Eglises d'Asie

La Conférence des évêques et des oulémas présente la conclusion de ses travaux à la présidente Arroyo

Publié le 18/03/2010




Fin juillet – début août, la 24ème assemblée générale de la Conférence des évêques et des oulémas, anciennement connue sous le nom de Forum des évêques et des oulémas (1), s’est réunie. A l’issue de ses travaux, réalisés en une dizaine d’ateliers auxquels ont pris part des oulémas, des évêques catholiques et des responsables protestants ainsi que quelques experts et responsables politiques, une délégation s’est rendue au palais présidentiel de Malacanang. Le 11 août, la délégation a demandé à la présidente Arroyo de tenir compte de trois points au sujet des affrontements entre les forces armées gouvernementales et le MILF (Front moro de libération islamique), à Mindanao. Premièrement, les responsables religieux invitent la présidence à reprendre au plus vite les pourparlers de paix avec la guérilla musulmane, à y inviter des représentants des peuples indigènes de Mindanao et enfin à y faire participer les trois piliers de la Conférence des évêques et des oulémas (Mgr Fernando Capalla, pour l’Eglise catholique, Mahid Mutilan, président de la Ligue des oulémas des Philippines, et Mgr Hilario Gomez Jr., de l’Eglise unie du Christ).

Selon Mgr Capalla, la participation des responsables religieux aux négociations entre la guérilla et le gouvernement se justifie car le conflit du sud philippin n’est pas seulement politique ; il implique dans une large mesure des éléments humains et religieux et les responsables de la Conférence des évêques et des oulémas, dans la mesure où ils représentent les populations catholique, protestante et musulmane de Mindanao, peuvent être une présence pertinente à la table des négociations.

Pour Mgr Capalla, ancien président de la Commission épiscopale pour le dialogue interreligieux et actuel président de la Conférence épiscopale, la repentance et le pardon sont des éléments-clefs du processus de réconciliation entre les populations de Mindanao. Il est certain, selon lui, que si repentance et pardon sont négligés, aucun accord sur les questions politiques, économiques ou culturelles ne tiendra car “les blessures infligées par la guerre à Mindanao ne seront pas guéries”. Plusieurs siècles de conflits, qui s’enracinent dans la résistance du peuple moro aux invasions et une aspiration à l’autonomie, ont provoqué “des blessures de l’esprit” qui ne peuvent être soulagées que par “une guérison sociale, la repentance et le pardon comme cela est écrit dans la Bible et le Coran, a souligné le responsable catholique.

Plus immédiatement, les responsables de la Conférence ont demandé à la présidence de s’inspirer des expériences réussies de réconciliation entre musulmans et chrétiens à Mindanao afin que celles-ci soient généralisées et soient éventuellement transcrites en projet législatif sur l’éducation à la paix.

Enfin, au cours de l’entrevue avec la présidente, Mahid Mutilan a recommandé qu’un ouléma ou un “alim” philippin, diplômé d’une université du Moyen-Orient, soit affecté à chacune des ambassades philippines des pays du Golfe. Parlant couramment arabe, une telle personne pourrait, a estimé le responsable musulman, soutenu en cela par les responsables chrétiens, “aider le gouvernement à gérer de futures crises” concernant des travailleurs philippins émigrés dans cette région du monde. Voyant dans la proposition “une bonne idée la présidente a remercié Mahid Mutilan pour l’aide fournie dans l’affaire Angelo de la Cruz, ce chauffeur de camion philippin enlevé par des islamistes en Irak, menacé de mort et finalement libéré après le retrait du contingent de l’armée philippine engagé dans la coalition américaine. Le 9 juillet, Mahid Mutilan était intervenu sur les télévisions arabes du Golfe pour demander la vie sauve pour l’otage philippin.