Eglises d'Asie

VERS UN APPROFONDISSEMENT DE L’AMITIE ENTRE HINDOUS ET CHRETIENS

Publié le 18/03/2010




Dans son affirmation croissante de soi, l’Eglise catholique voit son dialogue avec les autres religions comme une nécessité théologique. Elle entend développer l’harmonie entre les religions, non pas tant pour le besoin pressant de la paix dans le monde qu’avant tout pour des raisons inhérentes à la foi chrétienne elle-même. Ainsi, l’Eglise catholique a été l’instigatrice des initiatives prises pour promouvoir le dialogue entre les religions, et ce, particulièrement depuis le Concile de Vatican II, qui s’est tenu de 1962 à 1965 au Vatican. Le pape Jean-Paul II est le meilleur exemple à notre époque de cette attitude de l’Eglise catholique.

L’Eglise catholique est universelle. Elle est présente localement et universellement. Elle est donc tenue de développer le dialogue entre les religions sur le plan local et sur le plan universel. Comme symbole, pourrait-on dire, de cette obligation définitive, il existe au plan local des Commissions dirigées par les évêques de différents pays et il existe, également, au plan universel, le Conseil pontifical pour le dialogue entre les religions, c’est-à-dire le bureau du pape pour encourager les catholiques à rencontrer les croyants des autres religions et à bâtir avec eux une relation constructive et positive. En d’autres termes, le fait que les évêques de différents pays aient créé des commissions épiscopales pour promouvoir le dialogue entre les religions dans leur pays (1) et que le pape ait créé auprès de lui une institution spéciale pour encourager, guider et motiver une relation harmonieuse entre les croyants de toute religion (2) attestent la très grande importance de ces relations amicales et respectueuses dans la vie de chaque catholique.

Cependant, une question est parfois posée par quelques catholiques perplexes : “Les autres religions prennent-elles l’initiative de promouvoir le dialogue entre les religions ?” Le professeur Anantanand Rambachan, par exemple, un savant adepte de l’hindouisme et un partenaire actif du dialogue entre les hindous et les chrétiens, a l’opinion suivante sur cette question : “Ce qui est suggéré est que les hindous ne sont pas des promoteurs actifs ou des organisateurs du dialogue entre les religions. Ils sont prêts à participer à ce dialogue, mais ils n’en sont ni les leaders, ni les initiateurs” (3). Pour ma part, j’ai souvent pris pour répondre à cette question l’exemple concret de K. J. Sommaiya Bharatiya Sanskriti Peetham. Je suis heureux de pouvoir souligner ici les initiatives de cet institut pour mener à bien une série de dialogues entre hindous et chrétiens à Bombay et en Italie (4). Je recommande aussi le magnifique travail de l’ashram de Shanti à Coimbatore, et tout particulièrement son soin à maintenir vivant l’héritage du Mahatma Gandhi et également l’ouvre de Bharatyia Vidya Bhavan qui, au fil des ans, s’est attaché à promouvoir l’harmonie entre les religions dans l’Inde toute entière.

N’oublions pas que, depuis les temps immémoriaux où l’hindouisme est né, a grandi et a continué de se développer et où l’Eglise a été présente, l’Inde a pratiqué le dialogue entre les religions et l’a proposé au reste du monde. Par exemple, l’empereur Maurya, Ashoka (273-232 avant JC) a publié un édit qui donne une impressionnante expression de la tolérance : “Toutes les religions des hommes sont dignes de respect pour une raison ou pour une autre. En les respectant, on fait honneur à sa propre foi et, en même temps, on fait du bien à la foi de l’autre. Si l’on agit autrement, on viole sa propre foi et l’on fait tort à celle de l’autre, si l’on exalte sa propre foi et que l’on dénigre celle de l’autre pour le bien et la gloire de sa propre confession, on transgresse gravement sa propre foi. ainsi, seule l’harmonie est louable ; écoutons les expérience de la foi (dhamma) de l’autre et suivons-les. Parce que tel est le souhait du roi Ashoka : toutes les religions doivent s’instruire les unes des autres” (5). Nous pouvons aussi citer Swami Vivekananda et le Mahatma Gandhi comme des exemples d’hindous qui ont promu l’amitié entre les religions dans les temps modernes.

