Eglises d'Asie

Orissa : des militants de l’extrême droite hindoue agressent un pasteur protestant qu’ils accusent de procéder à des conversions illégales

Publié le 18/03/2010




Le 24 juin dernier, six hommes armés de gaules, de rotins et de cannes de bambou se sont rassemblés autour de la maison louée par l’Eglise évangélique unie dans la capitale de l’Etat d’Orissa, Bhubhaneswar, et lui ont infligé un certain nombre de dégradations importantes. Les volets et les portes ont été endommagés, du matériel scolaire a été détruit. Lors de l’attaque, le pasteur du lieu, V.S. Raju, âgé de 40 ans, était absent, en visite dans une desserte de la mission.

Le propriétaire de l’immeuble, Narayan Karji, a fait état de ses soupçons selon lesquels les agresseurs seraient des militants de l’association d’extrême droite bien connue, le Rashtriya Swayamsevak Sangh (Corps national de volontaires, RSS). Ce groupe qui s’est rendu responsable de nombreuses actions violentes dans diverses parties de l’Inde préconise de transformer l’Inde en nation hindoue. Selon Narayan Karji, les membres du groupe hindouiste l’avaient menacé de représailles s’il n’expulsait pas le pasteur de l’appartement qu’il occupait depuis déjà cinq ans. Ils lui avaient confié que leur objectif était de mettre un terme aux conversions d’hindous au christianisme pratiquées par le pasteur. Ils avaient même averti qu’ils poursuivraient celui-ci partout où il irait.

Le pasteur Raju a démenti l’accusation portée contre lui par les extrémistes hindous. L’Eglise dont il a la charge ne compterait que 7 000 adhérents. Dans cet Etat où la population s’élève à 36 700 000 habitants, les chrétiens, toutes dénominations confondues, ne représentent que 2,1 % des habitants. Le pasteur a également confirmé que les hommes du RSS se sont à plusieurs occasions opposés à son travail, lui demandant de quitter les lieux et de renoncer à prêcher l’Evangile dans la région. Ces menaces ne l’avaient pas impressionné et, jusqu’à présent, il n’avait aucune intention de changer d’habitation.

Le propriétaire de l’immeuble ainsi que le pasteur ont porté plainte auprès de la police locale un jour après l’agression. Deux jours plus tard, celle-ci n’avait encore arrêté personne. Interrogés, les responsables des forces de l’ordre ont répondu qu’ils en étaient encore à étudier une plainte, déposée il y a quelques mois par les militants du RSS, accusant le pasteur de pratiquer des conversions illégales dans la région.

L’Etat d’Orissa est en effet l’un des quelques Etats ayant adopté une législation interdisant les conversions obtenues par la violence ou par des moyens frauduleux. Cette loi stipule de surcroît que les ecclésiastiques procédant à des cérémonies marquant le changement de religion doivent en avertir auparavant les autorités civiles. Dans un passé récent, l’Etat d’Orissa a été le théâtre de violences, voire de crimes anti-chrétiens. On se rappelle l’assassinat du pasteur australien Graham Stuart Staines et de ses deux enfants, brûlés vifs en janvier 1999 dans une voiture où ils passaient la nuit par une foule de fanatiques menée par un militant hindou (1). En septembre de la même année, un prêtre catholique avait été tué par une flèche (2). Enfin, plus récemment, deux pasteurs de l’Eglise pentecôtiste du Mont Sion, accusés de conversions illégales, ont été internés puis libérés sous caution (3).