Eglises d'Asie

Des religieux bouddhistes de Huê sont empêchés d’aller rendre visite à leur patriarche en résidence surveillée dans la province de Binh Dinh

Publié le 18/03/2010




Divers signes montrent que malgré certaines marques de libéralisme accordées par elles à d’autres catégories de dissidents, les autorités ne sont pas encore disposées à desserrer le contrôle strict qu’elles exercent sur le bouddhisme unifié et tout particulièrement sur le patriarche, le vénérable Thich Huyên Quang, et son second Thich Quang Dô.

A l’occasion de la fête du Vu Lan (la fête du pardon des trépassés), la communauté religieuse (sangha) du bouddhisme unifié de Huê avait projeté de rendre visite au patriarche, le vénérable Thich Huyên Quang, en résidence surveillée dans le monastère Nguyên Thiêu, de la province de Binh Dinh. La visite des religieux de Huê avait été prévue pour le 2 septembre 2004. Déjà un accord était intervenu avec des conducteurs de voitures qui devaient les transporter. Cependant, la veille du départ, le 1er septembre, la police s’est rendue dans les maisons des chauffeurs avec un ordre leur interdisant de transporter les religieux. Dans le cas où ils n’obtempéreraient pas, ils se verraient confisquer leur permis de conduire et feraient l’objet d’un certain nombre d’autres sanctions. Les conducteurs ayant averti leurs commanditaires, le religieux chargé de l’organisation du voyage essaya d’aller trouver d’autres conducteurs. Mais ces derniers reçurent les mêmes recommandations de la police. Le même jour, des agents de la circulation et de la Sûreté, en civil comme en uniforme, avaient été postés en grand nombre autour des diverses pagodes de Huê. Le téléphone de certains religieux avait été coupé.

Durant toute une période, le vénérable Thich Huyên Quang avait semblé être rentré dans les bonnes grâces des autorités communistes d’une façon spectaculaire – le 2 avril 2003, il avait été reçu officiellement par le Premier ministre (1). Un revirement s’était produit quelques mois plus tard. Il avait été arrêté à nouveau à la fin du mois de novembre 2003 aux alentours de Nha Trang, alors qu’il revenait avec une délégation de religieux d’une assemblée générale de la hiérarchie du bouddhisme unifié. Depuis lors, les deux hauts responsables du Bouddhisme unifié continuent d’être soigneusement isolés dans leurs pagodes respectives. Thich Huyên Quang, assigné à résidence dans la pagode Nguyên Thiêu du Binh Dinh, continue cependant d’accomplir les obligations attenant à sa charge. A l’occasion de la fête du Vu Lan, il a envoyé un message aux fidèles bouddhistes (2). Son second, Thich Quang Dô, âgé de 76 ans et souffrant de diverses maladies, avait été, à son retour à Hô Chi Minh-Ville, conduit à l’hôpital avant d’être placé en arrestation dans sa propre cellule monastique, à son monastère de Thanh Minh Thiên.

Le religieux de Huê qui a transmis ces nouvelles dans une correspondance électronique, intitulée « Nouvelles de Huê conclut son message, en affirmant que la police, en empêchant des religieux d’aller rendre visite à leur patriarche, avait accompli une action contraire à la simple humanité et à la tradition vietnamienne de vénération. Et il se demande si des ordres en ce sens ont été donnés à la police de Huê par les hauts dirigeants du Parti.