Eglises d'Asie – Indonésie
Papouasie occidentale : les responsables chrétiens font part aux candidats à la présidentielle du besoin de justice et de démocratie dans la province
Publié le 18/03/2010
Dans la déclaration présentée aux candidats, les responsables chrétiens ont dit vouloir non seulement présenter les vues des diverses communautés de la province mais aussi adresser un appel aux futurs gouvernants pour un renforcement de la démocratie. « Nous constatons l’existence d’un profond fossé entre le gouvernement et le peuple. Certaines politiques prêtent tant à confusion qu’elles nous amènent à nous demander si le gouvernement sert le peuple ou bien si le contraire ne prévaut pas ont dit les évêques et les pasteurs qui ont expliqué que la loi aujourd’hui en Indonésie semblait ne pas servir le peuple mais les intérêts d’un certain groupe. Au sujet de ce qu’ils perçoivent comme une montée du radicalisme religieux dans le pays, les responsables chrétiens ont noté « que dans certains cas la mise en avant de la tolérance n’est qu’un slogan creux ».
Dans sa réponse, Jusuf Kalla a estimé que les conflits interreligieux étaient provoqués par l’injustice et la pauvreté, la religion étant utilisée comme paravent pour masquer des conflits d’une autre nature. Concernant l’augmentation de la corruption et du népotisme dénoncée par les responsables chrétiens, le colistier de SBY a à son tour posé une question : « Comment se fait-il qu’un pays où la pratique religieuse est si importante connaisse de tels niveaux de corruption, de collusion et de népotisme ? »
Megawati pour sa part a répondu que les maux évoqués par les responsables chrétiens étaient liés à un contexte préexistant à 1999, date de son accession à la vice-présidence de la République, et à 2001, date depuis laquelle elle est présidente. Elle a demandé que le chemin parcouru depuis soit considéré, plutôt que de ressasser de vieilles histoires. Elle a assuré que la Papouasie serait une priorité de son gouvernement au cas où elle serait réélue et, pour cela, elle a demandé le soutien de la population de la province.
Quelques jours plus tard, le 3 septembre, la Commission nationale des droits de l’homme, organe indépendant du gouvernement, a rendu public un rapport accusant les forces armées d’avoir commis « de graves violations des droits de l’homme » en Papouasie occidentale, notamment à l’occasion de deux incidents distincts, en juin 2001 dans le district de Wasior et en avril 2003 dans celui de Wamena (1). En réponse à des activités de séparatistes papous, l’armée avait recouru « à la torture, à des exécutions sommaires et des arrestations massives ». Les conclusions de la Commission devaient être transmises au procureur général pour « un complément d’enquête ». Les accusations portées contre les agissements de l’armée en Papouasie sont récurrentes. On se souvient que sept militaires ont été condamnés à des peines de prison pour le meurtre du leader indépendantiste papou Theys Eluay en novembre 2001 (2).