Eglises d'Asie

Un projet de loi visant à limiter la taille des familles à deux enfants par couple rencontre la vive opposition de l’Eglise catholique

Publié le 18/03/2010




Dans la longue histoire de l’opposition de l’Eglise catholique aux mesures gouvernementales visant à contrôler l’augmentation de la population aux Philippines (1), un nouvel épisode s’est ouvert avec l’examen, le 27 juillet dernier, en première lecture à la Chambre des représentants d’un projet de loi intitulé : “Loi sur la santé reproductive”. Introduit par le représentant Edcel Lagman et rapidement surnommé “La loi pour la famille de deux enfants le texte prévoit d’accorder des avantages aux couples limitant le nombre de leurs enfants à deux. Le 3 août, Mgr Oscar Cruz, président du Comité sur le mariage, de la Conférence des évêques, a vivement réagi, appelant les législateurs à ne pas voter pour ce texte et les citoyens à ne pas voter pour ceux de leurs représentants qui auraient voté le texte.

Le projet de loi stipule que l’Etat philippin “encourage la famille de deux enfants comme la famille de taille idéale”. Pour ce faire, préférence sera donnée aux familles de deux enfants par le biais de bourses d’études. Le gouvernement devra également se doter d’une politique “intégrée et complète” en matière de santé reproductive. Plus spécifiquement, l’industrie pharmaceutique produisant des outils de planification des naissances sera encouragée par des exemptions fiscales. L’ensemble des mesures sera supervisé par un Conseil de gestion de la population et de la santé reproductive, doté d’un budget initial de 100 millions de pesos (1,43 million d’euros). Dans leur introduction, les rédacteurs du projet de loi estiment que les faiblesses du pays en matière d’éducation, de santé, de services sociaux et de sous-emploi sont dues à la “surpopulation” et citent à l’appui de leur thèse l’accroissement de la population, passée de 1990 à 2004 de 60,7 millions à 82,6 millions de personnes.

Dans son argumentaire pour contrer ce nouveau projet de loi, Mgr Capalla, président de la Conférence épiscopale, dit que la logique sous-tendant ce texte est “simpliste” lorsqu’elle assume que “la croissance de notre population est la cause de la pauvreté de la nation et qu’il y a tout simplement trop de monde pour trop peu de ressources”. Selon l’archevêque, les causes de la pauvreté sont à chercher ailleurs et il cite à ce propos “la corruption et la concussion dans la fonction publique, la mauvaise qualité des services de santé et d’éducation, la répartition injuste et inéquitable de la terre et des autres ressources naturelles, le chômage massif et la charge représentée par le service d’une dette étrangère onéreuse”. Il affirme que “la politique des deux enfants cache mal la mise en place d’un système coercitif qui enfreint la liberté de conscience et le droit naturel des couples à choisir le nombre d’enfants qu’ils souhaitent avoir”. Citant la position de l’Eglise sur le sujet, à savoir “l’exercice par les couples d’une paternité responsable Mgr Capalla renvoie le gouvernement “à sa propre sphère de responsabilité le développement du pays, avant de chercher à “s’attaquer au sanctuaire de chacun des foyers philippins”.

Les observateurs notent que la présidente Gloria Arroyo, qui se présente devant ses concitoyens comme une catholique fervente, a choisi de ne pas se prononcer à propos ce projet de loi, laissant des parlementaires monter en première ligne.