Eglises d'Asie

La ministre-présidente du Madhya Pradesh est arrêtée par la police du Karnataka après 29 mandats d’arrêt lancés contre elle depuis dix ans

Publié le 18/03/2010




Une des porte-parole des thèses les plus extrêmes du nationalisme hindou, la ministre-présidente de l’Etat du Madhya Pradesh, Uma Bharti, célèbre pour ses discours violents et enflammés, s’est rendue, le 25 août à la police du Karnataka qui l’a immédiatement internée pour douze jours de détention préventive. Deux jours plus tôt, le 23 août, elle avait présenté sa démission de son poste de ministre-président de l’Etat après qu’un mandat d’arrêt eut été lancé contre elle. La démission avait été envoyée après une réunion du cabinet ministériel, le lundi 23 août 2004, au gouverneur de l’Etat alors même que la police de l’Etat voisin du Karnataka s’était mise en route pour Bhopal où elle devait procéder à son arrestation. Selon un communiqué du ministre de l’Energie, “Bharti ne désirant pas rester ministre-président de l’Etat a exprimé son souhait qu’immédiatement après sa démission, un successeur prenne en charge son poste”. Aussitôt après sa démission, Uma Bharti, a pris le train pour se rendre à 400 km de là, à Hubli, ville du Karnataka où se trouve le tribunal qui a délivré le mandat d’arrêt. La foule de ses partisans est venue l’acclamer à chaque gare transformant ce voyage en cortège triomphal.

Il y a seulement dix mois, lors des élections législatives qui s’étaient déroulées le 1er décembre 2003, dans l’Etat du Madhya Pradesh, le parti nationaliste hindou obtenait 166 sièges à l’Assemblée tandis que le Parti du Congrès subissait un écrasant échec en perdant 86 de ses représentants. Ces résultats avaient été obtenus grâce au profil bas adopté par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), dont la campagne avait été conduite par Uma Bharti, Même si cette dernière n’avait pas quitté pour la campagne électorale sa tunique jaune de religieuse hindoue, contrairement aux précédentes élections où les passions intercommunautaires avaient été volontairement échauffées, cette fois-ci, elle avait soigneusement évité les problèmes religieux pour s’attacher aux questions de développement local et d’administration régionale, un comportement qui avait porté ses fruits (1).

Les faits pour lesquels la police du Karnataka a délivré, au milieu du mois d’août dernier, un mandat d’arrêt remontent à 1994. Uma Bharti avait, à cette époque, bravé un couvre-feu décrété par les autorités locales et fait élever le drapeau de l’Inde sur un lieu de prière réclamé par les hindous et les musulmans. Des heurts violents avaient suivi, provoquant la mort de cinq personnes, pour la plupart tombées sous les tirs de la police destinés à disperser les manifestants. La ministre-présidente actuellement démissionnaire avait été désignée comme la principale responsable. Quatre ans avant ce premier délit, le 6 décembre 1992, avec deux autres personnalités du BJP devenues par la suite Premier ministre et ministre du gouvernement fédéral, elle avait encouragé et incité à l’action des milliers de fanatiques hindous qui avaient démoli la mosquée Babri Masjid, construite à Ayodhya au XVIe siècle, sous le prétexte qu’elle avait été édifiée sur l’emplacement d’un ancien temple hindou. Des heurts entre groupes religieux d’une violence inouïe avaient, par la suite, éclaté dans tout le pays et fait 2000 morts. Les trois personnalités du BJP avaient fait ensuite l’objet d’une enquête judiciaire.

“Je sacrifie ma vie pour l’honneur du drapeau national. Je suis prête à subir la prison a dit l’ancienne ministre-présidente au moment de son incarcération. Selon les commentateurs de la presse indienne, si Uma Bharti s’est soumise à ce mandat d’arrêt qui est le dix-neuvième lancé contre elle, c’est sur la suggestion des hauts responsables du BJP qui espèrent ainsi faire pression sur le Premier ministre fédéral, Manmohan Singh, à qui il est demandé d’éliminer du gouvernement trois ministres mis en accusation pour divers crimes dont un détournement de fonds et un viol.