Eglises d'Asie

Selon le nouveau Premier ministre de l’Inde, l’harmonie entre les religions est la priorité de son gouvernement

Publié le 18/03/2010




Au cours de sa première conférence de presse en tant que Premier ministre désigné, le 20 mai dernier, Manmohan Singh, a eu l’occasion de révéler les principes qui guideront sa politique en matière sociale et religieuse. Le premier chef de gouvernement non hindou, de religion sikh, a notamment déclaré que le renforcement de la paix entre les religions constituait la plus grande priorité de son gouvernement : “L’harmonie intercommunautaire devra être renforcée. Si nous sommes divisés au nom de la religion, le pays est en danger. Pour intensifier le développement, nous devons créer un environnement pacifique” (1). Il s’est en particulier prononcé, avec prudence mais sans ambiguïté, au sujet de deux des questions pour lesquelles le précédent gouvernement n’avait pas encore trouvé de solutions, à savoir le jugement des responsables des massacres du Gujarat en février 2002 et le conflit opposant hindous et musulmans au sujet du terrain de la mosquée détruite de Ayodhya.

Manmohan Singh a notamment critiqué la lenteur de l’instruction du procès des responsables des émeutes anti-musulmanes au Gujarat il y a deux ans : “Nous sommes préoccupés, a-t-il dit, par le fonctionnement de la justice dans le Gujarat et par l’inhabituel retard des procès engagés devant les tribunaux de cette région.” Interrogé pour savoir si son gouvernement avait l’intention de réclamer la démission de l’administration du Gujarat, il a répondu : “Cela est trop sérieux pour être objet de discussion dans une conférence de presse ajoutant encore que les relations entre le pouvoir central et les Etats constituaient une question très délicate. Depuis les événements de février 2002, les organisations de défense des droits de l’homme ainsi que les représentants des minorités religieuses n’ont cessé d’accuser le ministre-président de l’Etat, Narendra Modi, d’avoir fermé les yeux sur les troubles qui avaient éclaté dans le Gujarat à cette époque. Sous le prétexte de venger les 59 victimes hindoues mortes dans l’incendie du train de la gare de Godhra (2), des militants hindouistes avaient suscité des troubles dans tout l’Etat, causant la mort de 2 000 personnes, en grande majorité de religion musulmane. A l’issue d’un procès, dit de la boulangerie “Best Backery engagé par le tribunal de l’Etat contre certains responsables de représailles anti-musulmanes, les juges de la Cour suprême avaient, le 12 avril 2004, invalidé le jugement du tribunal d’Etat (3) pour collusion entre les accusés et l’accusation.

Le Premier ministre désigné n’a pas craint de donner son avis sur le très brûlant conflit d’Ayodhya, conflit qui traîne en longueur depuis la destruction de la mosquée Babri en 1992, parce que, selon ses destructeurs, elle avait été construite au XVIe siècle sur les ruines d’un temple consacré à la divinité hindoue Ram. Après avoir entraîné des troubles sanglants qui ont fait 2 000 morts à travers le pays, l’affaire attend aujourd’hui entre les mains des juges. Après avoir affirmé qu’il s’agissait là d’une affaire qui devait être tranchée par les tribunaux selon la législation concernant les questions foncières, le Premier ministre a déclaré qu’après des négociations sérieuses entre les deux parties et une décision des tribunaux, alors sans doute on aboutirait à une solution (4).

Le lendemain de la conférence de presse, Ashok Singhai, le président du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP) s’est exprimé sur les intentions du futur Premier ministre en ce qui concerne Ayodhya. Il a d’abord affirmé qu’il tenait le nouveau chef de gouvernement “pour une noble personnalité et que c’était une chance pour le pays” (5) puis il a ajouté qu’il attendait davantage de lui sur cette question.

Lors de sa conférence de presse, le futur chef du gouvernement fédéral de l’Inde a affirmé également vouloir établir les relations les plus amicales possibles avec les pays voisins et, en particulier, avec le Pakistan. Il est essentiel, a-t-il dit, de trouver les moyens et la façon de faire disparaître toutes les causes de friction avec ce pays. Généralement, on attribue à Manmohan Singh la volonté de poursuivre la croissance économique dont il a été à l’origine grâce aux réformes apportées par lui en 1991 qui avaient permis à l’Inde de sortir du protectionnisme rigide dans lequel elle était enfermée. La semaine dernière, il avait dit que le but du Congrès était d’accélérer la croissance et de lutter contre la pauvreté. Selon la Banque centrale indienne, le taux de croissance du pays oscillera, cette année, entre 6,5 % et 7 %.