Eglises d'Asie

Sans faire de victime, une bombe a explosé dans une école catholique

Publié le 18/03/2010




Le 6 juin dernier, une bombe a explosé dans une école catholique. L’attentat s’est produit dans la loca-lité de Narayanghat, située au centre-ouest du pays, à 150 Km au sud-ouest de Katmandou et n’a pas fait de victime. Le P. George Panachickalkarott, présent sur les lieux avant l’explosion, raconte qu’il a vu un homme âgé de 25-30 ans lui faire de grands signes avant de crier : “Fuyez ! Il y a une bombe.” Le prêtre s’est précipité vers la porte de l’école en pressant devant lui les quelques enfants qui jouaient dans la cour et il y a eu une forte explosion, causant seulement d’importants dégâts matériels. Les maoïstes de la rébellion communiste ayant appelé à la grève générale, une grève étendue aux écoles, et l’attentat ayant été commis un dimanche, la quasi-totalité des 800 élèves que compte habituellement l’école étaient absents des lieux.

Pour Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, les grèves à répétition et les attaques contre les écoles menées par la guérilla maoïste représentent un gâchis d’autant plus considérable que le Népal est parmi les pays les plus pauvres de la planète. Viser les écoles (1), souligne-t-il, revient à privilégier ceux qui ont les moyens d’envoyer leurs enfants suivre une scolarité en Inde. “A quoi sert de prendre en otages des enfants innocents et d’appeler à la grève illimitée dans toutes les écoles demande-t-il. Aujourd’hui, l’Eglise catholique donne des bourses à 450 enfants. Nous avons le projet d’en soutenir 7 000 pour un coût annuel de 500 000 dollars. Mais qui se soucie des innombrables autres enfants du pays ?”

Pour le directeur d’une importante école de Katmandou, les conséquences de la grève sont désastreuses. Elle affecte 6,5 millions d’enfants. L’an dernier, l’année scolaire qui compte normalement 220 jours de classe a été réduite à 140 jours. “Comment peuvent-ils mettre toutes les écoles dans le même sac, entre celles qui demandent des frais élevés et celles qui survivent à peine ? s’interroge-t-il, en référence à la revendication des maoïstes selon laquelle l’enseignement doit être gratuit jusqu’à l’âge de 16 ans.

A Narayanghat, l’école catholique, cible de l’attentat, compte parmi les 23 établissements scolaires que l’Eglise anime dans le pays. Fondée en 1994 par les Pères de la Petite Fleur, venus de l’Inde voisine, elle est animée par trois religieuses indiennes de la congrégation de l’Adoration du Saint Sacrement. Selon le P. Panachickalkarott, “les parents ont été surpris [par l’attentat] et disent que l’école n’aurait jamais dû être prise pour cible étant donné sa bonne réputation. Selon un parent d’élèves, il est possible que les rebelles maoïstes s’en soient pris à cet établissement en guise de représailles après l’arrestation il y a peu de onze maoïstes népalais par la police indienne. Parmi ces onze, détenus depuis le 2 juin à Patna, en Inde, se trouveraient d’importants responsables de la rébellion. Katmandou chercherait à obtenir de New Delhi leur extradition au Népal.