Eglises d'Asie

Après une longue interruption, la célébration des funérailles religieuses à l’église a repris dans les églises du diocèse de Phat Diêm

Publié le 18/03/2010




Voilà à peine trois ans qu’une coutume pourtant généralisée dans le monde catholique est, peu à peu, en train de renaître dans les communautés catholiques du diocèse de Phat Diêm, à savoir les funérailles religieuses célébrées à l’église. Selon une enquête faite par l’agence Ucanews, ce n’est que récemment que l’administration locale en a permis la pratique. Une longue lutte a dû être menée par les responsables religieux pour obtenir cette autorisation du gouvernement, mais aussi pour persuader les paroissiens du caractère hygiénique des funérailles célébrées avec messe à l’église. Aujourd’hui, 64 sur 65 paroisses du diocèse célèbrent les funérailles de leurs défunts à l’église. Deux curés de paroisse interrogés par Ucanews ont déclaré ne plus demander d’autorisation particulière à l’administration pour ces cérémonies.

Le P. Paul Trân Luu Huynh, âgé de 58 ans, est curé de la paroisse d’An Ngai et de ses sept dessertes dans la province de Ninh Binh. Le prêtre n’a à sa disposition qu’une seule église reconstruite en 1989. La population catholique est de l’ordre de 4 500 fidèles dont la grande majorité appartient à l’ethnie muong. Le P. Huynh se souvient encore que les autorités locales ont arrêté son prédécesseur alors qu’il présidait une cérémonie de funérailles à l’Eglise sous le prétexte que le cadavre était susceptible de contaminer les vivants, une argumentation qui, dans une certaine mesure, avait effrayé les fidèles. A l’arrivée du prêtre dans la paroisse en 1999, les autorités ne permettaient pas que les obsèques aient lieu à l’église. Elles interdisaient aux fidèles de conduire les restes de leurs parents à l’intérieur du sanctuaire avant d’aller au cimetière. Le P. Huynh a longtemps expliqué aux responsables civils locaux qu’il s’agissait là d’une importante tradition catholique et que rien dans les directives de la politique religieuse du gouvernement n’interdisait la célébration des funérailles religieuses. Le prêtre a fait valoir au gouvernement que les dépouilles du défunt ne demeuraient, au plus, que quarante minutes dans l’église, alors qu’elles étaient gardées dans la maison au moins quatre jours, sans infecter personne. Par ailleurs, il a instruit ses paroissiens de la valeur spirituelle de cette dernière assemblée autour du mort, une célébration qui ne portait pas tort à l’ordre public et ne nuisait à personne. Ceux-ci, après avoir longtemps conduit leurs défunts directement au cimetière, reconnaissent aujourd’hui que les prières de l’assemblée paroissiale réunie pour les funérailles leur sont d’une grande consolation et qu’elles renforcent leur foi dans l’au-delà.

Toujours dans le diocèse de Phat Diêm, mais dans la province de Hoa Binh, la paroisse de Khoan Du a connu une évolution analogue à celle de la précédente. Cette paroisse plus que centenaire compte environ 4 100 fidèles dont la moitié appartient à l’ethnie muong. Le P. Paul Dinh Van Hanh y a été nommé curé en 2000 après que la communauté catholique fut restée sans prêtre pendant quarante-six ans. En novembre 2003, il construisait une nouvelle église. Depuis lors, il a réussi à obtenir la permission pour que reprennent la plupart des activités religieuses y compris les funérailles. Plus de dix défunts ont eu droit à des obsèques religieuses dans la nouvelle église. Le prêtre reconnaît avoir eu de la peine à convaincre ses paroissiens de conduire leurs défunts à l’église.

Interrogé à ce sujet, l’évêque de Phat Diêm, Mgr Joseph Nguyên Van Yên, a déclaré qu’il demandait à ses prêtres de célébrer les messes, même de funérailles, dans les églises, afin de convaincre les autorités que la construction d’églises constitue une nécessité et aussi pour restaurer des pratiques religieuses négligées au cours des années passées. De nombreuses communautés catholiques isolées, comme par exemple, les sept dessertes de la paroisse d’An Ngai cherchent à faire construire leur propre église où les fidèles puissent se réunir pour les obsèques et autres occasions de la vie chrétienne.