La Corée, c’est aussi un bouquet de cultures et de religions : bouddhisme, confucianisme, puis catholicisme et protestantismes et sectes sur un fond « mouiste » (forme coréenne du shamanisme). Pourrait-on parler de melting-pot ? Ou bien au contraire de juxtapositions et/ou de superpositions (même à l’intérieur d’une même personne) ?
Nous allons plus particulièrement aborder dans ce dossier le cas de l’Eglise catholique en Corée du Sud, son histoire, sa situation actuelle, son influence, mais nous voudrions mettre en garde le lecteur : on peut tout dire de la Corée, et de l’Eglise catholique en Corée du Sud, et ce dossier n’a aucune prétention à être exhaustif et tout à fait exact.
1.) Histoire
a.) Les débuts
Chacun sait que les débuts de l’Eglise catholique en Corée sont souvent considérés comme un apax historique : portés par les grands mouvements européens de découverte de l’Asie, les missionnaires étaient entrés un peu partout, sauf en Corée. Les Coréens sont entrés en contact avec le christianisme par leurs voyages à Pékin lors des ambassades annuelles, pour confesser leur fidélité de vassaux à l’Empire du Milieu et recevoir leur calendrier. C’était aussi l’occasion de visiter un peu la capitale et de voir ce qui s’y passait. Les jésuites en particulier y avaient pignon sur rue, notamment par le biais des sciences occidentales et du christianisme qu’ils avaient habillé d’un langage culturel local. C’est là qu’au XVIIIe siècle les Coréens de passage, rencontrant les missionnaires, obtinrent des livres qui, ramenés en Corée, amenèrent dans la noblesse un bouillonnement intellectuel considérable en concurrence avec le néo-confucianisme, alors pratiquement doctrine d’Etat. Il semble qu’au cours des années, un certain nombre de nobles choisirent le christianisme comme foi et règle de vie et que d’aucuns allèrent même recevoir le baptême à Pékin. Mais il s’agissait d’individus qui se démarquaient de la société en décomposition sans pour autant faire Eglise. Habituellement, 1784 est la date retenue comme date de fondation de l’Eglise en Corée, car c’est à ce moment là que, sans l’intervention directe de missionnaires étrangers, un groupe de jeunes nobles, à partir du baptême de l’un des leurs à Pékin, fonde une « communauté d’Eglise avec les limites qu’on imagine puisqu’ils n’avaient pas de sacrements hors le baptême, et point de prêtre parmi eux. Ils essaieront bien de résoudre ce problème en se donnant des ministères, mais on conçoit qu’ils ne pouvaient aller bien loin dans ce sens et ils demandèrent instamment à l’évêque de Pékin, puis à Rome de leur envoyer des cadres institués.
Mais il faut surtout noter les caractéristiques de la foi de ces chrétiens, caractéristiques qui vont marquer l’histoire de l’Eglise en Corée durant de longues années et jusqu’à maintenant :
– Découverte progressive de Dieu au-delà du ciel impersonnel du confucianisme, un Dieu actif dans l’histoire des hommes et donnant sens à la vie de chaque être humain. On peut simplifier en parlant de la paternité de Dieu.
– Découverte d’un nouveau type de relations humaines qui met en question fondamentalement le tissu social de l’époque et conteste du même coup le pouvoir politique et la structure sociale. En effet, les gens au pouvoir confinaient le peuple dans un état de servitude justifié par le néo-confucianisme sacralisant le pouvoir. Les nouveaux chrétiens instaurent une fraternité qui libère progressivement le peuple dans son ensemble et les femmes en particulier.
– Dans ces conditions, la persécution ne pouvait tarder : on dit souvent que les chrétiens ont été persécutés à cause de leur « impiété en particulier à l’égard des défunts (interdiction des sacrifices aux ancêtres à cette époque). Mais les vraies raisons de la persécution sont ailleurs : en premier lieu, c’est l’aspect subversif de ces gens qui ont des contacts avec le monde extérieur dont le pouvoir a peur (le premier prêtre coréen Kim Taegon sera mis à mort pour avoir eu des contacts avec les Chinois et d’autres étrangers). Puis surtout, c’est l’aspect révolutionnaire du christianisme, qui amenait ces jeunes nobles à manger à la même table que leurs serviteurs, à enseigner l’écriture et la lecture aux femmes… Il n’était pas rare d’entendre le juge demander à une chrétienne : « Est-ce que tu sais lire ? » plutôt que « Crois-tu en cette religion étrangère ? » Savoir lire donnait à la femme un pouvoir inadmissible dans une société néo-confucianiste dont le pilier le plus solide était précisément la sacralisation du pouvoir de ceux qui le détenaient.
Mais si c’est l’aspect révolutionnaire du christianisme qu’on jugeait à la capitale, il n’en était souvent pas de même dans les provinces. Du fait que le christianisme était banni, les chrétiens se trouvaient dans l’impossibilité absolue de se défendre et devenaient la proie facile et toute indiquée des administrateurs locaux. Il semble bien établi que de nombreux chrétiens ont été supprimés simplement pour que leurs biens passent aux mains des mandarins et de leurs exécutants. Spolier et supprimer un chrétien ou un village chrétien n’était en aucune manière faute légale. La vénalité des charges étant ouvertement la règle générale, les mandarins se devaient d’entretenir leurs relations avec leurs supérieurs à grands frais.
Les deux premières causes de persécution (impiété et caractère subversif) demeureront légales jusqu’en 1886, date de la signature du traité franco-coréen, mais la dernière perdurera pratiquement bien au-delà dans les provinces. Il est impossible de donner un nombre même approximatif des martyrs coréens : plus de 10 000 tués, mais combien de spoliés ou d’exilés ?
b.) 1890-1950
On aurait pu s’attendre à un peu de paix. Mais les soixante années qui vont suivre (1890-1950), même sans persécution directe, seront très difficiles. On ne s’étendra pas sur le temps de la colonisation japonaise. L’Eglise catholique s’y développe plus librement dans un certain sens, mais elle se trouve aussi très sévèrement prise, avec le peuple tout entier, dans l’étau japonais qui sur tous les fronts lamine la société coréenne : la Corée devient exsangue économiquement, elle perd culturellement son histoire et jusqu’à sa langue, elle doit participer à l’effort de guerre japonais au point de perdre non seulement son riz mais même les bols qui sont fondus pour la fabrication des armes. Tout mouvement d’opposition est cruellement réprimé et, dans ce tourbillon, l’Eglise catholique est surveillée de très près. Etant donné les persécutions dont avait souffert l’Eglise, les responsables catholiques avaient pris pour ligne de conduite de ne pas courir de risques amenant une répression de la part des Japonais. La résistance catholique au colonisateur fut sans doute moins visible que celle des protestants qui s’engagèrent plus franchement dans les mouvements de révolte contre le colonisateur.
c.) 1950-2000
C’est finalement après la guerre de Corée (1950-1953) que l’Eglise catholique – et les autres Eglises chrétiennes -, a connu un développement considérable en Corée du Sud, alors qu’elle disparaissait pratiquement complètement, ou du moins visiblement, en Corée du Nord (1). Les statistiques donnent :
Année
1959
1969
1979
1989
1999
2000
2001
2002
Catholiques
(en milliers)
417
779
1 246
2 613
3 946
4 071
4 228
4 347
Paroisses
1 190
1 228
1 258
1 313
Prêtres
437
835
1 133
1 604
2 397
2 525
2 638
2 790
Séminaristes
244
543
461
1 483
1 542
1 595
1 606
1 436
Religieux
841
2 290
3 392
5 947
1 170
1 155
1 231
1 310
Religieuses
8 551
8 289
8 455
9 230
Soc. relig. masc.
