Eglises d'Asie

Aux Moluques, les programmes d’aide aux réfugiés sont minés par la corruption, déplore l’évêque du diocèse catholique d’Amboine

Publié le 18/03/2010




Aux Moluques, le problème des réfugiés restera préoccupant tant que la corruption dont les réfugiés sont victimes ne sera pas éradiquée, a déclaré l’évêque du diocèse catholique d’Amboine. Recevant la presse le 20 août dernier, Mgr Petrus Canisius Mandagi a assuré que le problème subsisterait tant que l’argent destiné à la réinsertion des réfugiés ne leur parviendrait pas. Pour l’évêque, également responsable de la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence des évêques d’Indonésie, quelle que soit l’importance des fonds alloués à la réinstallation des réfugiés dans leur domicile d’origine, le problème ne pourra pas être réglé sans un minimum d'”honnêteté” de la part de ceux qui sont responsables de la gestion de ces fonds. Tout en exprimant l’espoir de voir la situation assainie, le prélat a demandé au gouvernement de prendre des mesures pour prévenir “toute atteinte aux droits des réfugiés sous peine de voir surgir un nouveau conflit” (1

Aux Moluques, les affrontements entre chrétiens et musulmans de 1999 à 2002 ont fait 6 000 morts et déplacé plusieurs centaines de milliers de personnes, dont des dizaines de mille vivent encore dans des conditions précaires, aux Moluques même ou ailleurs. Selon les informations données par Mgr Mandagi, le gouvernement central s’apprête à débloquer 400 milliards de roupies (34,5 millions euros) cette année pour régler le problème. “Mais il nous faut être vigilants et faire en sorte que cet argent ne soit pas détourné par certains fonctionnaires a-t-il averti.

Au milieu du mois d’août, les journaux d’Amboine, chef-lieu de la province des Moluques, ont rapporté que les députés de la province avaient officiellement demandé au gouverneur Karel Albert Ralahalu de remplacer le responsable du Bureau d’aide sociale moluquois, soupçonné de corruption. Pour Mgr Mandagi, le problème ne vient cependant pas uniquement des fonctionnaires ; les entrepreneurs privés doivent également être tenus pour responsables de la persistance de cette situation : “Ils n’ont certes pas à perdre de l’argent avec ces travaux mais n’ont pas le droit pour autant de mettre la vie des réfugiés en danger.”

L’évêque à également parlé des réfugiés eux-mêmes : “Certains trichent. Ils demandent des secours alors qu’ils ont déjà reçu leurs indemnités. D’autres n’utilisent pas cet argent pour construire une maison mais font la fête, boivent ou voyagent.” Selon le Jakarta Post du 20 août, des réfugiés qui ont reçu une maison du gouvernement ne l’habitent pas mais la louent ou la laissent vide.

D’après les données fournies pas le Bureau des affaires sociales de la province des Moluques, près de 70 051 familles, soit 331 979 personnes, ont fui le théâtre des combats depuis leur début, en 1999. Parmi eux, 174 570 ont été réinsérés alors que 36 378 familles, soit 164 189 personnes, restent encore disséminées dans et hors des Moluques. Le gouvernement a consacré des centaines de milliards de roupies à les rapatrier et les reloger. En 2003, 176 milliards de roupies ont été prélevés à cet effet sur le budget national et une aide supplémentaire de 18 milliards a été débloquée. Mais, selon le Jakarta Post, des milliers de réfugiés n’ont encore rien reçu et les rumeurs sont légion à propos de fonctionnaires locaux soupçonnés de détournements de fonds.