Eglises d'Asie

Avec la nomination d’un vicaire épiscopal pour le diocèse de Pyongyang, l’Eglise catholique indique qu’elle se prépare à une renaissance de l’Eglise en Corée du Nord

Publié le 18/03/2010




Le 23 juin dernier, Mgr Nicholas Cheong Jin-suk, archevêque de Séoul, a nommé Monseigneur Matthew Hwang In-kuk, vicaire épiscopal de Pyongyang. La nomination a été annoncée à l’occasion d’une réunion à Séoul des “prêtres du diocèse de Pyongyang”. Depuis cinquante ans, ces derniers se réunissent une fois par mois à l’occasion d’une messe. Celle-ci rassemble tous ceux qui, séminaristes ou prêtres à l’époque, ont fui la Corée du Nord avant ou durant la guerre de Corée (1950-1953) et se sont trouvés dans l’incapacité de repartir au Nord, une fois la guerre terminée. Ce 23 juin, une dizaine d’entre eux étaient réunis pour réfléchir à l’organisation, dans trois ans, du 80e anniversaire de l’établissement du diocèse de Pyongyang. C’est en effet en 1927 que fut érigée la préfecture apostolique de Pyongyang.

Pour Mgr Nicholas Cheong, qui assume la responsabilité d’administrateur apostolique de Pyongyang, la nomination d’un vicaire épiscopal, ministère normalement associé à la responsabilité pastorale d’une zone géographique spécifique ou d’un domaine d’activité particulier, signifie que l’Eglise à Séoul souhaite formaliser son action en ce qui concerne la reconstruction de l’Eglise catholique au Nord. C’est la première fois que l’archevêque de Séoul nomme un vicaire épiscopal pour Pyongyang.

Les participants à la rencontre du 23 juin ont conclu à la nécessité de préparer un plan concret et systématique qui tienne compte des changements qui se produisent depuis quelques temps en Corée du Nord, notamment le début de libéralisation du commerce privé. Monseigneur Hwang, qui souhaite appuyer son action sur “les prêtres du diocèse de Pyongyang a prévu de créer un comité ouvert à des experts laïques et à des séminaristes afin de préparer l’Eglise à la réunification de la péninsule. Il ne s’attend cependant pas à des avancées spectaculaires à court terme. Les seuls moments où le Nord entre en contact avec l’Eglise au Sud, c’est lorsque les Nord-Coréens ont besoin d’aide, alimentaire notamment, a-t-il souligné. “Il semble improbable que l’Eglise en Corée du Nord souhaite avoir des échanges de nature religieuse avec sa consour du Sud. En ce domaine, des contacts directs et concrets avec le Nord sont quasiment impossibles dans un avenir proche a-t-il déclaré.

Monseigneur Hwang est né en 1936 à Pyongyang. Ordonné prêtre à Séoul en 1964, il a travaillé dans différents services et paroisses de l’archidiocèse avant d’être nommé, en 1998, vicaire épiscopal pour la partie est de Séoul.

Très peu d’informations existent quant à l’existence d’une communauté catholique au Nord. L’Eglise souhaiterait avoir des nouvelles de Mgr Francis Hong Yong-ho, nommé évêque de Pyongyang en 1944 et dont aucun signe de vie n’a filtré depuis 1962. Il en est de même pour la cinquantaine de prêtres qui se trouvaient au Nord à la date de la partition et qui, s’ils ont survécu aux persécutions, sont aujourd’hui âgés de 80 à 90 ans. En 1989, un début de reconnaissance a été concédé à la religion catholique avec la création – sur le modèle chinois – d’une “Association catholique de Corée du Nord”. Cette dernière semble surtout destinée à fournir un cadre à l’occasion des quelques visites que des représentants de l’Eglise de Corée du Sud et du Vatican ont pu effectuer à Pyongyang. En 1998, l’évêque auxiliaire de Séoul a ainsi pu se rendre dans la capitale nord-coréenne et y célébrer la messe dans l’unique église de la ville, l’église de Changchung (1). Par ailleurs, des délégations de la Caritas se rendent depuis plusieurs années en Corée du Nord. La Caritas Hongkong a été l’une des premières ONG à soutenir des projets humanitaires dans ce pays au début des années 1990 et y reste très engagée. Selon des statistiques par nature invérifiables, il y aurait aujourd’hui 3 000 catholiques en Corée du Nord et environ 12 000 protestants (1).