42
43
41
44
Soc. relig. fém.
92
93
95
100
Séminaires
1
2
2
4
7
7
7
7
Enfants catéchisés
(en milliers)
288
277
270
260
Les religieux et religieuses en poste à l’étranger ont été décomptés.
Faut-il essayer d’expliquer un développement aussi spectaculaire ? C’est bien difficile. Sans doute le christianisme a-t-il rencontré un terrain favorable pour s’épanouir. Le rôle de l’Amérique dans la guerre de Corée et l’après-guerre posait l’Occident comme sauveur puissant, compatissant, lumière attirante par sa science et son développement. Dans l’état où le Japon les avait laissés en 1945, et où la guerre de 1950-53 les avait réduits, les Coréens ne pouvaient qu’être subjugués par l’Amérique. Du point de vue culturel et religieux, le confucianisme et le bouddhisme, très affaiblis, n’avaient plus grand attrait pour les populations qui avaient besoin d’une autre vision du monde et de l’homme, mais aussi de choses plus concrètes comme le riz, les vêtements, les soins médicaux, l’éducation. Les Eglises ont alors joué un rôle extrêmement important dans l’assistance aux pauvres, aux orphelins, aux malades, et elles ont attiré les foules.
Avec le changement de société qui s’annonçait (industrialisation et urbanisation galopantes), les gens avaient besoin de retrouver des sécurités que le village et la grande famille ne leur offraient plus : les catéchumènes interrogés sur les motivations de leur recours aux Eglises répondaient sans cesse : « Je cherche la paix intérieure. »
Par la suite, au temps de la dictature militaire, l’engagement du cardinal Kim, de certains prêtres et de religieuses au service de la démocratie et des droits de l’homme, attirera aussi un grand nombre de gens à se tourner vers l’Eglise catholique dans laquelle ils reconnaissaient un combat pour l’homme et la démocratie.
Un développement aussi rapide pose évidemment beaucoup de questions. Il faut certainement le confronter aux circonstances historiques et culturelles particulières de la Corée entre 1950 et 2000.
2.) Quelques visages de l’Eglise catholique aujourd’hui
La centaine de missionnaires étrangers actuellement présents n’est plus un poids pour une Eglise qui compte 3 000 prêtres pour quinze diocèses (vicariat aux armées compris). L’Eglise en Corée a donc toutes les structures nécessaires pour gérer la mission et même prendre part au travail missionnaire à l’extérieur. Tous les évêques sont maintenant choisis parmi les prêtres du pays. C’est dans les années 1960 que l’organisation actuelle en quatorze diocèses s’est mise en place, sauf pour le diocèse de l’île de Cheju qui a dû attendre 1977 pour devenir diocèse à part entière. Mais on est déjà en train de passer à une génération suivante, puisque, entre 1999 et 2003, douze nouveaux évêques ont été nommés, dont huit sont âgés d’une cinquantaine d’années. Il semble bien qu’il y ait là une volonté de renouvellement non seulement de l’assemblée des évêques, mais de l’atmosphère générale dans laquelle vit l’Eglise.
Nous voudrions maintenant noter quelques points plus saillants dans le paysage catholique.
a.) Une Eglise très structurée
Ce qui constitue une grande force de l’Eglise en Corée, c’est l’organisation très structurée de la chrétienté.
Il est sans doute difficile pour un Européen de comprendre les structures de certaines Eglises en Asie, en Corée particulièrement. Cette Eglise s’est structurée dès le départ sur la base d’un groupe de laïcs, et par la suite les missionnaires ont amplifié cette tendance propre à certaines sociétés d’Asie, dans lesquelles ce ne sont pas les qualités personnelles qui sont d’abord considérées, mais la cohésion du groupe. L’harmonie dans une association ou une société est plus importante que les réussites personnelles. Comme c’est le cas dans la société civile pour les anciens élèves d’une même école par exemple, la solidarité joue à plein dans les diverses associations de laïcs à l’intérieur de l’Eglise. Une paroisse est ainsi constituée de nombreuses associations qui maintiennent la cohésion entre les membres et leur donnent une mission. La plus petite paroisse de campagne ou même une station secondaire qui n’a la visite du prêtre que trois ou quatre fois par an est ainsi structurée : il y a le chef de communauté, chargé de l’ensemble des chrétiens. Il est assisté d’un conseil groupant les responsables de la pastorale, de la liturgie, de la mission, de la catéchèse, de la jeunesse, des femmes, des finances, etc. Ensuite, il y a les associations : groupes de Légion de Marie, association des catéchistes, association des femmes mariées, association des dames de plus de 65 ans, association des jeunes hommes, association des étudiants du secondaire, etc. Un chrétien, femme ou homme, qui n’appartient à aucune association de dévotion, d’étude biblique, de mission ou de bienfaisance, a peu de chance de vivre dans l’Eglise une vie de foi active et risque d’abandonner très vite la seule chose qui l’entretient : la pratique dominicale. Il est très important qu’un nouveau baptisé entre rapidement dans une association pour pouvoir vivre de cette solidarité dans la foi et l’action. On peut dire sans exagérer que cette vie associative est un des piliers de la vie de l’Eglise en Corée et sans doute le canal par lequel l’Eglise a pu se développer comme on sait.
Aujourd’hui, on peut s’inquiéter de l’affaiblissement de cette vie associative : on sait que les bouleversements sociaux des trente dernières années ont brisé les structures traditionnelles. La famille elle-même est dans une situation tragique : outre le fait que la grande famille a quasiment disparu, 48 % des couples divorcent avant de fêter leur cinquième anniversaire de mariage. Toute l’éducation scolaire est fondée sur la concurrence dès le jardin d’enfant. L’individualisme gagne du terrain ; et c’est un des thèmes de la pastorale actuelle de sauver la vie associative et la famille. Redonner un contenu de vie à la communauté est devenu une tâche majeure.
