Eglises d'Asie

Face à une natalité déclinante, les autorités de Singapour proposent une série de mesures financières natalistes et souhaitent faire de la cité-Etat un lieu de vie favorable aux familles

Publié le 18/03/2010




Le 25 août dernier, Lim Hng Kiang, ministre de l’Industrie et du Commerce, a rendu public un train de mesures fiscales et réglementaires en faveur des familles afin d’inciter ces dernières à avoir plus d’enfants. Baisse d’un tiers de la taxe sur l’emploi d’une domestique, passage du congé-maternité de huit à douze semaines, abaissement de la semaine de travail de 5,5 jours à 5 jours, création de deux jours de congés payés par an pour prendre soin d’un enfant malade, hausse des allocations familiales et crédit d’impôts pour les femmes actives professionnellement qui recourent aux services des grands-parents pour garder leur(s) enfant(s). Largement financées par le budget public, ces mesures sont sensées profiter à 35 000 couples et coûteront 300 millions de dollars de Singapour par an au gouvernement, une somme qui vient s’ajouter aux 500 millions déjà dépensés chaque année au titre de la politique familiale.

Pour le ministre Lim, l’objectif n’est pas uniquement d’orienter à la hausse le nombre des naissances. Rappelant les propos que le nouveau Premier ministre Lee Hsien Loong avait tenu quelques jours auparavant, à l’occasion de la fête nationale, le ministre a souligné que les autorités avaient compris qu’avoir un enfant était pour un couple “une décision très personnelle mais qu’en même temps le gouvernement pensait qu’il était de sa responsabilité de créer les conditions favorables pour que les couples et les familles élèvent leurs enfants. Qualifiant la chute de la natalité de “problème d’importance nationale il a déclaré qu’“en fin de compte, l’objectif [était] de faire de Singapour un lieu de vie favorable aux familles”.

Face à une natalité déclinante (41 451 naissances en 2001 et 37 633 en 2003) et une fécondité en chute libre (5,8 enfants par femme en âge de procréer dans les années 1960 et 1,26 aujourd’hui), le gouvernement a d’abord mis en place des mesures favorables aux classes supérieures, les foyers dont les parents avaient fait des études supérieures et occupaient des emplois d’encadrement (1). Dans un pays dont la seule véritable richesse réside dans la qualification de sa population, la croyance des autorités singapouriennes était que les enfants des “riches” seraient plus à même que ceux des “pauvres” de participer positivement à la prospérité. Les campagnes natalistes se sont succédées sans toutefois inverser la tendance lourde à la baisse de la natalité et de la fécondité. Face à cet échec relatif, les autorités ont mis une sourdine au caractère sélectif de leur politique familiale et cette dernière est devenue universelle, s’adressant aussi bien aux couples issus des classes aisées qu’à ceux des classes plus modestes de la société. Le nouveau et ambitieux train de mesures annoncé ce 25 août poursuit cette tendance : les critères d’âge ou de qualification minimale qui étaient imposés aux femmes pour bénéficier de telle ou telle mesure ont été supprimés.

Selon les premiers échos exprimés à l’annonce des nouvelles mesures natalistes, les autorités ne paraissent pas avoir brisé le scepticisme manifesté par la plus grande partie des classes moyennes vis-à-vis des campagnes gouvernementales les incitant à procréer. Ainsi que le ministre Lim l’a lui-même souligné, les réticences les plus fortes à une mesure comme celle de l’allongement de la durée du congé de maternité sont venues des femmes actives professionnellement ; elles redoutent qu’une absence prolongée de leur lieu de travail les désavantage par rapport aux hommes ou aux femmes sans enfant.