Eglises d'Asie – Indonésie
Le gouvernement expulse une Américaine, réputée pour la rigueur de ses analyses et sa connaissance des milieux musulmans radicaux
Publié le 18/03/2010
Amnesty International a déclaré que la décision des autorités indonésiennes était “un coup sérieux porté à la liberté d’expression en Indonésie et au droit du public à accéder à l’information”. Amnesty International a souligné que le chef des services secrets indonésien avait qualifié ICG et dix-neuf autres ONG de “menaces pour la sécurité nationale” afin de “créer un climat de peur au sein des ONG, qu’elles soient indonésiennes ou internationales”. Pour Sam Zarifi, directeur adjoint du bureau ‘Asie’ de Human Rights Watch, “s’en prendre à des observateurs indépendants n’a rien à voir avec la protection de la sécurité nationale mais vise à protéger des responsables dont les actions sont embarrassantes lorsqu’elles sont mises à jour par des experts bien informés”. Aux Etats-Unis, le porte-parole du Département d’Etat a déclaré que les Etats-Unis ne partageaient pas forcément les vues exprimées par Sidney Jones et sa collègue dans leurs rapports mais tenaient leur travail pour “très précieux”. Les Etats-Unis, a poursuivi le porte-parole, regrette ces expulsions à un moment où l’Indonésie faisait de grand progrès vers une société plus démocratique.
En Indonésie, plusieurs candidats à la présidentielle ont regretté la décision du gouvernement. Amien Rais a déclaré que l’expulsion “aura un impact négatif car Sidney Jones a une réputation internationale”. Susilo Bambang Yudhoyono, ancien général et un des favoris dans la course à la présidence, a demandé au gouvernement d’expliciter ses motifs. “S’il ne le fait pas, cela deviendra un problème pour la démocratie a-t-il dit. Seule voix discordante, le Conseil des moudjahiddines d’Indonésie, dirigé par Abu Bakar Bashir, actuellement emprisonné car suspecté d’être un ancien responsable du réseau terroriste régional Jemaah Islamiyah (2), s’est félicité de l’expulsion. “Nous pressons le gouvernement d’interdire [à Sidney Jones] de jamais revenir en Indonésie. Nous voulons qu’elle présente des excuses au professeur (ustaz) Bachir pour les rapports où elle l’a diffamé a déclaré un porte-parole du Conseil.