b.) Une Eglise très occupée par la mise en place des infrastructures
Suivant les divisions et subdivisions des paroisses à la suite de l’urbanisation et de la croissance du nombre des fidèles, l’Eglise en Corée est amenée à créer et équiper trente à cinquante paroisses nouvelles par an (2). L’investissement est considérable ! Successivement, en l’espace d’une quinzaine d’années, certains chrétiens sont amenés à cotiser lourdement pour la construction de deux ou trois églises, selon les divisions de paroisse ou les déménagements. Les catholiques sont très généreux aussi bien pour la construction d’églises que pour l’aide sociale. Mais on sent une certaine lassitude… Et il ne s’agit pas seulement de construire des ensembles paroissiaux. Il faut des évêchés, des séminaires, des maisons religieuses, etc. On peut sans doute critiquer l’approche de ces problèmes d’installation de paroisses et de constructions souvent gigantesques. Les ambiguïtés apparaissent immédiatement, bien sûr : l’argent, nerf de la guerre, mais aussi tentation terrible… Une Eglise qui table sur les classes moyennes devient facilement la proie de ses trésors… Un évêque français de passage en Corée disait dernièrement : « Nous autres, Français, nous n’en sommes pas là. Est-ce qu’il faut vraiment vivre sur ce pied-là ? »
c.) Une Eglise qui investit dans la formation de ses membres
S’il y a trente ans on pouvait se contenter, faute de mieux, d’une catéchèse très rapide des futurs baptisés, on voit bien que cela ne suffit plus. Les moyens de formation ont été multipliés : études bibliques et catéchétiques, enseignement social de l’Eglise, etc., sont mis à la disposition des catholiques à la fois par des publications très développées, mais surtout par des centres de pastorale catéchétique et missionnaire, et plus simplement par des sessions très diverses auxquelles sont conviés les responsables laïques. Les retraites spirituelles et les maisons de retraites se sont énormément développées au point qu’on se demande quelquefois qui peut bien les fréquenter pour les rendre économiquement viables. Mais il est certain que les fidèles ont bénéficié et bénéficient là d’un complément de formation technique très précieux à la vie de foi et à l’engagement chrétien.
d.) Une Eglise qui a connu une floraison de vocations
Il est très difficile de saisir une situation d’Eglise à un moment donné. On aimerait pouvoir montrer des éléments qui manifestent à la fois une situation d’explosion, d’extrême vigueur, de jeunesse et, en même temps, de fragilité et de contradictions. C’est peut-être la marque des Eglises jeunes. Analysons un peu le problème des vocations religieuses.
Les statistiques 2002 nous donnent le tableau suivant :
Année
2001
2002
Inst. relig. masc.
41 pour 1 231 membres
44 (42) pour 1 310 membres
Inst. relig. fém.
95 pour 8 455 membres
100 (96) pour 9 230 membres
Ces chiffres sont donnés par la Conférence épiscopale elle-même, mais il est possible que tout ne soit pas parfait dans la comptabilité. Les chiffres entre parenthèses pour l’année 2002 sont ceux sur lesquels nous travaillons.
Pour les hommes, on trouve quarante-deux instituts dont huit purement coréens (dont quatre fondés après 1990) et, sur ces quarante-deux, vingt-trois sont entrés en Corée ou ont été fondés sur place après 1980.
Pour les instituts féminins, on arrive à quatre-vingt-seize, ce qui est fort considérable. Sur quatre-vingt-seize, trente-sept ont été fondés ou sont entrés en Corée après 1980, vingt-sept sont purement coréens, dont quatorze fondés après 1980.
Ces chiffres permettent de prendre conscience d’un certain nombre de réalités.
D’abord, comme en beaucoup d’autres domaines en Corée, on a assisté à une véritable explosion de vocations en tous genres.
Notons que tous les sept grands séminaires ont été construits ou reconstruits dans les vingt dernières années.
Il est difficile de comprendre ce qui s’est passé. Il faudrait parler de l’attrait des Coréens pour la religion en général, il faudrait évoquer les traditions de vie monastique bouddhiste en Corée, il faudrait tenir compte de l’attrait exercé sur les femmes par un statut que la société n’était guère en mesure de promouvoir, les modèles proposés par les religieuses elles-mêmes, les propositions faites par les paroisses à toutes les jeunes filles, le nombre d’enfants dans les familles, le désir de servir la société, etc. Tout mis en un, le bouillon de culture a produit d’énormes communautés dans certains cas, avec la nécessité de constructions à la mesure d’un développement que l’on croyait sans fin.
Faut-il dire que certaines congrégations occidentales ont trouvé là plus qu’un lieu d’engagement missionnaire, la possibilité de renouveler leur personnel vieillissant tout en faisant des promesses de voyage aux Amériques ?
Que dire aussi de toutes les congrégations fondées sur place ? On comprend que certaines revendiquent une ‘coréanité’ que les Occidentaux ne leur apportaient pas dans leurs bagages. Il semble que beaucoup de ces nouvelles congrégations n’aient pas de charisme bien défini, ce qui les empêche de trouver une place à la fois utile et rayonnante de l’Evangile dans la société actuelle. Elles sont souvent sous-employées dans la vie pastorale paroissiale, mais leur prestation permet de tirer de la paroisse une part de l’argent nécessaire à la gestion des maisons-mères.
Sans doute faut-il laisser le temps de régler certains problèmes, mais on ne peut s’empêcher d’être inquiet quand on entend actuellement les supérieures et supérieurs se demander s’il y aura des vocations dans les années qui viennent… C’est qu’en effet on n’en est plus à la situation de 1980 : entre temps, le nombre de femmes jeunes a beaucoup diminué par suite de la diminution du nombre des naissances. Les garçons auront des difficultés à trouver suffisamment de Coréennes à marier, les jeunes femmes d’aujourd’hui ont une meilleure éducation, un bien meilleur statut social, et des possibilités d’insertion professionnelle beaucoup plus larges ; la vie religieuse n’a donc plus le même charme…
Un autre point important à signaler, c’est celui d’une absence remarquable de congrégations contemplatives tentant l’aventure spirituelle en compagnonnage avec les moines ou moniales bouddhistes. Beaucoup sont attirés par les modes de vie et de méditation du bouddhisme, certaines méthodes de prière s’en inspirent, mais il aurait été souhaitable d’aller plus loin.
On pourrait écrire des pages à la louange des engagements des religieux et des religieuses au service des handicapés, des enfants des rues ou des orphelins, mais aussi des personnes âgées. On parlera plus loin du service des pauvres à travers les ouvres sociales : il faut reconnaître que beaucoup ne fonctionneraient pas sans cette présence considérable des religieux et religieuses. Toutefois, pour beaucoup, c’est souvent aux postes de direction et d’administration qu’ils servent.
On pourrait aussi continuer à poser des questions sur cette situation et se poser des questions pour l’avenir, le nombre des congrégations, les possibilités de gestion, les engagements et les désengagements possibles (certaines congrégations se dégagent des paroisses actuellement).
e.) Une Eglise qui sert les pauvres
L’annuaire des ouvres sociales fourni par la Conférence épiscopale pour l’année 2002 compte 750 pages bien remplies. Après quelques pages d’analyse de la situation, on y donne la liste de tous les petits ou grands établissements de service social. En voici le décompte de 1976 à 2002.
Année
1976
1986
1989
1996
1999
2002
Nombre
d’établissements
56
257
394
438
524
620
Augmentation annuelle moyenne
–
20
48
6,3
28,7
32
sources
Univ.
