Eglises d'Asie

Réuni en congrès à Manille, le clergé catholique s’est penché sur les problèmes et les défis du travail pastoral

Publié le 18/03/2010




Beaucoup de force et d’espérance, malgré la nécessité de nouvelles vocations : tels sont les mots-clefs qui sont ressortis des travaux du Congrès du clergé catholique philippin qui s’est tenu à Manille du 5 au 9 juillet dernier. Plus de 4 000 prêtres et une centaine d’évêques se sont réunis en congrès, le premier du genre, pour réfléchir à l’actualité et à l’avenir de l’Eglise des Philippines et de son clergé. Le thème de réflexion était le suivant : “Un clergé renouvelé, une Eglise renouvelée, une nation renouvelée les congressistes étant invités à faire partir leur réflexion d’un passage de la Bible : “Ils regarderont vers Celui qu’ils ont transpercé” (Jn 19,37). Les débats ont eu lieu au World Trade Center de Pasay City, au sud de Manille, sous haute surveillance policière par crainte du risque d’attentat.

Parmi les débats, la question du nombre des vocations sacerdotales a été longuement abordée. Actuellement, a souligné Mgr Luis Antonio Tagle, évêque d’Imus et président de la Commission pour la Doctrine de la Foi de la Conférence épiscopale, les 9 000 prêtres des Philippines sont surchargés de travail pastoral, chacun devant desservir plus de 15 000 personnes chacun. L’idéal serait d’avoir un prêtre pour 2 000 fidèles. Ce manque de vocations, a souligné Mgr Tagle dans son intervention, n’a toutefois pas entraîné une baisse dans la foi de la population, mais risque quand même d’amener la fermeture de plusieurs paroisses. L’Eglise manque de 25 000 prêtres, a insisté l’évêque, voulant souligner par l’importance de ce chiffre la nécessité de trouver de nouvelles façons, pour le clergé, d’être présents auprès des fidèles.

Selon Mgr Tagle, la baisse du nombre des vocations s’explique par plusieurs facteurs : les critères stricts de sélection utilisés dans les séminaires, des raisons culturelles, les scandales aussi qui ont eu lieu ces dernières années dans l’Eglise des Philippines et qui ont contribué à éloigner des séminaristes (1). Sur ce dernier point, l’évêque a souligné que ces faits ont servi aussi à montrer que “le prêtre était aussi un homme”. S’adressant aux congressistes, le cardinal Ricardo Vidal a déclaré que le sacerdoce était “un don de Dieu, qui n’est pas possédé comme un instrument, mais qui doit être restitué à Dieu lui-même”.

Par ailleurs, à l’issue du Congrès, les évêques se sont réunis en assemblée pour discuter du rôle de la communauté catholique dans le pays, en particulier dans le nouveau cadre issu des élections du 10 mai dernier. Mgr Fernando Capalla, président de la Conférence épiscopale, a fait savoir à l’issue de cette rencontre que les évêques étaient tombés d’accord pour dire que le déroulement des élections avait été régulier et que les fraudes constatées ici ou là n’avaient pas altéré outre mesure le verdict des urnes. Il a annoncé que la Conférence formerait un Comité spécial ayant pour responsabilité de préparer les diocèses à sauvegarder l’honnêteté et la transparence des élections futures. Il a ajouté : “Il est temps de regarder au-delà des élections [du 10 mai]. Notre peuple doit aller de l’avant avec foi et espérance. Animés de l’amour pour notre pays, nous sommes appelés à développer une culture de l’intégrité, à participer au processus de transformation nationale, à construire des conditions de paix et à intensifier la lutte contre la corruption. C’est un processus long qui demande de la persévérance et de l’attention, mais nous ne pouvons travailler efficacement pour un changement social qu’avec la conversion des esprits et des cours.”

Par ailleurs, le Congrès du clergé tout comme l’assemblée des évêques ont été marqués par l’incertitude quant au sort d’Angelo de la Cruz, le travailleur philippin enlevé en Irak et menacé de mort par ses ravisseurs. L’Eglise catholique a appelé à la prière. Dans l’espoir de voir l’otage libéré sain et sauf, le gouvernement a annoncé le retrait de la cinquantaine de militaires déployés en Irak aux côtés de la coalition dirigée par les Etats-Unis.