d’exemple, le P. John Lee cite la peine de mort, en vigueur dans le pays même si elle n’a pas été appliquée depuis 1998, et le rôle de certains députés catholiques dans la procédure en destitution votée en mars dernier par la Chambre sortante à l’encontre du président Roh Moo-hyun. Dorénavant, lorsque de tels débats apparaîtront sur la scène politique, la Commission ‘Justice et paix’ se fera un devoir de contacter les législateurs catholiques de façon à ce que la surreprésentation des chrétiens au sein du personnel politique se traduise par une meilleure défense des valeurs chrétiennes, précise encore le prêtre (2).

Les catholiques sont présents dans l’ensemble des formations politiques. Ainsi, dans la nouvelle Chambre, le parti Uri compte 39 catholiques parmi ses 152 députés ; le Grand parti national (opposition) 24 sur 121 ; le Parti démocratique du travail (gauche) deux sur dix ; le Parti démocratique du millénaire (opposition) trois sur neuf. On compte enfin deux catholiques parmi les sept députés restants, représentant de petites formations politiques. Enfin, les responsables des quatre principaux partis politiques sont tous des catholiques.

La surreprésentation des chrétiens en politique se constate également chez les protestants puisque, selon la Commission électorale nationale et un hebdomadaire protestant, les députés appartenant à différentes confessions protestantes sont au nombre de 112, soit 37,5 % des législateurs – et, là encore, une proportion deux fois plus importante que la part des protestants dans la société sud-coréenne (18,6 % selon des statistiques gouvernementales). En comparaison, les bouddhistes, qui sont 26,3 % de la population (3), sont faiblement représentés à l’Assemblée nationale : seuls 34 députés se déclarent bouddhistes, soit une proportion de 11,4 %.