Eglises d'Asie

Le clergé du diocèse catholique de Huê refuse de répondre à une enquête des Affaires religieuses sur les paroisses et les conseils paroissiaux

Publié le 18/03/2010




Selon des informations transmises électroniquement depuis le Vietnam, aux environs de la mi-juin, tous les prêtres en charge de paroisse du diocèse de Huê ont, chacun, trouvé dans leurs boîtes aux lettres à l’archevêché deux formulaires intitulés : “Bulletin d’enquête (examen) concernant l’organisation ecclésiale de base ce qui signifie, explique la source de l’information, la paroisse. L’un deux est destiné au prêtre, l’autre “aux membres de l’organisation ecclésiale de base c’est à dire, explique la même source, le conseil paroissial. Une photocopie de ces deux bulletins a été diffusée. Il y est expliqué dans les premières lignes que la dite enquête a pour but d’aider les organes compétents à recueillir des données d’ordre scientifique et pouvoir sur cette base proposer des lignes politiques nouvelles au Parti, à l’Etat dans les domaines économiques, culturel et social. Même si l’expéditeur de ces documents a oublié de s’identifier et de préciser quel est “l’organe compétent” qui organisait cette enquête, aucun des destinataires n’a douté un seul instant qu’il s’agissait du Bureau provincial des Affaires religieuses.

Les questions posées dans les deux bulletins d’enquêtes apparaissent comme des tentatives insidieuses d’explorer les secteurs les plus privés de l’Eglise. Il est demandé aux prêtres de porter un jugement de valeur sur les activités du Conseil paroissial, sur son organisation. A la rubrique n° 6, on suggère aux prêtres et aux responsables des conseils paroissiaux de transmettre à l’Etat leurs propositions concernant la paroisse, les conseils paroissiaux, leurs idées concernant la création de nouvelles paroisses. Selon la source de l’information, ce type de proposition dénote chez les auteurs des bulletins, un esprit paternaliste, considérant les agents du culte comme appartenant à une catégorie d’esclaves, devant rendre compte en toutes choses à l’Etat-patron et lui quémander des faveurs, comme la liberté d’agir. D’une façon générale l’ensemble du questionnaire a été ressenti par les prêtres comme illustrant une volonté d’assurer rigoureusement la gestion intégrale des activités religieuses pour mieux les manipuler et les saboter.

Après réflexion, le clergé de Huê a pensé que deux motivations pouvaient avoir inspiré cette initiative des fonctionnaires régionaux. Il a jugé que l’envoi de ces deux bulletins d’enquête pouvait constituer pour le bureau des affaires religieuses de Huê une espèce de revanche sur l’humiliation éprouvé par lui, lors de sa rencontre avec l’ensemble des responsables religieux du diocèse, le 20 février 2004, rencontre au cours de laquelle ces derniers avaient dressé un tableau complet de leurs revendications et de leurs motifs d’insatisfactions. Les fonctionnaires des affaires religieuses avaient dû interrompre précipitamment la rencontre (1). On a pensé encore que cette enquête des Affaires religieuses pouvait être une des premières étapes de l’application de l’Ordonnance sur la croyance et la religion adoptée le 18 juin dernier par le Bureau permanent de l’Assemblée nationale (2).

Compte tenu du caractère indélicat de cette enquête des Affaires religieuses locales, pouvant être considérée comme une tentative d’espionnage, l’ensemble du clergé de Huê a jugé qu’il n’était pas nécessaire de répondre aux bulletins d’enquête qui leur avaient été ainsi envoyés.