I. La signification du dialogue entre les religions

Que comprenons nous par dialogue entre les religions ? Ce n’est pas simplement une discussion entre des professeurs d’université, bien que cela soit sûrement un aspect important de ce dialogue et une précieuse contribution pour les hommes en général (Lokasangraha). Bien que s’y engager puisse apparaître comme la chose la plus sûre et la plus favorable au dialogue, cela peut néanmoins constituer une trahison de la tradition même de la tolérance, du dialogue et de l’harmonie entre les religions maintenue par nos deux religions. Car derrière l’expression “dialogue entre les religions” se cachent une histoire prouvée, une réalité sacrée et une profonde spiritualité. Le but du dialogue a dit le pape Paul VI est de manifester l’amour du Christ pour son peuple. Un document de l’Eglise affirme : “En Dieu le Père, nous contemplons un amour infini, sans limite de temps ni d’espace.Chaque chose et chaque événement sont entourés de l’amour divin” (6). La signification bouddhiste du mot “maitri” pourrait nous aider à pendre conscience du sens immense du dialogue entre les religions. Maitri (metta) signifie pour le bouddhisme “la gentillesse aimante, l’aspiration au bien-être et au bonheur pour tous les êtres vivants, y compris les amis et les ennemis, les faibles et les forts, les grands, les moyens et les petits, connus ou inconnus, ceux qui habitent très loin ou tout près, ceux qui sont nés et ceux qui sont à naître. L’amour sans limite doit imprégner le monde entier, dessus, dessous et dedans. Il ne devrait pas y avoir de place pour la haine ou l’inimitié. Comme une mère protègerait son enfant au risque de sa vie, on devrait cultiver dans son cour un amour sans borne pour tous. Son identification avec tous les êtres vivants est le point culminant de la gentillesse aimante” (7).

Le premier pas et le plus important dans le dialogue entre les religions est de nourrir et d’approfondir l’amitié. Lorsqu’une “relation” s’est établie, on peut commencer à partager des inquiétudes plus profondes quant à sa vie religieuse. L’expérience montre que lorsqu’il y a amitié, on commence à se sentir à l’aise pour parler de préoccupations communes et de responsabilités partagées. Nous avons besoin de nous rencontrer souvent et régulièrement, non pas seulement quand les choses vont mal pour nous, mais surtout quand elles ont l’air d’aller très bien. Nous ne devons pas attendre qu’une crise arrive. Il est important de s’imprégner d’une “culture du dialogue” dans la vie courante. Je demeure convaincu que les gens de religion, solidement établis dans leurs traditions religieuses respectives, ont besoin “d’être” ensemble. Ils ont besoin de passer encore plus de temps en compagnie les uns des autres.

Maitri ou amitié signifie ouverture. Etre enfermé sur soi-même ou être exclusif est contraire à l’esprit de l’amitié. Nous avons besoin de rencontrer nos frères en religion. Nous avons aussi besoin de rencontrer ceux des autres religions. Lorsque des gens de différentes croyances religieuses se rencontrent, nous parlons de dialogue entre les religions. Quand des gens de deux ou trois croyances sont d’accord pour se rencontrer, nous parlons de dialogues bilatéraux ou trilatéraux. Le dialogue bilatéral a ses avantages. Par exemple, les croyants de nos deux religions peuvent espérer resserrer les liens qui les unissent en traitant des questions d’intérêt commun. Dans ce genre de dialogue, les participants de deux religions différentes peuvent porter leur attention sur leur histoire commune, leurs points de convergence, leurs divergences, etc.

L’inconvénient du dialogue bi-(tri-)latéral est que l’on peut se trouver bloqué par seulement deux ou trois points de vue. Bien que le dialogue multilatéral ait tendance à être superficiel, il présente l’avantage d’exposer les points de vue de plusieurs religions et permet ainsi parfois de résoudre certains problèmes. Le dialogue multilatéral est, de plus, nécessaire pour la paix du monde, en ce que la contribution de toutes les religions est aujourd’hui indispensable à l’harmonie de nos sociétés et à la paix dans le monde.

La religion n’est pas une réalité monolithique. Bien qu’ils portent le nom de religions, dharma est différent de l’islam et l’islam est différent du christianisme et le christianisme est différent du bouddhisme. Ainsi, le dialogue entre hindous et chrétiens n’est pas la même chose que le dialogue entre musulmans et chrétiens, de même que le dialogue entre bouddhistes et chrétiens n’est pas la même chose que le dialogue entre sikhs et chrétiens (8). Je suis d’accord avec le professeur Rambachan lorsqu’il affirme que “l’hindouisme a une compréhension profonde et pertinente de la religion qui peut nous aider à saisir le phénomène du pluralisme religieux et aussi à jeter des ponts entre les croyants de différentes religions pour les amener à se comprendre” (9). C’est pourquoi il est bon de poursuivre, à la fois, un dialogue multilatéral, bilatéral et trilatéral.

