Eglises d'Asie – Inde
L’administration de Goa se propose de ranimer le souvenir de l’abbé Faria né dans cette ancienne enclave portugaise, il y a 249 ans
Publié le 18/03/2010
Les quelque quarante personnes qui ont participé à cet anniversaire se sont appliquées à mettre au point un programme visant à convertir en musée la maison ancestrale de l’abbé Faria qui se trouve dans le village côtier de Candolim à 12 Km de Panaji. Le mouvement qui s’efforce ainsi de faire revivre le souvenir de l’abbé est animé par un membre de l’Assemblée législative de l’Etat, Matanhy Saldanha. Selon lui, l’abbé Faria, malgré son renom aujourd’hui international, a été oublié par son propre peuple. Cependant, sa réhabilitation à Goa commence à prendre forme. Déjà le ministre-président de l’Etat a donné son accord de principe pour le musée et le ministre de la Culture, présent à la réunion, a annoncé l’intention de l’Etat de faire publier une biographie et certains livres le concernant.
Les traces du souvenir de ce personnage sont rares dans l’Etat de Goa. Depuis 1945, sa statue se trouve dans une rue importante de Panaji. Il est représenté en train d’hypnotiser une Indienne. Mais peu de passants le reconnaissent, certains le prennent même pour un démon. On peut signaler cependant qu’un ouvrage intitulé : La communauté chrétienne de Goa, paru le 4 juin 2002, écrit en langue marathi par un écrivain hindou, Manohar Hirba Sardessai, consacre un certain nombre de passages à ce prêtre atypique (1).
L’abbé Faria, d’origine portugaise, naît et passe sa jeunesse à Goa. Après son sacerdoce, il obtient un doctorat en théologie à Rome. On le trouve à Paris en 1788. Il aurait joué un rôle actif dans certains épisodes de la Révolution française. Sous l’Empire, il devient professeur de philosophie à Marseille. En 1812, la police de l’Empire l’arrête en tant que partisan de Babeuf et l’interne pendant quelques mois au Château d’If. A sa libération, il ouvre, en 1813, un cabinet de magnétiseur à Paris. Il attire très vite une importante clientèle sur laquelle il pratique l’hypnose, selon des méthodes qu’il décrit dans son ouvrage : De la cause du sommeil lucide ou Etude de la nature de l’homme, dont seul le premier tome paraît en 1819. Dénigré de son vivant par la médecine officielle, ses mérites seront reconnus plus tard par de grands spécialistes comme Pierre Janet ou encore Bernheim qui écrit de lui : “A de Faria appartient incontestablement le mérite d’avoir le premier établi la doctrine de la méthode de l’hypnose par la suggestion et de l’avoir nettement dégagée des pratiques singulières et inutiles qui cachaient la vérité” (2).
Les quelques mois d’internement de l’abbé Faria au Château d’If ont inspiré Alexandre Dumas qui en a fait un personnage de son roman Le Comte de Monte Cristo. Enfermé au Château d’If et voulant s’évader, il a creusé un tunnel qui débouche dans la cellule d’Edmond Dantès, enfermé dans la même forteresse. L’abbé Faria est dépeint comme un érudit plein de sagesse. Il se prend de sympathie pour Dantès, entreprend son éducation, lui dévoile de mystérieux secrets. Les deux prisonniers décident de préparer ensemble leur évasion. Mais le vieux prêtre meurt après avoir légué son trésor à Dantès. Ce dernier prend la place du prêtre dans le linceul qui est jeté à la mer et parvient ainsi à s’enfuir.
Le véritable abbé Jose Custodio de Faria a fini sa vie comme aumônier d’un pensionnat. Il serait mort d’une attaque d’apoplexie, dans la misère, en 1819. Il est enterré au cimetière de Montmartre.