Sogang
Episcopat
Episcopat
Episcopat
Episcopat
Episcopat
Ces chiffres montrent combien l’Eglise en Corée est très fortement engagée dans les activités sociales du pays et combien elle continue à élargir son action d’année en année. Les autorités gouvernementales tiennent grand compte de ce service rendu par l’Eglise, au point qu’elles confient la gestion d’établissements d’Etat aux religieux et contribuent fortement au financement de nombreuses ouvres sociales. En ce sens, elles s’appuient sur le fait que les nombreux religieux et religieuses catholiques constituent un personnel très appréciable : on peut se rendre compte que l’apparition de nombreux équipements catholiques de service social correspond à l’époque des années 1980 et 1990, au cours desquelles les congrégations religieuses ont eu le plus de vocations et où l’Eglise a pu se mobiliser financièrement pour les plus délaissés. Sur ce plan, les protestants disposent probablement de plus grandes disponibilités financières (il est impossible de trouver des données complètes et fiables) mais ils n’ont évidemment pas le personnel dont dispose l’Eglise catholique. Quant aux bouddhistes, il est encore plus difficile d’en parler, bien qu’on constate un effort important de leur part depuis un certain temps. D’ailleurs, les statistiques gouvernementales laissent entrevoir cette réalité : plus de 15 % des ouvres sociales sont aux mains des catholiques.
Parmi ces ouvres catholiques, on trouvait traditionnellement le service des lépreux et des tuberculeux : en ce domaine, les catholiques assurent encore plus de 50 % de toutes les prestations. Mais bien sûr, la lèpre diminue beaucoup. On s’occupe surtout maintenant des anciens lépreux que la maladie a dégradés physiquement et déchus socialement. Et si la tuberculose semble reprendre de temps en temps de la vigueur, on peut maintenant l’enrayer beaucoup plus facilement. Ainsi, le nombre des institutions catholiques au service de ces catégories a tendance à baisser pour laisser la place à de nouveaux engagements. Voici un tableau indiquant la situation actuelle avec les tendances dans les dernières années :
Domaines d’activité
Nb. d’établissements
1999
2002
+/ –
Enfants – adolescents
143
158
+ 15
Personnes âgées
85
117
+ 32
Femmes
25
29
+ 4
Handicapés
111
165
+ 54
« Vagabonds »
43
39
– 4
Tuberculeux
5
4
– 1
Lépreux
24
16
– 8
Centres sociaux assurant des services pluriels et d’aide à réinsertion
32
59
+ 27
Divers
49
35
+ 14
Total
524
620
+ 96
Remarque : les chiffres et additions sont un peu inexacts, mais ils sont donnés ainsi dans l’annuaire de la Conférence épiscopale.
On voit immédiatement que l’organisation est en train de se transformer pour répondre à de nouveaux besoins de société, mais aussi de se restructurer pour apporter des réponses diverses par des centres sociaux à vocation plurielle. C’est ainsi que si les organismes au service des « vagabonds » ont diminué en nombre (- 4), cela ne signifie pas que l’intérêt qu’on leur porte ait faibli. Ce sont les grands centres sociaux qui ont pris la relève pour leur procurer davantage qu’une soupe populaire. On n’en est plus seulement à se spécialiser chacun dans un domaine d’activité, mais on analyse les situations nouvelles et on essaie de les traiter d’une manière plus large, prenant en compte les conditions familiales, les possibilités d’insertion sociale, etc.
On notera en particulier la progression dans trois domaines :
L’enfance tout d’abord : ce ne sont plus tant les orphelins, comme il y a trente ou quarante ans qui mobilisent les énergies ; ce sont plus souvent ceux que les désunions, l’alcool, la pauvreté, le travail des femmes, etc., laissent sur la touche. On sait que le taux de divorce en Corée est actuellement le plus élevé du monde (47 % de divorces parmi les couples qui ont moins de cinq ans de mariage). Procurer à ces enfants de la rue un coin plus chaud pour étudier, mais surtout un minimum de chaleur humaine devient une tâche urgente.
Les personnes âgées sont aussi les laissés-pour-compte de cette société. Bien que des efforts soient faits, il semble de plus en plus évident que de nombreuses personnes devront finir leur vie dans des institutions spécialisées.
Enfin les handicapés retiennent depuis une quinzaine d’années l’attention de l’Eglise et il s’agit non seulement de créer des établissements qui prennent en charge ceux que les familles ne peuvent pas garder avec elles, mais aussi de promouvoir leurs droits quant à l’éducation, l’emploi, etc., et leur donner à eux aussi, comme aux personnes âgées et aux enfants, la chaleur d’une présence. Dans tous ces domaines, l’Eglise catholique, et plus précisément des congrégations religieuses et un nombre incalculable de bénévoles, jouent un rôle très important.
Il faut ajouter à cela la participation à l’aide internationale, chapitre sur lequel l’Eglise en Corée a beaucoup progressé. Si elle a beaucoup reçu au temps de la détresse qui a suivi la guerre de Corée, elle a pris maintenant sa place dans le concert de la Caritas Internationalis. Il faut surtout mentionner ses efforts pour secourir les habitants de la Corée du Nord, pour lesquels, par le canal de Caritas Hongkong en particulier, elle s’efforce de faire parvenir des céréales, mais aussi des semences, en particulier de pommes de terre, des engrais, etc. Nous ne disposons pas de tous les chiffres permettant de faire sentir cette mission de l’Eglise en Corée, dont la charge est confiée à une Commission épiscopale pour la Réconciliation, qui fait partie de Caritas Coreana. On peut cependant donner un aperçu du volume de l’aide à la Corée du Nord en euros (1 euro pour 1 300 wons coréens) pour les années 1995-2002 :
Année
Caritas Coreana
Associations catholiques agissant en lien avec d’autres groupes
1995
58 500
184 600
1996
332 300
625 700
1997
–
2 816 400
1998
424 600
2 913 200
1999
308 000
1 355 900
2000
389 700
936 200
2001
494 700
1 238 000
2002
396 200
1 328 100
Total
2 404 000
11 398 100
La part de la Caritas Coreana s’élève à environ 8 % de l’aide apportée par la Caritas Internationalis à la Corée du Nord. Par ailleurs, les associations qui ne passent pas par la Caritas Coreana prennent des canaux comme la Croix-Rouge, l’Eglise catholique en Chine, la Caritas Hongkong et d’autres fondations bouddhistes ou protestantes. Le volume de cette aide, comme on le voit, est beaucoup plus considérable que celui qui passe par la Caritas.
La Commission épiscopale pour la Réconciliation ne se contente pas de cette aide. Elle organise, avec plus ou moins de succès, des rencontres avec les catholiques du Nord (3) ; elle essaie aussi de suivre sur place la distribution des vivres qu’elle envoie dans le Nord, ce qui n’est pas chose aisée et facilement contrôlable dans les conditions politiques actuelles de Pyongyang.
f.) Inculturation
Dans sa Conférence de Carême à Notre-Dame de Paris en 2001, Mgr Chang Ik, évêque de Chunchon, remarquait : « Paradoxalement, la plupart des Asiatiques voient d’abord en la personne de Jésus, né et mort en Asie, la figure d’un étranger. » C’est une constatation et une interrogation. Essayant d’expliquer en partie ce phénomène, il rapporte le succès des missionnaires dans les régions « où les peuples, les cultures, les sociétés se trouvaient tragiquement trop faibles pour faire face à l’avidité agressive des grandes puissances chrétiennes Et il poursuivait : « En Asie, les hautes formes des religions traditionnelles, possédant des écritures saintes et un message de salut qui se veut de portée universelle, ne se sont guère laissé pénétrer, ni même ébranler. D’ailleurs, si ces religions ou ces sagesses se sont répandues en Asie, c’est grâce à leur puissance de persuasion interne. » Il posait alors le problème du « comment » de la mission en Asie. On ne peut qu’être d’accord avec cette analyse et prendre comme voie de la mission le triple dialogue, préconisé par la Fédération des Conférences épiscopales d’Asie (FABC) en 1995, avec les cultures, avec les religions et avec les pauvres. On pourrait trouver là sans doute tous les thèmes de l’inculturation du christianisme.