Enracinés que nous sommes dans nos traditions religieuses respectives, c’est-à-dire présentant avec honnêteté notre propre tradition religieuse, dans toute son intégrité, nous devrions nous ouvrir les uns aux autres pour en tirer mutuellement lumière et richesse. En d’autres termes, il est important de respecter l’intégrité des traditions religieuses et leurs traductions institutionnelles. Mais il est aussi vrai que la sincérité exige que l’on vienne à la table du dialogue avec sa foi tout entière, sans en mettre l’essentiel entre parenthèses. Ceci, je l’espère, nous sera très utile pour aider les hindous et les chrétiens à s’éclairer et à s’enrichir à travers le monde. Il faut de la persévérance et de la patience pour pratiquer le dialogue entre les religions.

Quel que soit le thème de discussion choisi, le fait de se réunir doit être pour nous, avant tout, l’occasion de développer ensemble une amitié et une fraternité sincères. Nous ne devrions jamais cesser de le faire nous mêmes, ni jamais abandonner le thème que nous avons choisi. Le dialogue entre les religions est toujours une histoire qui ne finit pas.

Ainsi, devrions nous, par le dialogue entre les personnes et entre les communautés, aider à ouvrir la voie à des relations positives et constructives entre les religions et, de la sorte, contribuer à construire une société harmonieuse et un monde pacifique. Si nous réussissions à le faire, nous rendrions grand service, non seulement à nos deux anciennes religions, mais également à la société, au sens large, compte tenu de la situation dans laquelle elle se trouve.

II. Souligner les points de convergence et apprendre à respecter les différences

Nous ne devons pas nous soustraire à la question de savoir quel est le but de notre dialogue. Certainement, celui d’arriver à mieux connaître nos traditions religieuses respectives dans un monde de plus en plus pluraliste (10). Nous sommes tous les enfants de notre Père Céleste. Nous ne sommes donc qu’une seule et même famille. Nos deux religions ont beaucoup en commun et nous ne devons pas le perdre de vue. Nous ne pouvons pas nous permettre de sous-estimer le potentiel d’un dialogue entre les hindous et les chrétiens. Ce dialogue ne fait que commencer et, si nous pouvons sérieusement le poursuivre, je suis persuadé qu’il servira de modèle pour tous les dialogues entre les autres religions.

Mais le dialogue entre les religions n’est pas un exercice devant déboucher sur un compromis superficiel. Le but d’un dialogue fructueux entre les religions (11) n’est pas de rechercher le plus petit commun dénominateur pour aboutir à un accord à n’importe quel prix. Nous ne rendrions service à personne si nous devions fermer les yeux sur les différences essentielles qui existent dans nos traditions respectives. Nous devons naturellement faire de notre mieux pour dépasser nos différences, mais sans provoquer de tension ni de conflit.

Il faut faire quelques distinctions. Par exemple, il peut y avoir des différences mineures, qui peuvent être dépassées, si on les examine soigneusement en étant prêt à les reformuler dans ce que nous tenons pour acceptable. Mais il y a des différences essentielles, qui ne peuvent être surmontées. C’est de ces dernières dont je vais parler maintenant.

Les différences ne doivent pas être perçues comme des menaces. Elles sont en fait l’occasion d’un enrichissement mutuel. Par conséquent, il est important pour le dialogue de clarifier, de comprendre et d’articuler les différences, afin de respecter l’intégrité de l’interlocuteur et de voir la sienne également respectée. Avec une telle disposition, les différences, loin d’être des obstacles et des entraves, peuvent donner l’occasion d’engager un dialogue plus profond et plus créatif.

