Eglises d'Asie

Kerala : la hiérarchie catholique fait l’éloge de l’ouvre caritative du Parti communiste dans l’Etat

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat du Kerala, les actuelles relations entre certains membres de la hiérarchie catholique et le Parti communiste ont suscité une grande satisfaction dans certains milieux politiques tandis qu’elles ont provoqué des mises en garde sévères dans d’autres secteurs de l’opinion publique.

Les réactions les plus nombreuses ont suivi une intervention du cardinal Varkey Vithayathil, archevêque d’Ernakulam Angamaly, lors de l’inauguration, le 29 juin dernier, d’une section de soins palliatifs d’un hôpital fondé par un dirigeant communiste à Kochi, capitale commerciale de l’Etat. Le prélat a dit ne jamais avoir auparavant participé à une assemblée organisée par les communistes. Il a décrit le centre de soins palliatifs comme un exemple rare d’initiative charitable prise par un parti politique, initiative à laquelle il a apporté l’entier soutien de l’Eglise catholique. Le cardinal a fait l’éloge du communisme pour l’attention spéciale qu’il portait aux pauvres et aux marginalisés. Deux jours plus tôt, un autre membre de la hiérarchie catholique, l’évêque de Cochin (ancien nom de Kochi), Mgr John Thattumkal, avait également apporté publiquement son soutien au Parti communiste, lors d’un rassemblement à Kochi, le 27 juin. Il avait fait remarquer qu’il n’était pas nécessaire que l’Eglise et le Parti soient toujours en désaccord et avait affirmé que l’Eglise appréciait le bon travail accompli par le Parti pour le bien-être de la population.

Ces prises de position au plus haut niveau ont été reçues diversement. Le Parti du Congrès, qui détient le pouvoir dans cet Etat, a peu apprécié les déclarations des représentants des catholiques qui constituent 19 % d’une population qui s’élève à 32 millions d’habitants. Au Kerala, l’Eglise est en effet considérée comme apportant sa sympathie et ses voix à cette formation politique dont le Parti communiste est l’ennemi traditionnel. P.P. Thankachan, un dirigeant du Parti du Congrès, a commenté les paroles des prélats en adjurant l’Eglise de ne pas tomber dans le piège tendu par le Parti communiste. Il a avoué ne pas comprendre pourquoi l’Eglise s’était découvert un tel amour pour le Parti communiste. Il a accusé les marxistes de se livrer à des jeux politiques destinés à attirer les voix des chrétiens.

L’ancien juge à la Cour Suprême, V.R. Krishna Iyer, a commenté les récentes déclarations des dirigeants catholiques sur un ton totalement différent. Selon lui, il ne reste plus que quelques éléments obscurantistes au sein de l’Eglise pour s’opposer aux communistes. Lui-même se réjouit de la perspective de voir s’améliorer les relations entre catholiques et communistes, deux groupes travaillant à l’amélioration du sort du peuple.

Devant les appréciations élogieuses des hauts responsables catholiques, les dirigeants marxistes ont exprimé leur satisfaction. L’un d’entre eux, S. Sarma, a déclaré que désormais communistes et catholiques se voyaient sous un jour plus positif. Il a légitimé les éloges adressés au Parti communiste en soulignant que les communistes au Kerala avaient, à plusieurs reprises, mis en place des gouvernements non corrompus qui avaient su se montrer efficaces dans l’administration de l’Etat.