L’inculturation se réalise quand le contact avec le Christ produit des fruits d’humanisation dans une culture. On peut repérer certains de ces fruits. Pour ce qui est du dialogue avec les pauvres, il est certain, comme nous l’avons montré, que les catholiques sont profondément motivés à agir.
Pour le dialogue avec les religions, on en est encore aux balbutiements. Mais un dialogue de vie s’instaure et beaucoup de points de dialogue et d’action commencent à se faire jour surtout avec les bouddhistes pour ce qui est des questions concernant la vie, le rapport à la nature et même une certaine approche du monde spirituel.
Quant au dialogue avec la culture, les choses vont lentement. Il faut toutefois noter les efforts de nombreux théologiens en ce sens. Les protestants étaient plutôt en avance sur les catholiques, mais souvent leurs théologies étaient profondément entachées de nationalisme. Les catholiques ont surtout à leur actif trois directions de recherche.
La première reprend l’effort des premiers chrétiens coréens avant l’arrivée des missionnaires : il s’agit d’exprimer le mystère chrétien à partir des bases confucianistes qui constituaient la culture des jeunes nobles coréens aux XVIIe et XVIIIe siècles. Des thèses à la Sorbonne ou à l’Institut catholique de Paris sont accessibles en ce domaine (4).
La seconde a pris corps au temps de la dictature militaire, principalement d’abord chez les protestants, avec, en particulier, une théologie du « Minjung » (les masses populaires) ; elle prétend s’inspirer de la théologie de la libération. C’est sans doute une approche intéressante, mais elle nous semble entachée de nationalisme et manque fortement de vision universaliste et de transcendance. A trop identifier ‘vox populi’ et ‘vox Dei’, on laisse, à nos yeux, trop peu de place à la révélation. Dans le même sens, une théologie du Han a vu le jour : très présent dans la mentalité coréenne, le Han, plus qu’une notion, est un sentiment ou une atmosphère d’insatisfaction, d’incomplétude, une sorte de souffrance permanente, que certains voudraient prendre comme point de départ d’une théologie qu’on pourrait aussi relier aux théologies de la libération. Tous ces efforts ouvrent des chemins pour l’avenir, non seulement pour l’Eglise qui est en Corée, mais pour l’Eglise universelle.
La troisième est menée en particulier par le Centre coréen de Recherche sur la Pensée chrétienne. Plutôt qu’une théologie élaborée, il s’agit de repérer dans toutes les traditions culturelles coréennes, aussi bien d’origine shamaniste que bouddhiste ou confucianiste, des lieux proches de l’Evangile et des éléments pouvant servir à élaborer une théologie. Ce travail pourra permettre, à temps, des progrès certains en théologie et en catéchèse. Mais il faut remarquer deux choses : d’un côté, ceci risque de relever en partie de l’archéologie, dans la mesure où beaucoup de Coréens ont déjà perdu une part notable de leurs traditions ; d’autre part, l’enseignement des séminaires reste tellement romain qu’on n’y trouve que peu de place pour que les fruits de ces recherches atteignent le clergé pour l’instant… En effet, la plupart des professeurs ayant fait leurs études de philosophie et de théologie en Europe, il est encore trop tôt pour espérer beaucoup dans ce domaine.
g.) Eglise et engagement politique
On a pu remarquer que l’introduction du catholicisme en Corée avait une dimension politique qui a conduit à des persécutions sévères. Il ne s’agissait pas à proprement parler d’un « engagement politique » voulu des premiers chrétiens, mais simplement d’une attitude découlant de leur foi. Plus tard, du côté des missionnaires et des chrétiens, si on espérait bien une intervention extérieure pour obtenir la liberté religieuse, il ne s’agissait pas, en tout cas de leur point de vue, d’une ingérence dans la politique du pays.
Les historiens reprochent à l’Eglise catholique d’être restée inactive au temps de la colonisation japonaise. On sait que Mgr Mutel qui, depuis 1890, a assisté à l’installation progressive de la colonisation et jusqu’en 1933, puis Mgr Larribeau jusqu’en 1942, enfin Mgr Roh, premier évêque coréen de Séoul, n’ont effectivement pas voulu d’un affrontement avec le Japon. Compte tenu des souffrances que l’Eglise venait de subir pratiquement jusqu’en 1900, ils ne voulaient pas l’exposer à un nouveau massacre. Mais plus encore, Mgr Mutel et les missionnaires de son temps n’avaient pas conscience que l’Eglise pouvait avoir un rôle à jouer dans ce domaine. Défendre les droits de l’Eglise, il fallait le faire, mais vouloir infléchir le cours de la politique n’était pas dans leur pensée. C’est pourquoi ils n’ont pas poussé les chrétiens à s’engager dans les mouvements d’indépendance. Ils ont même empêché certains (comme les séminaristes) d’y participer et isolé ceux d’entre eux que le nationalisme poussait à l’action. Alors que certains protestants s’engageaient plus agressivement dans la lutte pour l’indépendance aux côtés de bouddhistes et représentants d’autres religions locales (1er mars 1919 : proclamation du mouvement pour l’indépendance), l’Eglise catholique restait officiellement sur la touche. Les deux plus grands reproches adressés jusqu’à ce jour aux missionnaires français sont précisément ce non-engagement au temps de la colonisation et le fait qu’ils n’aient pas, comme les protestants l’ont fait, établi de grandes universités.
Après la guerre de Corée, avec un clergé décimé, l’Eglise catholique s’est remise en route et a participé activement à la reconstruction, mais d’abord au partage des aides venues de l’extérieur. C’est une période de grand chambardement : commencent à se mettre en place des structures politiques nouvelles inspirées des Américains dont la présence tient à la fois de la protection et de la sujétion. Urbanisme et industrialisation apportent des transformations si rapides et si radicales que les Coréens sont entraînés dans une marche en avant d’autant plus exigeante que les menaces du Nord se répètent sans relâche.
L’Eglise catholique mais aussi les Eglises protestantes sont dans le temps de leur plus forte expansion durant une trentaine d’année. Besoin de sécurité, bonne réputation des Eglises qui ont fourni une aide appréciable au service des pauvres, en particulier des orphelins qui continuent à affluer non plus par suite de guerre, mais à cause de la décomposition du tissu social traditionnel. On en a tant « exporté » qu’ils se retrouvent, vingt ou trente ans après, dans les grandes villes d’Amérique et d’Europe en associations s’efforçant de retrouver leurs racines biologiques et culturelles.
