Eglises d'Asie

L’ensemble des aumôniers de prison, toutes confessions confondues, a accueilli avec satisfaction la reconnaissance juridique des droits religieux de la population carcérale

Publié le 18/03/2010




Le 27 mai dernier, le ministère de la Justice a informé la Commission nationale des droits de l’homme que les prévenus dans les prisons du pays auront “graduellement” le droit de participer à des activités religieuses collectives. Venant quatre mois après une recommandation de la Commission nationale en ce sens (1), la décision du ministère a été saluée par l’ensemble des aumôniers de prison, quelle que soit leur appartenance religieuse, comme un pas en avant positif qui permettra de donner une nouvelle impulsion à leur travail en milieu carcéral.

Selon les chiffres fournis par le gouvernement, sur 60 000 détenus, environ 20 000 sont des prévenus, en attente de jugement. A ce jour, les prévenus, contrairement aux personnes condamnées, n’avaient pas accès aux activités religieuses telles que, pour les chrétiens, la messe, les cours de catéchisme ou les partages bibliques. Désormais, a annoncé le ministère de la Justice, dans les maisons d’arrêt de moins de 400 détenus, de telles activités seront possibles. Leur mise en place se fera progressivement, au gré des réaménagements internes qu’elles supposent, en termes de gestion du personnel pénitentiaire notamment. Elles seront étendues en janvier 2005 à sept centres de détention de plus de 400 détenus, mais huit des plus grands centres du pays, dont la maison d’arrêt de Séoul qui a plus de 3 000 prévenus, devront attendre pour se voir dotés d’installations adéquates et d’un personnel qualifié, a expliqué le ministère.

Le P. Thomas Lee Young-woo, président du Comité pastoral de réinsertion sociale de Séoul, a souligné combien cette décision sera l’occasion d’un effort d’évangélisation pour les quatorze diocèses du pays et a proposé en particulier que, dans chaque diocèse, un prêtre se consacre à plein temps à cet apostolat. L’Eglise en Corée du Sud n’a pas assez conscience de l’importance de ce service, a-t-il déclaré, notant que quatre diocèses seulement avaient désigné des prêtres pour ce travail. Dans les autres diocèses, c’est un des prêtres de la paroisse la plus proche qui visite la prison une fois par semaine pour y célébrer la messe. Le Comité pastoral de réinsertion, a-t-il ajouté, étudie l’organisation “d’un système d’aumônerie de prison et de maison d’arrêt sur le modèle des aumôneries militaires ou des hôpitaux”.

Pour le pasteur Rhee In-cheol, secrétaire général de la Mission chrétienne pour les prisons, la décision du ministère est “un geste d’une extrême importance” car les activités religieuses et les programmes d’éducation sont “au cour de tout travail de réinsertion” auprès des prisonniers.

Kim Han-il, responsable des Activités missionnaires du très influent ordre bouddhiste Chogye a précisé de son côté que généralement les bonzes visitent les prisonniers individuellement et que la décision du ministère amènera donc l’ordre à repenser son approche des milieux carcéraux.