Eglises d'Asie

Les responsables religieux condamnent l’attentat commis devant l’ambassade d’Australie à Djakarta

Publié le 18/03/2010




Très rapidement après l’attentat commis le 9 septembre dernier devant l’ambassade d’Australie à Djakarta, lequel a fait neuf morts et près de deux cents blessés, les principaux responsables religieux du pays ont condamné l’action terroriste, affirmant leur sollicitude pour les victimes et leur désir de ne pas se laisser entraîner dans une spirale de la violence.

Les deux principales organisations musulmanes de masse, la Nahdlatul Ulama et la Muhammidiyah, ont chacune de leur côté condamné l’attentat, le qualifiant d’“attaque terroriste barbare”. L’une et l’autre ont demandé à la police d’intensifier les recherches pour retrouver les coupables. Le président de la Nahdlatul Ulama, Masdar Farid Mas’udi, a ajouté que certains pays, Etats-Unis, Royaume-Uni et Australie en tête, devraient avoir à cour de réexaminer leur politique. “Que certains aient le sentiment de détenir le monopole de la vérité et de la force ne profite à personne, si ce n’est aux terroristes a-t-il déclaré. Par ailleurs, des organisations musulmanes connues pour leurs revendications extrémistes ont fait savoir publiquement leur rejet du terrorisme. Quelques centaines de militants du Hizbut Tahrir, mouvement connu jusqu’alors pour ses positions antiaméricaines et son hostilité à l’intervention des Etats-Unis en Afghanistan et en Irak, ont manifesté le 11 septembre à Djakarta sous la banderole : “L’islam rejette le terrorisme”. “Nous sommes pour l’adoption de la charia, mais par des moyens pacifiques a déclaré l’un de ses représentants, qui a ajouté que l’attentat du 9 septembre pouvait très bien avoir été perpétré par un ou des groupes cherchant à déstabiliser le pays tout en discréditant l’islam. Enfin, le Parti pour la justice et la prospérité (PKS), qui fait campagne pour l’introduction de la charia dans la Constitution, a condamné l’action terroriste tout en mettant en garde contre la tentation d’établir un lien entre l’attentat et “une religion en particulier”.

Du côté des chrétiens, la Conférence des évêques catholiques d’Indonésie a publié un communiqué le 10 septembre pour dire la “tristesse” des responsables de l’Eglise. Exprimant leurs condoléances aux familles des victimes, les évêques ont ajouté : “Puissent ceux qui ont planifié et exécuté [cet attentat], ainsi que ceux qui ont de la sympathie pour eux, réaliser au plus tôt que la violence n’est pas la solution aux problèmes auxquels l’humanité est confrontée.” Ils poursuivaient en appelant “tous et toutes à dénoncer le terrorisme et la violence. Le terrorisme et la violence ne peuvent être stoppés que si de plus en plus de personnes, quelle que soit leur origine, rejettent ensemble [les terroristes]. Le recours à des bombes en particulier et à la violence en général est (.) véritablement un acte contre l’humanité.” Le second tour des élections présidentielles approchant – il est prévu pour ce 20 septembre -, les évêques ont enfin appelé à ce que “personne ne cherche à tirer un profit politique” de l’attentat.

Pour les protestants, le pasteur Nathan Setiabudi, président de la Communion des Eglises (protestantes) en Indonésie, a lui aussi fermement condamné l’action terroriste. Affirmant que de telles actions doivent être empêchées, il a mis en garde contre le risque de généralisation, au cas où les auteurs de l’attentat revendiquent leur action au nom d’une certaine religion. “Cette action n’a rien à voir avec la religion car aucune religion n’enseigne à ses fidèles de s’adonner à la violence a-t-il déclaré.

Quelques heures après l’attentat, le général Da’i Bachtiar, responsable national de la police, a déclaré que le mode opératoire des terroristes était similaire à celui des attentats commis le 12 octobre 2002 à Bali (1) et le 2 août 2003 dans un grand hôtel de Djakarta (2). Cet élément permettrait d’imputer la responsabilité de l’attentat du 9 septembre à la Jemaah Islamiyah, réseau terroriste régional, dont plusieurs membres sont sous les verrous en Indonésie (3). La veille de l’attentat, le 8 septembre, un tribunal de Sumatra avait condamné à trois ans de prison un homme pour son rôle dans la série d’explosions à la bombe ayant eu lieu à la veille de Noël 2002, attentats qui avaient fait dix-neuf morts (4). Selon la police, cet homme, Zusfriyus bin Yunus, alias Datok Rajo Ameh, est lié à la Jemaah Islamiyah.