Eglises d'Asie

Des responsables catholiques estiment que l’Eglise doit accentuer les efforts entrepris en vue d’une réconciliation entre les deux Corée

Publié le 18/03/2010




A l’occasion d’un colloque organisé par la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence épiscopale, des responsables catholiques se sont dits convaincus que l’Eglise catholique devait accentuer les efforts entrepris en vue de parvenir à une réconciliation entre les deux Corée, même si une telle politique peut rencontrer l’incompréhension, voire l’hostilité d’une partie de l’opinion publique (1). Tenu le 12 juin au Centre catholique de Séoul, le colloque avait été organisé pour marquer le quatrième anniversaire du sommet historique du 12 juin 2000 où, à Pyongyang, le président sud-coréen Kim Dae-jung et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il s’étaient rencontrés. Depuis 1945, année où la péninsule fut divisée entre une partie Nord et une partie Sud, aucun contact à aussi haut niveau n’avait eu lieu.

Pour le P. John Kim Jong-su, professeur au grand séminaire de l’archidiocèse de Séoul, l’Eglise doit contribuer à changer l’opinion que les Sud-Coréens se font généralement du Nord. Selon lui, l’opinion publique au Sud considère la Corée du Nord comme un “objet” d’assistance humanitaire, une aide qui va à sens unique du Sud vers le Nord, mais il serait bon, dans la perspective de la réconciliation entre les deux peuples, que le Sud change sa perception, en voyant la Corée du Nord comme “un partenaire économique”.

La perspective d’une réunification pacifique rapide provoquant plus d’effroi que d’élan positif au sein de la population sud-coréenne, Mary Agnes Paek Young-ok, professeur à l’université Myongji, a souligné qu’“il faudra du temps, plus de temps que ce que l’on pense habituellement, pour effacer des décennies de défiance mutuelle et de face-à-face armé”. Dans une perspective de réconciliation progressive et non de réunification rapide, elle s’est déclarée en faveur “de la poursuite de l’aide humanitaire en Corée du Nord, particulièrement en faveur des enfants et des femmes enceintes” (2).

A propos de l’attitude que les catholiques sud-coréens peuvent avoir vis-à-vis du Nord, le P. John Kim a insisté sur l’importance de la prière comme “voie permettant de dépasser la haine et trouver de nouveaux chemins vers la réconciliation et la coopération”. A propos des catholiques en Corée du Nord, il a rappelé que des rapports faisaient état de l’existence d’une communauté de 3 000 fidèles. “La plupart des visiteurs qui reviennent du Nord disent qu’ils ne sont pas de ‘réels’ catholiques. Je pense qu’on peut seulement espérer qu’ils seront la ‘semence’ de la foi catholique une fois que le terrain en Corée du Nord sera prêt a-t-il ajouté.

Au-delà des approches qui sont diverses concernant l’attitude à adopter vis-à-vis de la Corée du Nord, Robert Kim Deok, professeur à l’université Sungkyunkwan et ancien ministre, a vu dans l’accroissement des contacts entre les deux pays un signe “encourageant” sur lequel la réconciliation à laquelle l’Eglise appelle de ses voux peut se concrétiser. Selon le ministère sud-coréen de la Réunification, 37 572 Sud-Coréens ont visité le voisin communiste du Nord entre 1998 et 2002 et, dans le même laps de temps, 2 011 Nord-Coréens se sont rendus en visite au Sud. Entre 2000 et 2003, 105 pourparlers de diverses natures ont été organisés entre les deux voisins. Ces chiffres ne doivent toutefois pas cacher, a poursuivi le professeur Kim, le peu de progrès des négociations au plan politique et militaire, l’obstacle principal à ce niveau étant le programme militaire nucléaire de Pyongyang.