Eglises d'Asie

Avec sept mois d’avance, les autorités mettent un terme à la peine de résidence surveillée d’un dirigeant historique du bouddhisme hoa hao

Publié le 18/03/2010




vietnamienne d’information a annoncé, le 24 août dernier, que le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville avait décidé de mettre un terme, avec sept mois d’avance, à la peine de résidence surveillée de 24 mois à laquelle avait été condamné, le 17 mars 2003, le dirigeant hoa hao dissident, Lê Quang Liêm, aujourd’hui âgé de 84 ans. Avant cette dernière condamnation, il avait déjà purgé deux ans de résidence surveillée, peine qui lui avait été infligée au mois de mars 2001. Le Comité populaire de Hô Chi Minh-Ville a justifié cette remise de peine en affirmant que le dirigeant hoa hao s’était engagé à abandonner toute activité oppositionnelle.

Le lendemain de cette annonce, une nouvelle recueillie par téléphone à Hô Chi Minh-Ville par Radio Free Asia informait que le principal intéressé, Lê Quang Liêm, était hospitalisé depuis une semaine, sous la garde de la police, et que ni lui, ni sa parenté n’était au courant de la grâce qui lui avait été accordée. Cela n’empêchait pas un représentant du ministère des Affaires étrangères, Lê Dung, d’annoncer à nouveau, le 26 août, le raccourcissement de sa peine en raison de sa bonne conduite.

Lê Quang Liêm est un dirigeant historique de la jeune secte du bouddhisme hoa hao. Lors du changement de régime en 1975, il était président du Comité central de cette religion, poste auquel il avait été élu en 1972. Lorsque le 26 mai 1999, le Bureau des affaires religieuses du gouvernement et le Front patriotique avaient patronné et animé le premier congrès de la religion hoa hao depuis la prise de pouvoir communiste, il avait été soigneusement exclu du Comité de représentants de onze membres, dirigé par Nguyên Van Tôn, auquel participaient un certain nombre de membres du parti (1). Il se lançait alors dans une lutte acharnée pour la liberté religieuse. En septembre 1999, il avec le P. Chân Tin pour les catholiques, Trân Quang Châu pour le confucianisme, le vénérable Thich Quang Dô pour le bouddhisme (2), il signait un texte intitulé : “Appel des religions pour la liberté religieuse au Vietnam mis en circulation sur le réseau Internet (3). Dans un texte incendiaire publié le 1er décembre 1999, Lê Quang Liêm dénonçait l’oppression que les autorités exerçaient sur la population de la province de An Giang, composée presque exclusivement de fidèles hoa hao. Par ses exactions, ses pratiques discriminatoires, le clan qui détenait le pouvoir dans cette région, disait-il, faisait régner la terreur sur l’ensemble des habitants de la province. Le même appel accusait le pouvoir communiste de mener une campagne de calomnies contre le bouddhisme hoa hao en faisant publier dans l’organe de la police Sécurité mondiale des articles dénigrant cette religion et son fondateur (4).

Malgré son âge, le vieux dirigeant hoa hao n’a jamais cessé sa lutte. Grâce à des interviews accordées à des agences étrangères, il a soutenu les diverses manifestations des fidèles hoa hao pour leur indépendance (5) et apporté son soutien au mouvement lancé par le P. Ly pour la liberté religieuse (6). Le 17 mars 2001, il s’était mêlé à un grand rassemblement de fidèles hoa hao dans le parc Lê Van Tâm, à Hô Chi Minh-Ville. Munis de pancartes, de bidons d’essence et de coton, ils avaient l’intention d’organiser une immolation collective par le feu pour protester contre la persécution religieuse. Lê Quang Liêm, avec quelques autres, fut arrêté, gardé pendant trente heures dans les locaux de la police, puis escorté jusqu’à sa demeure après avoir été informé qu’il faisait l’objet d’une mesure d’assignation à résidence pour deux ans. Cette assignation avait été renouvelée en mars 2003.