Eglises d'Asie

A la frontière vietnamo-cambodgienne, le Haut Commissariat aux réfugiés s’occupe activement d’accueillir les Montagnards des Hauts Plateaux fuyant la répression policière vietnamienne

Publié le 18/03/2010




Depuis les troubles qui ont agité les Hauts Plateaux, durant le week-end de Pâques, cette année, l’exode des Montagnards de cette région se poursuit en direction du Cambodge, où, depuis quelques temps, les autorités sont devenues plus accueillantes pour eux. Aux dernières nouvelles, depuis les troubles, environ quatre cent réfugiés montagnards auraient été accueillis par le Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU à Phnom Penh. Les uns ont été transportés par avion depuis la frontière vietnamo-cambodgienne, les autres sont parvenus à la capitale du Cambodge par leurs propres moyens.

Récemment, le 12 septembre, l’antenne du Haut Commissariat au Cambodge a annoncé qu’il allait entamer une troisième mission dans la région Nord-Est du Cambodge pour porter assistance aux Montagnards vietnamiens fuyant la répression du gouvernement vietnamienne. Des centaines d’entre eux, après avoir passé la frontière, se cacheraient dans les forêts de la province de Ratanakiri, dans l’intention d’obtenir la protection des Nations Unies et de demander asile à un troisième pays.

Les autorités vietnamiennes considèrent les Montagnards comme des déserteurs ayant quitté illégalement leur patrie et reprochent au Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) de les attirer au Cambodge en leur faisant miroiter la possibilité de s’établir dans un pays tiers. Le pouvoir cambodgien est, lui, soucieux de maintenir de bonnes relations avec son puissant voisin vietnamien. Les premiers Montagnards arrivés à la frontière cambodgienne ont été considérés comme des immigrants illégaux et certains rapports laissent entendre que plusieurs ont été ramenés manu militari vers le Vietnam. Il a fallu une puissante pression internationale pour que le gouvernement cambodgien se résolve à adoucir les mesures draconiennes prises, au début de l’exode, à l’encontre des Montagnards. Le 11 juin, le ministère cambodgien des Affaires étrangères annonçait son intention d’assouplir sa politique à l’égard des Montagnards réfugiés (1). Ces nouvelles dispositions étaient confirmées le 14 juin par le ministre de l’Intérieur après des entretiens qu’il précisait avoir eu avec des diplomates américains et canadiens. A cette époque, il y avait 84 réfugiés déjà accueillis par le HCR et, selon la presse locale, quelque 168 autres se cachaient dans la forêt.

Le 3 juillet suivant, des directives données par le roi Norodom Sihanouk lui-même allait précipiter encore le retournement de la politique cambodgienne. Le Vice-Premier ministre Kong Som Ol recevait du souverain un message lui demandant d’envoyer de la nourriture, du riz, du poisson salé, des dollars aux Montagnards en difficulté dans la province de Ratanakiri. Leur nombre était alors d’environ 250. Permission était donnée aux associations humanitaires et au HCR d’aller les récupérer dans la zone frontalière où ils se cachaient. Le 23 juillet, on annonçait que 181 d’entre eux avaient été sauvés par des fonctionnaires de l’ONU et des membres d’ONG humanitaires, un chiffre qui aujourd’hui s’élève à plus de 400.

Cette politique du HCR a été vivement critiquée par le Vietnam qui, pour sa part, continue la répression et poursuit la recherche des responsables des troubles du week-end de Pâques 2004. Le 25 juillet, le porte-parole du ministère vietnamien des Affaires étrangères affirmait : “Le HCR a tort et son action ne fait que servir les intérêts des forces hostiles au Vietnam incitant des gens ordinaires qui vivent paisiblement sur les Hauts Plateaux à fuir illégalement au Cambodge, déstabilisant la sécurité le long de la frontière vietnamo-cambodgienne et violant la souveraineté du Cambodge.”