Eglises d'Asie

La huitième Assemblée plénière de la FABC plaide pour une réorientation de la pastorale en direction de la famille

Publié le 18/03/2010




Réunis à Daejeon, en Corée du Sud, plus de 80 cardinaux et évêques et plusieurs dizaines de prêtres, religieuses et responsables laïcs ont pris part à la huitième Assemblée plénière de la FABC (Fédération des Conférences épiscopales d’Asie) dont le thème était consacré à la famille : “La famille asiatique vers une culture de la vie” (1L’assemblée s’est tenue du 17 au 23 août dernier et s’est conclue par la rédaction d’un long document final centré sur la pastorale de la famille. “La pastorale familiale doit mettre au centre les familles en tant qu’acteurs de l’évangélisation, de façon que cette pastorale ne soit pas seulement pour les familles mais par les familles affirme le document final.

Tout au long des échanges, les participants ont débattu des défis auxquels les familles font face en Asie aujourd’hui. Dans le contexte actuel de changements rapides dans les domaines culturel, scientifique, technique ou économique, il est urgent de replacer la famille au centre de la pastorale car c’est elle qui est affectée en premier lieu par ces changements, peut-on lire en substance dans le document.

Ainsi, la mondialisation économique provoque l’exode rural de familles entières car les paysans ou les artisans ne peuvent être compétitifs face aux produits importés ou produits localement par les grandes entreprises. Des millions de familles sont ainsi transplantées dans des bidonvilles, à la recherche de quoi vivre. Ailleurs, les besoins de la famille amènent les parents à s’expatrier pour assurer un certain bien-être matériel et payer l’éducation des enfants. A cela s’ajoutent les conséquences induites par la mondialisation de la culture et des modes de vie. “Une culture technologique émerge rapidement qui déracine les familles de leur environnement culturel traditionnel et favorise la création de sociétés urbaines anonymes. Les valeurs de ces sociétés nouvelles, issues du néo-libéralisme, du sécularisme, du matérialisme, de l’hédonisme et du consumérisme, sont étrangères aux cultures imprégnées de religion de l’Asie précise le rapport final.

De ces bouleversements naissent de nouvelles formes de familles : les mariages entre conjoints issus de religions ou de cultures différentes, les familles monoparentales ou bien encore les revendications des personnes homosexuelles. L’apparition et la visibilité de ces phénomènes fragilisent la notion traditionnelle de famille asiatique, liée à une lignée et caractérisée par la force de ses liens. “Si l’émergence de cette culture nouvelle apporte certainement de nombreuses contributions positives à notre monde, elle représente aussi un défi aux familles d’Asie en terme d’évangélisation et elle ne doit pas s’opposer à une culture intégrale de la vie analyse encore le rapport.

Plus concrètement, les délégués se sont penchés sur certains aspects culturels, tels le patriarcat dans les familles et les sociétés. Les évêques ont proposé le Lavement des pieds comme attitude à suivre, indi-quant que le Christ avait par ce geste montré à ses disciples la véritable nature de “l’autorité paternel-le”. Ils ont aussi souligné les lents progrès vers une relation plus égale dans le couple entre l’homme et la femme, déplorant toutes les formes de violence conjugale et d’oppressions dont les femmes et les enfants peuvent être victimes. Des situations qui “crient pour une réponse pastorale adéquate”.

S’agissant du rôle plus spécifique de la famille dans l’évangélisation, les délégués ont souligné que l’Eglise commençait “à la maison, pas à la paroisse”. Dans cette perspective, leur réflexion a consisté à considérer la famille non pas seulement comme “un objet à évangéliser” mais comme “le sujet d’une mission propre orientée vers elle-même et vers l’extérieur”. La pastorale de la famille doit donc inclure “notre souci habituel de la contraception, de l’avortement, de l’euthanasie, de la régulation naturelle des naissances, de la catéchèse avant et après le mariage [.] mais cette pastorale doit aussi avoir à cour de préparer les couples et les familles à faire face aux défis de la pauvreté, de la migration, de la jeunesse, de l’environnement, de la mondialisation écrivent les délégués dans leur rapport final, qui insiste sur une pastorale adaptée aux besoins divers des familles dans leur diversité. L’Assemblée plénière indique que c’est aux Eglises locales de définir leurs priorités et d’agir en conséquence.

Enfin, les évêques et les délégués à l’Assemblée plénière ont déploré l’absence de représentants de l’Eglise de Chine. Ils ont exprimé leur souci et leur affection pour les familles catholiques de Chine populaire et de Corée du Nord.