L’Eglise a maintenant ses structures coréanisées et, dès 1968, Mgr Kim Suhwan, fait cardinal l’année suivante, va imprimer sa marque personnelle à l’Eglise, qui va s’engager concrètement en face des grands problèmes locaux. Les choses ne vont pas de soi : le corps épiscopal et le clergé ne constituent pas un front uni, loin de là. Plus la position des militaires au pouvoir se durcit et plus la démocratie et les droits qu’elle accorde aux citoyens ressemblent à une peau de chagrin. Plutôt que l’Eglise elle-même, des personnalités vont émerger, des groupes de prêtres en particulier, qui vont jouer un rôle très important pour forcer le gouvernement à modérer ses atteintes aux droits de l’homme, mais surtout sensibiliser l’opinion publique. Dans ces interventions, les frontières tomberont souvent, au moins momentanément entre catholiques et protestants ou autres groupes sociaux, comme les étudiants, pour des actions communes qui feront avancer la cause de la démocratie. Il faut citer entre autres : l’intervention du presbyterium du diocèse d’Andong à la suite de son évêque pour défendre les droits des paysans bernés, torturés, par la trop célèbre « CIA coréenne Les manifestations des « prêtres pour la justice » avec des religieuses et nombre de chrétiens surtout au cour de Séoul devant la cathédrale qui est devenue un symbole de la défense de la démocratie, des droits des ouvriers, au point que ce parvis est resté très longtemps occupé par des manifestants de tout genre, sans aucune appartenance chrétienne en général, qui viennent planter ici leur tente et organiser leurs luttes.
Enfin et surtout, il faut citer l’affaire de Kwangju (1980) qui est pour une part importante dans le retrait des militaires du pouvoir et le retour à un régime plus acceptable. On sait que plusieurs centaines de personnes ont été tuées par l’armée qui encerclait cette ville où des étudiants de toute la Corée s’étaient réunis pour lutter contre le pouvoir militaire et pour la démocratisation. L’archevêque du lieu et certains prêtres ont joué là physiquement un rôle tout à fait déterminant pour protéger les « insurgés freiner les ardeurs des militaires, servir d’intermédiaire et désarmer les étudiants.
A la suite de ces interventions, beaucoup de personnes ont reconnu dans l’Eglise un guide sûr et sont devenus chrétiens. Le président de la République, Justo Roh Moo-hyun, est de ceux-là (5). Il a été bap-tisé sans doute un peu vite, sinon dans le feu de l’action, du moins peu après. Mais il refuse de se dire catholique et c’est sans doute aussi bien, car il vaut mieux ne pas trop confondre patriotisme, ardeur révolutionnaire et foi. En tous cas, on est parvenu à rendre le pouvoir politique aux civils, l’histoire a subi une relecture et les acteurs de Kwangju sont passés du rang d’insurgés à celui de héros nationaux.
On peut considérer aujourd’hui ces pages-là comme étant à l’honneur de l’Eglise, pour son engagement aux côtés d’un peuple à libérer. Peut-être reprochera-t-on à certains prêtres d’avoir agi plus en patriotes qu’en chrétiens ? Reste que beaucoup, dépassant la peur, ont bien agi dans une perspective tout à fait chrétienne.
Mais on peut se demander aussi ce qui reste de cette ardeur des temps de crise. Bien sûr, la lutte se poursuit sur d’autres plans et en solidarité avec beaucoup d’associations diverses : bioéthique, pollution, déchets nucléaires, agriculture moins polluante, respect de la vie, etc. Mais on ne sent plus tellement le souffle des temps passés. L’Eglise s’est certainement trop laissée prendre pour le moment par les classes moyennes, et les nombreux politiciens catholiques, en particulier les nombreux députés, dans l’opposition comme dans le parti au pouvoir, ne présentent pas du tout une image attirante. Toute vraie vision politique semble paralysée actuellement par les intérêts partisans et la lutte pour le pouvoir qui dominent la vie politique actuelle, avec bien sûr une concussion telle qu’on ne peut pas attendre grand-chose pour l’instant. Ceci réduit de beaucoup le poids des interventions catholiques.
h.) Ouverture missionnaire : parmi d’autres, les Missions Etrangères de Corée
L’ouverture de la Corée à la mission à l’extérieur remonte à 1975. Mgr Choi, évêque de Pusan, voulait « partager à d’autres ce que les sociétés missionnaires européennes et américaines avaient apporté au peuple coréen D’où la fondation de la Société des Missions Etrangères de Corée. S’inspirant des constitutions des Missions Etrangères de Paris en particulier, elle offre à des prêtres et à des religieuses la possibilité de réaliser une vocation missionnaire. La branche masculine compte quarante-cinq membres, dont la plupart travaillent à Taiwan, en Papouasie – Nouvelle Guinée, en Russie, en Chine, et au Cambodge. La branche féminine, fondée en 1986, compte une soixantaine de membres, mais encore très peu sont parties à l’extérieur.
Mais cette société n’est pas la seule à travailler à la mission à l’extérieur. De nombreuses religieuses sont en poste dans plusieurs pays ; des prêtres partent par contrat entre diocèses, en Mongolie ou à Taiwan par exemple. Et il semble que, le nombre de ses prêtres augmentant, l’Eglise en Corée s’ouvre de plus en plus vers l’extérieur.
Il ne s’agit pas de tirer une conclusion. On sait bien que tout est toujours à refaire dans l’Eglise, que rien n’est acquis définitivement. En tout cas, en dépit (ou à cause) de près de 150 années très difficiles, l’Eglise catholique en Corée présente un visage de grande jeunesse et de beauté certaine. N’étant pas prophète, il est difficile de prévoir. Mais elle joue et jouera dans l’avenir de l’Eglise universelle et dans la mission en Asie un rôle important. Elle a perdu ses complexes et prend de l’assurance face aux défis de la mission à l’intérieur comme à l’extérieur. On dit souvent que les Coréens sont un peu les latins de l’Extrême-Orient. Ils trouvent des solutions nouvelles avec enthousiasme.
Toutefois, il faut traverser un tunnel : actuellement, près des deux tiers des baptisés ne pratiquent plus, le nombre des catéchumènes diminue et celui des vocations aussi (6). On sait qu’il y a un dégraissage à faire : beaucoup de gens ont été baptisés dans un mouvement de foule sans avoir rencontré profondément Jésus-Christ. Mais cela ne suffit pas à expliquer les défections.
Beaucoup d’analystes se penchent sur la question, souvent en prophètes de malheur :
– On est arrivé à saturation : bouddhistes, confucianistes et chrétiens couvrent toute la part de la société qui peut leur revenir actuellement, sociologiquement parlant.
– Les changements de société vont entraîner la même débâcle qu’en Europe.
– Les grandes religions n’ont plus l’attrait qu’elles avaient. Elles ont perdu de leur mordant, se sont embourgeoisées ; leurs richesses les paralysent et les coupent de la société ; les Eglises ne prennent plus une part active à la vie politique comme dans les années de lutte pour la démocratie.
Argent, Eglise de classes bourgeoises, coupure du monde des travailleurs, etc., tout ceci est sans doute vrai. Mais on sent aussi, dans les nouvelles générations de prêtres et d’évêques en particulier, un esprit nouveau qui est prometteur.
Notes
(1)Des quatre territoires ecclésiastiques du Nord, l’un (Yeonkil) dépend de la Chine depuis 1946, deux autres (Pyongyang et Hamhung) ainsi que le territoire abbatial des bénédictins (Tokwon) sont maintenant totalement démembrés, même s’ils sont administrativement rattachés à l’archevêché de Séoul ou à l’abbaye bénédictine de Waegwan dans le Sud. On sait qu’une église est consacrée au culte catholique à Pyongyang et que quelques chrétiens s’y réunissent. De temps en temps, des contacts épisodiques sont pris mais il est sûr que personne ne peut s’avancer à parler sérieusement de ce qui se passe du point de vue catholique en Corée du Nord depuis le laminage subi dès avant la guerre de Corée et après.
