Eglises d'Asie

Les responsables religieux demandent à l’armée de faire preuve de retenue afin de ne pas entraver le développement de la démocratie

Publié le 18/03/2010




Le 25 août dernier, les responsables des grandes religions présentes dans le pays ont solennellement demandé à l’armée de ne pas interférer dans la vie politique du pays pour préserver le développement de la démocratie. Cette demande a été présentée au général Endriartono Sutarto, chef d’état-major des TNI, initiales par lesquelles l’armée est désignée, au cours d’un entretien qui s’est déroulé dans les locaux de l’état-major. Ahmad Syafii Maarif, président de la Muhammadiyah, une des deux plus importantes organisations musulmanes de masse d’Indonésie, a déclaré à la presse à l’issue de l’entrevue : “Lors de notre entretien, nous avons demandé au chef des TNI de nous garantir qu’il pourrait maintenir la sécurité et la stabilité politique en restant neutre lors des élections à venir.” Les électeurs indonésiens se rendront aux urnes le 20 septembre prochain pour le second tour de l’élection présidentielle.

Toutes les grandes religions étaient représentées à cet entretien : la Nahdlatul Ulama et la Muhammadiyah pour les musulmans, la Communion des Eglises d’Indonésie pour les protestants, la Conférence des évêques pour les catholiques, la Communauté confucéenne indonésienne (Matakin), la Conférence bouddhiste de la sangha d’Indonésie (KASI) ainsi que le Prajaniti Hindu Indonesia.

Selon le président de la Muhammadiyah, le général Endriartono a promis que les militaires se montreraient impartiaux et que tout soldat désobéissant à cet ordre serait puni. “L’affaire d’Al-Zaytun avait semé le trouble dans l’opinion publique quant à la neutralité de l’armée dans l’élection présidentielle a rappelé Ahmad Syafii Maarif, en référence à l’utilisation indue de 21 camions militaires le 5 juillet dernier, lors du premier tour de la présidentielle, pour transporter plusieurs centaines de civils au bureau de vote situé dans l’école coranique Al-Zaytun, à Indramayu, à Java-Ouest. L’incident avait fait couler beaucoup d’encre, les électeurs ainsi transportés ayant été “conviés” à voter pour l’ex-général Wiranto, qui a cependant échoué à se hisser au second tour.

Les responsables religieux ont par ailleurs demandé au chef d’état-major de faire en sorte que le vote d’une loi concernant l’armée, actuellement discutée au Parlement, ne soit pas utilisé pour tenter de redonner un rôle politique aux TNI. Après la chute de Suharto en 1998 et la démocratisation des institutions qui a suivi, l’armée s’est vue peu à peu retirer les leviers qui lui permettaient jusqu’alors de jouer un rôle politique, mais la crainte de voir les généraux jouer à nouveau un rôle important en politique est vive.

L’entrevue des responsables religieux avec le général Endriartono s’inscrivait au sein des initiatives prises par les responsables religieux du pays à l’occasion des élections. Réunis dans une structure baptisée : “Cadre de base pour l’unité nationale” (KKM), les responsables religieux ont rencontré les candidats au second tour de la présidentielle, la présidente sortante Megawati Sukarnoputri et son adversaire Susilo Bambang Yudhoyono. Ils défendent un programme centré sur l’éradication de toutes formes de corruption et de discrimination, l’élimination de la pauvreté et la défense de l’unité nationale et de la sécurité pour le développement d’une Indonésie démocratique.