Notre culture indienne nous a appris à ne pas éliminer les différences mais à les transcender. Les différences établissent et affirment la véritable identité de chacun. Chaque personne, quelle que soit la religion à laquelle elle appartienne, est unique et mérite à juste titre le respect. Les différentes religions enseignent des doctrines différentes, les différents religions comprennent aussi, apparemment, les mêmes enseignements de façon différente. Rambachan affirme : “Il y a une tendance naturelle à évacuer ce problème en donnant une image stéréotypée et de l’hindouisme et du christianisme, à savoir, avancer que la base de la religion hindoue est l’expérience mystique (anubhava) et non pas la doctrine, comme si les positions doctrinales n’étaient d’aucune importance dans l’hindouisme, et que la connaissance mystique de Dieu n’est pas un trait marquant de la vie chrétienne” (13). C’est la raison pour laquelle nous nous réunissons, c’est-à-dire pour écouter, comprendre et apprendre à se respecter les uns les autres dans notre “altérité”. Dans la véritable amitié, tous les partenaires sont égaux. Mais il en va autrement des religions auxquelles ils appartiennent. De plus l’enseignement de chaque religion doit être compris conformément à sa propre intégrité. En conséquence, nous ne devons pas arriver à des conclusions qui valent pour tous les croyants de toutes les religions.

Dans le Sanatana Dharma, par exemple, le symbole de la nourriture est d’une importance primordiale : « Annam para Brahman la nourriture est notre vie, comme l’enseigne la Rig Veda. Il est dit dans les Upanishad Taittiriya qu’“en vérité, toutes les créatures sont nées de la nourriture. Tous les êtres vivants qui sont sur la terre vivent, en vérité, de la nourriture et finiront par en être une. Parce que la nourriture véritable est le premier des êtres vivants et qu’il est pour cette raison appelé le remède universel. Ceux qui vénèrent Brahman comme une nourriture obtiennent assurément la nourriture dont ils ont besoin. Parce que la nourriture véritable est le premier des êtres vivants et qu’il est pour cette raison appelé le remède universel. De la nourriture est née toute chose et, une fois née de la nourriture, elle se développe et croît. La nourriture est mangée par tous les êtres et elle-même mange tous les êtres. A cause de cela, son nom est nourriture” (III, 1-2 ; 6-10).

Jésus se déclarait publiquement le pain de vie : “Je suis le pain de vie. Celui qui vient à moi n’aura pas faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. Ceci est le pain qui vient des Cieux. Celui qui mange ce pain ne mourra pas. Je suis le pain vivant descendu des Cieux ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra pour toujours ; et le pain que je donne pour la vie du monde est ma chair” (Jn 6,35-50-51).

Nos deux religions tiennent donc la nourriture pour un symbole sacré. Nos deux religions vénèrent ce symbole de la nourriture comme étant Dieu. Il n’en demeure pas moins une différence radicale dans la façon dont ce symbole est perçu par les croyants de nos deux religions.

Un autre symbole pourrait être trouvé dans la croyance hindoue dans et dans le mystère chrétien de l’incarnation. Le Bhagavad Gita introduit le concept par ces mots : “Yada yadahi dharmasya glanir bhavati, Bharata, abbyutthanan adharmasaya tada’tmanam srjamy aham. Paritranaya sandhunam vinasaya ca dushkratan dharma-samatapan’arthaya sambhavami yuge yuge” (‘Car, chaque fois que la droiture s’estompe et que l’illégalité s’instaure, j’apparais en personne – sur terre -. Pour défendre ce qui est bien, détruire ce qui est mal, rétablir la droiture, je reviens dans la suite des temps’) (IV, 7-8).

Saint Jean l’Evangéliste présente ainsi le mystère de l’incarnation de Jésus : « Au début était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au début avec Dieu et toute chose a été faite par Lui et sans Lui aucune chose n’a été faite. En Lui était la vie et la vie était la lumière des hommes. la vraie lumière qui illumine chaque homme venant dans ce monde. Il était dans ce monde et ce monde a été fait par Lui et ce monde ne l’a pas reçu. Il est venu chez lui et son peuple ne l’a pas accueilli. Mais à ceux qui l’ont accueilli, à ceux qui ont cru en son nom, il a donné le pouvoir de devenir des enfants de Dieu, . Et le Verve s’est fait chair et il a habité parmi nous, plein de grâce et de vérité ; nous avons vu sa gloire, sa gloire de Fils unique du Père” (1,1 -5, 9-12,14).

Ces deux textes de nos deux religions ont manifestement des points communs (14). Mais aller jusqu’à dire qu’ils signifient la même chose pour tous et qu’ils sont compris identiquement par les deux religions serait incorrect. Ce que je veux souligner ici, c’est que les participants au dialogue entre hindous et chrétiens restent souvent bloqués, par manque de sens critique, sur des points communs en apparence, sans aller au-delà dans les différences radicales que comportent nos deux religions (15). Non seulement ils excluent tout enrichissement mutuel et créent des obstacles en respectant l’altérité de l’autre, mais ils amènent les gens à prendre des initiatives mauvaises qui détruisent la matière harmonieuse d’une société pacifique (16).