(2)Voir EDA 375
(3)Voir EDA 195, 253, 282, 286, 293, 321, 331, 336, 357, 371
(4)Voir, par exemple, la thèse de Kim Ung-tai : « L’expérience religieuse coréenne dans la première annonce du message chrétien Sorbonne et Institut catholique de Paris, 1989 ; voir aussi Hector Diaz : « A Korean Theology Nouvelle Revue de Science Missionnaire, Supplementa, vol. XXXV
(5)Voir EDA 367
(6)Voir EDA 138, 291, 372
Quelques remarques au sujet des Eglises protestantes
Si on parle de l’Eglise catholique en Corée du Sud, il ne faut pas croire qu’elle seule représente le christianisme : en évaluant les catholiques à 8 % de la population, il ne faut pas oublier que les Eglises protestantes comptent le double de fidèles. L’Eglise catholique, même si elle jouit d’un prestige plus particulier, n’est qu’une Eglise parmi beaucoup d’autres : un Coréen normalement constitué, s’il est attiré par le christianisme, doit avoir beaucoup de difficultés pour faire son choix !
Un Occidental circulant dans les villes et les provinces de Corée remarquera beaucoup de bâtiments d’églises. La nuit surtout, il ne pourra pas manquer de voir les innombrables croix de néon rouge sur des bâtiments qui peuvent avoir une forme plus traditionnelle d’église mais aussi sur des appartements, des magasins ou des bains publics. C’est que les protestants constituent souvent des communautés assez restreintes mais présentes partout et, le plus souvent, parfaitement indépendantes les unes des autres. N’ayant pas de forte ecclésiologie, c’est le pasteur local qui est la référence dernière – avec la lecture de la Bible. Cette atomisation rend absolument impensable un compte des branches ou sectes protestantes. Heureusement, quelques grandes dénominations comme presbytériens ou baptistes maintiennent un lien plus fort avec leurs traditions originelles.
Le protestantisme est entré cent ans après le catholicisme si on maintient la date de 1784 comme commencement absolu du catholicisme en Corée (ce qui est contesté par certains). Mais ce « retard » a été compensé par une « puissance de feu » considérable qui a donné aux protestants une liberté d’action très grande. Ils sont venus principalement d’Amérique, des Eglises du « Pur Evangile » en particulier, qui s’étaient préparées en Chine (traduction de la Bible en coréen) avant d’avoir l’opportunité d’entrer en Corée à la fin des persécutions. On ne peut pas évaluer le nombre des missionnaires protestants durant les cent ans de leur présence, mais on sait qu’en 1923, pour 59 missionnaires catholiques et 42 prêtres coréens, il y avait 550 pasteurs étrangers et 600 pasteurs coréens, soit un total de 101 pour 1 150. Quant aux budgets de la même année, les 20 000 dollars environ des catholiques font pâle figure face aux moyens des protestants, vingt fois supérieurs.
Les protestants ont une politique missionnaire bien différente des catholiques. Beaucoup plus mobiles et arrivés après la persécution, ils ont investi à grande échelle dans la formation de pasteurs, dans l’éducation universitaire et dans la santé. Forts de leur nombre, de leurs ressources, de l’Amérique qui les soutenait, ils ont pris dès le départ une position qui voulait influencer la société coréenne, par l’ouverture de nombreuses universités, particulièrement d’une université féminine, susceptibles de faire surgir des élites pour une société coréenne à l’américaine. Beaucoup d’ailleurs des ‘meilleurs éléments’ allaient compléter leur formation aux Etats-Unis. Il s’agissait bien d’influencer la société dans tous ses rouages en formant un personnel capable d’agir dans tous les domaines, aussi bien politique que culturel, économique, social et religieux bien sûr. Le peuple coréen a bien profité de la leçon et, rejetant les influences aussi bien russes que japonaises ou chinoises, s’est trouvé allié et même inféodé à l’Amérique pour une grande part de son éducation, de sa culture, de sa politique et de son économie. Souvent les Coréens considèrent que la présence américaine n’est peut-être pas aussi astreignante que la colonisation japonaise, mais certainement bien plus lourde que l’état de vassalité par rapport à la Chine d’avant 1900. On peut dire que, dans l’éducation même, à partir du secondaire, l’anglais tient plus de place finalement que la langue coréenne, puisque pour entrer aussi bien dans la fonction publique que dans une entreprise un peu importante, le passage d’un examen d’anglais constitue la base.
L’engagement des protestants en politique, outre leur influence sur les destinées du pays par les nombreux députés, ministres et présidents qu’ils ont eus, s’est manifesté au temps de la colonisation, par une participation plus forte que les catholiques…
En tout cas, on ne peut pas dire que l’ocuménisme soit une préoccupation très importante aussi bien entre protestants qu’entre protestants et catholiques. Par quel bout prendre le problème ? Sauf à saisir les opportunités offertes par des rencontres qui ne touchent pas directement les problèmes de fond, les choses ne semblent pas encore bien mûres pour des actions d’envergure.
CHRONOLOGIE
Av. J.-C. : Fondation des trois royaumes de Silla en 57, de Kokuryo en 37 et de Paikché en 18.
IVe s. :Introduction du bouddhisme.
1907 :La Corée devient protectorat japonais. Elle est annexée en 1910.
1945 :Capitulation du Japon; libération par les Russes au nord du 38e parallèle et par les Etats-Unis au sud.
1948 :Le 15 août, proclamation de la République de Corée à Séoul (Sygman Rhee) et de la République populaire démocratique à Pyongyang (Kim Il-sung)
1950 :En juin, la Corée du Nord attaque la Corée du Sud et l’envahit presque entièrement en trois mois. Sur la demande de l’ONU, riposte des Américains et des troupes envoyés par l’ONU qui repoussent les Nord-Coréens jusqu’à la frontière chinoise. Les Chinois interviennent alors. S’ensuit une guerre de trois ans : cinq millions de soldats de seize pays s’y affrontent : deux millions de morts.
1953 :Le 27 juillet, armistice signé à Panmunjom fixant l’actuelle frontière entre Nord et Sud.
1960 :Révolution étudiante à Séoul. Démission de Sygman Rhee. Deuxième République de Corée.
1961 :Coup d’Etat qui porte les militaires au pouvoir.
1963 :Nouvelle constitution (de la Troisième République). Le général Park Chung-hee devient président.
1979 :Durcissement du régime à la suite de manifestations ouvrières et paysannes. En octobre, Park Chung-hee est assassiné et Choi Kyu-ha devient président. Libération des prisonniers politiques et promesse de réformes politiques.
1980 :Arrestation de Kim Dae-jung, origine de la révolte de Kwangju. Celle-ci est écrasée dans un bain de sang. Le président Choi démissionne et est remplacé par Chun Doo-hwan en août.
1983 :En septembre, un avion des lignes coréennes, avec 269 personnes à bord, est abattu près de l’espace aérien soviétique.
