Eglises d'Asie

Les responsables des Eglises protestantes demandent aux candidats à la présidentielle de s’engager à lutter contre toutes formes de discrimination fondée sur la religion

Publié le 18/03/2010




A l’occasion d’une réunion rassemblant les principaux responsables des Eglises protestantes du pays, les candidats à l’élection présidentielle – dont le second tour est prévu pour le 20 septembre prochain – se sont vu demander de s’engager à lutter contre toutes formes de discrimination fondée sur la religion. Dans un communiqué, les responsables chrétiens ont déclaré que “dans de nombreux cas, nous avons constaté que la tolérance religieuse était un slogan vide”. Selon eux, le radicalisme croissant constaté dans la société indonésienne a mené à des conflits entre communautés, un phénomène contraire à la nature plurielle de la nation. “Nous regrettons le fait que le radicalisme qui a provoqué des conflits entre fidèles de différentes religions n’a jamais été combattu ont-ils ajouté, en référence aux conflits mal cicatrisés des Moluques ou de Célèbes. Les dirigeants chrétiens étaient réunis à Jayapura, en Papouasie occidentale, les 24 et 25 août derniers.

Le pasteur Herman Saud, président du Synode chrétien, la structure rassemblant les Eglises protestantes du pays, a précisé que les inquiétudes des chrétiens avaient été présentées directement aux candidats à la présidentielle. “Ainsi, si l’un ou l’autre est élu, ils pourront répondre à nos soucis a-t-il ajouté. Megawati Sukarnoputri, la présidente sortante, et Jusuf Kalla, le colistier de Susilo Bambang Yudhoyono, avaient fait le déplacement de Jayapura et ont rencontré séparément les responsables du Synode chrétien. A l’issue du premier tour des présidentielles, le 5 juillet dernier, le ticket Susilo Bambang Yudhoyono – Jusuf Kalla est arrivé en tête avec 33,58 % des voix, devant le ticket Megawati Sukarnoputri – Hasyim Muzadi, avec 26,24 % des suffrages.

Concrètement, les protestants demandent au gouvernement de supprimer un règlement exigeant de toute communauté religieuse désireuse d’édifier un lieu de culte qu’elle consulte au préalable les autorités civiles et les autres communautés religieuses. Selon eux, ce règlement est devenu l’outil d’une discrimination subtile mais réelle des chrétiens étant donné que ces derniers se voient quasiment toujours refuser les permis de construire qu’ils déposent et que ces refus sont exprimés lors de la phase de consultation. Des protestants ont également fait part à la présidente et à Jusuf Kalla de leur inquiétude quant à l’application de la charia dans le pays.

En réponse, Megawati Sukarnoputri a affirmé qu’elle restait fermement attachée aux principes exprimés dans la Constitution de 1945 et à travers le pancasila, système idéologique forgé pour permettre la cohabitation harmonieuse entre une majorité de musulmans et d’importantes minorités religieuses (les chrétiens représentent environ 10 % des 215 millions d’Indonésiens). “Ce sont là les principes fondamentaux de nos vies. Nous ne changerons pas les fondations du pays a assuré la présidente sortante.

Jusuf Kalla, pour sa part, a déclaré aux responsables chrétiens que la question de la charia ne devait pas être l’objet d’une obsession. “La charia ne concerne que les musulmans, de la même façon que le christianisme requiert de ses fidèles d’aller à l’église. Nous ne devons pas considérer cette question d’une façon trop étroite a-t-il dit. Le ticket Susilo – Kalla, en tête dans les sondages, est soutenu, entre autres, par le Parti du croissant et de l’étoile, formation militant pour l’application de la charia au plan national, ainsi que par le Parti de la justice et de la prospérité, parti islamique modéré qui a réussi une percée remarquée dans la région de Djakarta lors des élections législatives du mois d’avril dernier.