Eglises d'Asie

Pour la troisième fois en quatre ans, une école catholique a été détruite par des rebelles maoïstes

Publié le 18/03/2010




A Gorkha, dans le centre-ouest du pays, une école catholique, l’école pour garçons Saint Joseph, a été détruite par la rébellion maoïste. Le 12 septembre dernier, à la nuit tombée, un groupe de sept rebelles maoïstes, âgés de 18-20 ans, s’est fait remettre les clefs de l’établissement et y a fait exploser une bombe de forte puissance, avant de disparaître à la faveur de l’obscurité. Menée sous la menace d’armes à feu, l’action n’a pas fait de victimes, le gardien et le P. Denis D’Souza, principal de l’école, n’ayant pas été battus par les rebelles. « La façon la plus adéquate de décrire les lieux tels qu’ils se présentent aujourd’hui, a déclaré le lendemain le P. D’Souza, est de dire que tout est détruit. Nous n’avons rien pu sauver. »

Ouverte en 1995, située sur les collines des contreforts himalayens, l’école Saint Joseph scolarisait environ 300 enfants, pour la plupart les fils de familles pauvres de villages environnants, très majoritairement hindous. Pour Mgr Anthony Sharma, préfet apostolique du Népal, la question se pose désormais de savoir si, oui ou non, il est raisonnable de reconstruire et de rouvrir l’école. En effet, en l’espace de quatre ans, c’est la troisième fois que l’école Saint Joseph à Gorkha est la cible des maoïstes. Le 11 septembre 2000, un commando de rebelles maoïstes avait détruit les meubles et brisé les vitres (1) ; exactement deux ans plus tard, le 11 septembre 2002, une nouvelle attaque des maoïstes s’était traduite par l’incendie des bureaux administratifs et du premier étage de l’école (2) ; cette fois-ci, deux ans et un jour plus tard, les locaux ont été entièrement détruits. L’Eglise du Népal « a demandé des dons partout à travers le monde » pour rouvrir l’école après les attaques de 2000 et 2002, a déclaré Mgr Sharma, dont les parents sont originaires du district de Gorkha. « Cette fois-ci, je ne veux pas risquer la vie de nos prêtres et je réfléchis à la possibilité de faire don du terrain au gouvernement. Je ne sais pas si nous sommes en mesure de rouvrir cette école a-t-il ajouté.

Selon le P. D’Souza, le motif des rebelles pour détruire à nouveau l’école est à chercher du côté de la politique indienne vis-à-vis du Népal. Les rebelles ont déclaré au prêtre, d’origine indienne, que deux des leurs avaient été arrêtés le jour même à Patna, en Inde, et que le gouvernement de New Delhi était opposé à la rébellion maoïste. « Nous n’avons rien contre vous personnellement ont-ils précisé au P. D’Souza. Selon les médias locaux, les autorités indiennes ont ces derniers temps arrêté plusieurs rebelles passés en Inde et Katmandou tente de convaincre New Delhi de signer un traité d’extradition. Les autorités indiennes ont affirmé qu’elles souhaitaient renforcer les contrôles à la frontière avec le Népal pour briser les liens existant entre la rébellion népalaise et des mouvements gauchistes armés en Inde. New Delhi a par ailleurs fourni du matériel militaire à Katmandou.

A Narayanghat, ville distante d’une quarantaine de kilomètres de Gorkha, où, le 6 juin dernier, une école catholique a été la cible d’un attentat similaire (3), le P. George Panachickalkarott a estimé qu’après cette nouvelle attaque à Gorkka les prêtres et les religieuses de l’Eglise du Népal, qui sont pour 90 % d’entre eux de nationalité indienne, s’inquiètent des actions de la rébellion maoïste dirigées contre l’Inde. « Nous ne nous sentons plus du tout en sécurité a-t-il dit, précisant cependant qu’à ce jour, les actions des rebelles contre des institutions catholiques ont toujours visé les bâtiments et épargné les personnes.