1984 :En mai, visite du pape Jean-Paul II en Corée à l’occasion de la canonisation de 103 martyrs de Corée.
1985 :En février, retour en Corée de Kim Dae-jung et assouplissement du régime.
1987 :16 décembre. Premières élections présidentielles au suffrage universel depuis 1971. Roh Tae-woo est élu président de la République avec 35,9 % des voix.
1988 :Les élections législatives sont remportées par l’opposition. En septembre, organisation des Jeux olympiques à Séoul. La Corée du Sud termine quatrième de la compétition.
1989 :Etablissement de relations diplomatiques avec plusieurs pays de l’Est : Pologne, Hongrie, Tchécoslovaquie. 1990 : établissement des relations diplomatiques avec l’URSS. Des pourparlers dans le même but sont en cours avec la Chine.
Septembre-octobre : depuis la partition de la péninsule en 1945, premières rencontres entre Premiers ministres du Nord et du Sud, respectivement à Séoul et à Pyongyang, pour un dialogue en vue de la réunification.
Des échanges s’établissent entre musiciens, sportifs et intellectuels des deux pays.
13-16 décembre : visite historique du président Roh Tae-woo à Moscou.
1991 :Les deux Républiques de Corée, du Nord et du Sud, sont admises à l’ONU.
Pacte de réconciliation, de non-agression, d’échange et de coopération conclu entre les deux Corées.
1992 :Rétablissement des relations diplomatiques avec la Chine.
1993 :Kim Yong-sam, un civil, devient président de la République.
1998 :En pleine crise asiatique qui frappe durement l’économie coréenne et le système des chaebols, Kim Dae-jung devient président de la République.
2000 :Pour la première fois dans l’histoire des deux pays, le président Kim Dae-jung rencontre son homologue de Corée du Nord, Kim Jong-Il, en juin.
2001 :Attribution du prix Nobel de la paix au président Thomas More Kim Dae-jung.
RELIGIONS
Les religions traditionnelles sont le bouddhisme du grand véhicule (36 %) et le confucianisme (24 %).
Il y a en Corée du Sud plus de dix millions de chrétiens (dont 4 347 488 catholiques), ce qui en fait le troisième pays chrétien d’Asie, après les Philippines et l’Inde, avant le Vietnam. Il y a aussi une petite minorité musulmane.
Eglise catholique :
Histoire :
1777 :Quelques lettrés confucéens ayant lu des livres catholiques rapportés de Pékin par une ambassade, se mettent à suivre la religion chrétienne : prière, jeûne…
1784 :Baptême de Lee Seung-houn à Pékin. De retour en Corée, il organise un embryon d’Eglise.
1831 :A la demande des chrétiens coréens (1827), Léon XII crée et confie aux Missions Etrangères de Paris (MEP) le vicariat apostolique de Corée. Durant cinquante ans, l’Eglise de Corée a grandi sans prêtres.
1839 :Martyre de Mgr. Imbert, des PP. Maubant et Chastan et de nombreux chrétiens.
1866 :Grande persécution : martyre de deux évêques, sept prêtres et des milliers de fidèles. Près de la moitié de la communauté chrétienne (20 000 fidèles) est massacrée.
1875 :Un édit royal stoppe la persécution. Retour des missionnaires en 1876.
1884 :La liberté est accordée au catholicisme
1942 :1er évêque coréen : Mgr. Paul Ro Ki-nam.
1945 :Partage de la Corée en deux. Liberté religieuse au Sud, restrictions au Nord.
1968 :Mgr Kim Sou-hwan, archevêque de Séoul, est nommé cardinal.
1972 :Tension croissante entre l’Eglise et l’Etat. De 1973 à 1979, nombreuses arrestations de chrétiens, de pasteurs et de prêtres, en vertu des lois d’exception.
1981 :Libération du dernier prêtre emprisonné, mais de nombreux chrétiens et pasteurs protestants sont encore en prison. Ordination des quatre premiers prêtres des Missions Etrangères de Corée. Ils sont envoyés en Papouasie-Nouvelle Guinée.
1984 :Venue du pape Jean-Paul II. Canonisation de 103 martyrs dont le premier prêtre coréen et dix missionnaires MEP. 800 000 fidèles y assistent. Envoi de prêtres Fidei Donum coréens en Amérique du Sud.
1989 :Le 44e Congrès eucharistique se tient à Séoul. 700 000 fidèles autour du pape à la messe de clôture.
15 août : Un prêtre coréen, le P. Moon et une étudiante catholique, Im Suzanne, qui s’étaient rendus clandestinement en Corée du Nord à l’occasion du Festival international de la jeunesse, ont été arrêtés à leur retour et condamnés à de lourdes peines de prison (respectivement 10 et 15 ans).
1990 :Novembre : Fondation de Radio-Paix (cinq millions d’auditeurs potentiels) et de Paix, nouvel hebdomadaire d’information catholique, par l’archidiocèse de Séoul.
1992 :Premiers et timides contacts avec des catholiques de Corée du Nord.
1993-94 : Soutien de catholiques à la campagne gouvernementale contre la corruption.
1995 :Le cardinal Kim invité à se rendre en Corée du Nord.
Première délégation chrétienne (protestante et catholique) autorisée à se rendre en Corée du Nord.
1996 :Lancement par des catholiques d’une campagne pour exiger le jugement des responsables du massacre de Kwangju (1980)
1997 :Après intervention du Vatican, trois théologiens coréens sont interdits de publication par la Conférence épiscopale.
1998 :Départ à la retraite du cardinal Kim, archevêque de Séoul.
Une vingtaine de personnalités religieuses, dont neuf prêtres catholiques, reçoivent la permission officielle de se rendre en Corée du Nord.
2000 :Départ à la retraite du dernier évêque étranger. Son successeur, dans le diocèse d’Inchon, est un prêtre coréen.
Campagne de prêtres catholiques pour exiger le retrait de la loi sur la sécurité nationale.
2001 : Pour la seconde fois, les évêques sud-coréens font appel à leurs homologues nord-américains pour régler la question du statut des forces américaines en Corée du Sud.
2003 :L’envoi de troupes sud-coréennes en Irak provoque des débats au sein de l’épiscopat.
Quelques chiffres :
Catholiques : 4 347 488 (8,8 % de la population totale)
Paroisses : 1 313
Diocèses : 14
Vicariat aux armées : 1
Evêques : 28
Prêtres coréens : 2 790 (dont 223 religieux)
Prêtres étrangers : 210 (dont 97 religieux)
Frères coréens : 579
Frères étrangers : 37
Religieuses coréennes : 9 030
Religieuses étrangères : 206
Grands séminaristes : 1 436 (dans sept grands séminaires)
– L’Eglise de Corée gère de nombreuses institutions sociales et éducatives : hôpitaux, maisons pour personnes âgées, léproseries, maisons pour handicapés, jardins d’enfants, écoles et universités.
– Le nombre de prêtres a considérablement augmenté mais la courbe de croissance semble se ralentir.
– Le nombre des catéchumènes est en légère diminution.
– Le nombre des chrétiens « tièdes » est en augmentation.
– L’engagement des chrétiens dans divers secteurs de la vie du pays est de plus en plus repérable.