Eglises d'Asie

Après plusieurs dizaines d’années de préparation, trois grandes Eglises chrétiennes s’unissent dans une même communion

Publié le 18/03/2010




Après trois décennies de discussion, trois des plus grandes Eglises chrétiennes en Inde ont finalement établi entre elles des liens de communion étroite. La nouvelle “Communion des Eglises en Inde” vient, en effet, de tenir la première réunion de son comité exécutif le 27 mai dernier, à l’issue de laquelle a été publié un “programme d’action pour le futur”. La nouvelle communion rassemble l’Eglise du Nord de l’Inde (CNI), l’Eglise du Sud de l’Inde (CSI) ainsi que l’Eglise Mar Thoma. Les trois Eglises réunies aujourd’hui sont, en fait, d’origine assez diverses. L’Eglise Mar Thoma est une Eglise syrienne se réclamant directement de l’évangélisation de Saint Thomas, déjà en communion avec l’Eglise anglicane. L’Eglise du Sud de l’Inde s’était formée en 1947 à partir de l’union de quelques Eglises protestantes. L’Eglise du Nord de l’Inde qui date de 1970 est issue d’un regroupement similaire.

Au cours d’une conférence de presse, les membres du nouveau bureau, composé des responsables principaux des trois Eglises-membres, se sont dit prêts à accueillir toutes les Eglises qui voudraient se joindre à celles qui ont déjà fusionné. Au total, la Communion des Eglises en Inde regroupe 5,5 millions de chrétiens sur un total de 24 millions qui vivent aujourd’hui dans le pays. Parmi eux, il y a environ 16 millions de catholiques. La communauté chrétienne ne constitue qu’une petite minorité au sein d’une population de un milliard d’habitants dont 83 % adhèrent à l’hindouisme.

Le programme d’action affirme que cette nouvelle communion vise à offrir un organe commun aux différentes Eglises et aider celles-ci à traiter des problèmes qui les concernent et quelquefois les menacent. “Cette communion, est-il dit, constituera un front commun qui aidera les chrétiens à faire face aux défis qui leur sont lancés et à traiter des problèmes de justice et de paix.” En outre, il est prévu que chaque Eglise membre de la communion accepte les lectionnaires, la liturgie, le rituel, les croyances et les pratiques des deux autres. Selon le secrétaire général de la CNI, le révérend Eno Das Pradhan, le nouvel organisme aidera les Eglises à adopter une vision commune tout aussi bien dans le domaine des activités que dans celui des objectifs.

Cependant, selon Mgr James Terom, représentant du CNI dans le Comité exécutif de la nouvelle communion, l’union des trois Eglises n’entraînera pas de changement majeur au sein de chacune d’elles. Seul un programme commun minimal sera exigé d’elles afin que l’unité soit visible à travers leur ministère. La nouvelle communion se chargera particulièrement des démarches auprès des autorités locales et fédérales pour tout ce qui concerne la sécurité des chrétiens, les projets de développement social et l’éducation des pauvres. Les responsables des Eglises ont rappelé que les trois Eglises ont déjà travaillé ensemble à des projets sociaux, au cours des cinq années passées, comme, par exemple, la construction de maisons pour les victimes d’inondations dans l’Etat de l’Orissa ou encore les victimes du tremblement de terre au Gujarat.

Les premiers dialogues en vue d’une éventuelle communion entre les trois Eglises ont débuté dans les années 1970. A cette époque, ils se limitaient encore à un échange de discours théologiques. Plus tard un Conseil associé fut créé et, à partir de 1978, les Eglises s’orientèrent véritablement vers une association. C’est le 10 mars à Kochi que fut déclarée la communion et que fut fixée au 27 mai la date de la première réunion du bureau exécutif qui devrait se réunir au moins deux fois tous les ans.

Le programme d’action publié à l’issue de la réunion du 27 mai lance encore un certain nombre d’appels et énumère un certain nombre d’objectifs. La nouvelle communion appelle le gouvernement à édifier un système social laïque et démocratique, à exalter l’harmonie interreligieuse. La communion nouvellement créée assure également son soutien aux femmes et aux enfants. Elle assure de sa collaboration tous les groupements travaillant à l’éradication de la pauvreté, de la corruption, du trafic d’êtres vivants, de l’épidémie du sida.