Eglises d'Asie

Mgr Pietro Parolin livre ses impressions sur le récent voyage d’une délégation du Saint-Siège au Vietnam

Publié le 18/03/2010




Chaque année, à l’issue de leur voyage au Vietnam, les membres de la délégation du Saint-Siège essaient de faire le point sur la situation de l’Eglise catholique au Vietnam pour ce qui concerne sa liberté. Lors d’une conférence de presse, Mgr Celli, ancien chef de la délégation du Saint-Siège, avait usé d’une comparaison pour répondre à une question sur ce sujet et avait dit que l’Eglise au Vietnam était comme un oiseau en cage. A l’issue d’un autre voyage, à une même question portant sur l’espace de liberté de l’Eglise au Vietnam, il avait simplement répondu que la cage s’était agrandie (1). Après le dernier voyage qui s’est déroulé du 27 avril au 2 mai dernier (2), dans l’interview qu’il a accordée à Radio Vatican en langue vietnamienne le 12 mai dernier, Mgr Pietro Parolin, chef de la récente délégation, a livré son impression générale sur la situation actuelle de l’Eglise du Vietnam en utilisant une autre image. Après avoir énuméré un certain nombre de progrès accomplis au cours des quinze années qui se sont écoulées depuis la première visite du cardinal Etchegaray, il a affirmé en parlant de la liberté religieuse : “Je crois que le chemin qui reste à parcourir est encore très long.” Au cours de l’interview, le représentant du Saint-Siège a fait remarquer que l’existence même de négociations, telles qu’elles se font annuellement, pour débattre de la nomination des évêques avec les autorités vietnamiennes, est anormale, par rapport aux pratiques ordinaires de nomination des évêques en usage dans l’Eglise catholique. Il a émis l’espoir qu’une normalisation intervienne prochainement en ce domaine.

Malgré ces réserves, les réponses du Mgr Parolin à l’interview ont témoigné d’un certain optimisme en ce qui concerne les rapports de l’Eglise et de l’Etat. La délégation en particulier a insisté sur l’accueil chaleureux qui lui a été réservé aussi bien de la part des autorités officielles que du peuple chrétien. Les représentants du pouvoir ont confié aux délégués du Saint-Siège leur désir “d’abandonner le passé pour se tourner vers l’avenir Se référant à des directives du Comité central du Parti communiste, ils ont assuré les représentants de Rome que les catholiques étaient considérés comme des citoyens à part entière. Mgr Parolin a vu un témoignage de bonne volonté du gouvernement dans la possibilité offerte à la délégation de se rendre, pour la première fois, à Xuân Lôc, le plus grand diocèse du Vietnam où les catholiques constituent 30 % de la population, ainsi qu’à Buôn Ma Thuôt où, deux semaines auparavant, les 10 et 11 avril, s’étaient déroulées d’importantes manifestations de protestations. On a pu remarquer que le prélat romain a surtout insisté sur la chaleur de l’accueil que lui a réservé le peuple chrétien. A Buôn Ma Thuôt, l’église était bondée malgré le caractère privé de cette visite. Il n’a fait aucune allusion au briefing du président du Comité populaire provincial, Nguyên Van Lang, qui a présenté à la délégation la version officielle des événements qui se sont déroulés dans la province de Dak Lak au cours du week-end de Pâques, alors que plusieurs journaux officiels vietnamiens y ont consacré de longs articles (3).

Le chef de la délégation du Saint-Siège a également fait état des divers progrès accomplis par l’Eglise du Vietnam au cours des quinze dernières années. Dans certains endroits, il est désormais possible aux congrégations religieuses de recruter et d’accueillir des candidates à la vie religieuse. Il a mentionné la collaboration des religieuses dans les soins donnés aux malades du sida en plusieurs régions.

Interrogé sur les résultats des négociations en matière de nominations épiscopales, Mgr Parolin s’est montré d’une grande discrétion. Il s’est contenté de dire que les dernières négociations avaient abouti à certains résultats et qu’ils seraient connus en temps opportun. Aucune allusion n’a été faite aux deux sujets dont on soupçonnait qu’ils feraient partie des discussions, à savoir la création d’un grand séminaire à Xuân Lôc et la partition de ce diocèse.