Eglises d'Asie

Le gouvernement cambodgien assouplit sa position à l’égard des Montagnards demandeurs d’asile et permet l’ouverture de deux bureaux du HCR dans les provinces frontalières

Publié le 18/03/2010




Depuis les manifestations du week-end pascal, les 10 et 11 avril 2004, sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam jusqu’aux environs du 10 mai dernier, les autorités cambodgiennes avaient maintenu une position très ferme au sujet des Montagnards vietnamiens fuyant la répression et essayant de trouver refuge au Cambodge. Ils étaient considérés comme des immigrants illégaux et de nombreux rapports ont laissé entendre que beaucoup avaient été ramenés manu militari vers le Vietnam, une position fortement critiquée par le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) auprès des Nations Unies. Cette position vient de changer depuis quelques jours. Le ministre cambodgien des Affaires étrangères avait déjà annoncé aux journalistes, le 11 juin dernier, son intention d’assouplir sa position à ce sujet. Il était prêt, disait-il, à prendre en compte les “vrais réfugiés” et à permettre au HCR de s’en occuper. Le ministre annonçait la signature d’un accord entre le HCR et le gouvernement cambodgien destiné à promouvoir la transparence dans le traitement de cette question. Le 14 juin, de nouvelles déclarations ont précisé la position cambodgienne.

Le secrétaire général du ministère de l’Intérieur a confirmé que le gouvernement allait ouvrir de nouveaux bureaux dans les deux provinces frontalières de Ratanakiri et de Mondolkiri, toutes deux concernées par l’exode des Montagnards. Il a cependant ajouté que cette plus grande facilité accordée aux demandeurs d’asile ne signifiait pas que le Cambodge allait ouvrir sans restriction ses portes aux immigrés. Ce changement de politique, a expliqué le porte-parole du ministère de l’Intérieur, a été effectué à l’issue de rencontres entre le ministère de l’Intérieur et différents diplomates américains et canadiens, au cours desquelles on avait débattu des mesures de sécurité renforcée appliquées par la police cambodgienne en cette région frontalière.

Le 14 juin, il y avait à Phnom Penh, dans les locaux du Haut Commissariat aux réfugiés, quelque 94 demandeurs d’asile montagnards venus des Hauts Plateaux. Pour un tiers d’entre eux, ils étaient arrivés après les manifestations des 10 et 11 avril dernier, fuyant la répression vietnamienne. Cependant, grâce à ses antennes dans les provinces cambodgiennes, le HCR pourra désormais s’occuper des exilés montagnards se cachant encore dans les forêts frontalières. Le 8 juin dernier, le quotidien Cambodia Daily avait consacré un long reportage à cet exode et avait rapporté les estimations de la population de Ratanakiri, évaluant à 160 le nombre de Montagnards subsistant dans des camps de fortune près de la frontière. Le journal avait également recueilli les confidences des demandeurs d’asile dont certains ont affirmé : “Nous ne pouvons pas rentrer parce que nous avons peur que le gouvernement nous tue ou nous jette en prison… Nous voulons que le HCR nous aide. Si nous restons dans la jungle, nous n’avons pas de médicaments !” Ces déclarations avaient été mal accueillies par le gouvernement vietnamien dont le porte-parole, Lê Dung, a déclaré le 10 juin, que la vie de la population des Hauts Plateaux était normale.

On fait remarquer que, lors de l’exode montagnard précédent qui, en 2001, avait fait suite à un soulèvement du même type sur les Hauts Plateaux du Centre-Vietnam, deux camps de réfugiés existaient déjà dans les provinces de Ratanakiri et de Mondolkiri. Les 905 Montagnards qui y étaient pensionnaires avaient été transportés le 15 avril 2002 par petits groupes à Phnom Penh en vue d’organiser leur départ vers un futur pays d’accueil. On apprenait, par la suite, que, le jour du départ du dernier convoi de réfugiés montagnards hors du camp d’hébergement de Mondolkiri, la police cambodgienne pénétrait dans les lieux, pillait ce qui restait et brûlait le reste, y compris le bureau du Haut Commissariat dont les objets de valeur avaient été préalablement enlevés (1).