Je prendrai un autre exemple dans le contexte actuel des différences entre hindous et chrétiens. C’est un exemple plutôt sensible mais je me sens tout à fait à l’aise pour le donner à cause du très grand respect que j’ai pour la compréhension qu’ont mes frères et sours hindous de leur religion. En tant que croyants de nos religions respectives, nous trouvons souvent le mot “conversion” ou “parivartan La tradition religieuse hindoue parle d’une vie entière de conversion à Dieu (sadhana) : “Les sens, l’esprit et l’âme, énonce-t-elle, sont le siège du désir, qui étouffe la sagesse et dupe le corps” (Bhagavad Gita, 3,40). La Bhagavad Gita recommande la conversion, c’est-à-dire le processus ordonné d’intégration par lequel retourne à son état naturel où la naissance et la mort sont strictement impossibles et qui est l’état “définitif” du brahmane. La Bhagavad Gita prévient solennellement : “En conséquence, maîtrise d’abord les sens, abats le mal !.” (BG 3,41Les Katha Upanishad parlent de la conversion comme d’un modèle hiérarchique : “Au-dessus des sens il y a l’esprit, au-dessus de l’esprit il y a l’âme, au dessus de l’âme il y a , et très loin au-dessus il y a le “Non Visible” et encore au-dessus de ce Non-Visible, il y a l’Etre (Purusha) transcendant tout et indescriptible” (KU, 6,7-8).

“Dans le langage biblique et dans celui de la tradition chrétienne, la conversion est le retour humble et contrit vers le cour de Dieu, avec le désir de lui consacrer plus généreusement sa vie” (17). Le mot grec pour conversion dans le Nouveau Testament, metanoia, signifie changer son cour. Dieu invite constamment le pécheur, chaque personne, à cette sorte de conversion.

Il nous faut examiner soigneusement la relation entre dharma-parivartan, la conversion, et dharma-antar, le passage d’une religion à une autre. Ces deux démarches sont différentes mais liées, au moins du point de vue chrétien. L’Eglise accepte qu’on puisse changer de religion. L’Eglise croit qu’une personne qui suit sa conscience est libre de choisir sa religion, parce que ce changement (dharma-antar) peut la conduire à la conversion (dharma-parivartan) dont nous venons de parler. “Dans le processus de conversion, la décision peut être prise d’abandonner sa religion pour se diriger vers une autre.Le dialogue sincère.implique le respect de cette décision libre prise en accord avec sa conscience” (18). C’est pourquoi l’Eglise prône la “liberté religieuse” qui constitue le cour même des droits de l’homme. L’Eglise catholique déclare officiellement : “La personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté signifie que personne ne doit subir de pressions venant d’autres personnes, de groupes ou d’un pouvoir politique, si bien que, dans des limites données, personne n’est forcé d’agir contre ses convictions, non plus que personne ne peut être empêché d’agir selon ses convictions en matière de religion, que ce soit en privé ou en public, seul ou avec d’autres” (19). Le droit canon de l’Eglise catholique stipule également : “Il est contre la loi d’amener de force et contre leur conscience des hommes à la religion catholique” (Can. 748,2). A ma connaissance, aucune autre religion n’a aussi clairement énoncé par écrit son enseignement sur ce sujet, qui devrait suffire à garantir de tout doute, mauvaise interprétation ou incompréhension et servir à empêcher tout abus (20).

J’aimerais conclure mes observations sur cet important aspect de ce sujet en citant une fois encore le professeur Rambachan. Il énonce : “La réduction du sens de l’autorité scripturaire, la dérision du travail des érudits, le ridicule de la doctrine et la minimisation de la raison que nous rencontrons dans tant d’interprètes de l’hindouisme ont d’importantes répercussions sur le dialogue entre hindous et chrétiens. Peut-être encore plus importante est la tendance à exagérer la signification des différences doctrinales. Parce qu’on attend beaucoup en termes de compréhension définitive d’une expérience qui transcenderait la raison, on trouve plus simple d’éliminer les préoccupations de l’esprit rationnel. Prenons, par exemple, le fameux texte de la Rig Veda : “Une est la vérité, les sages en parlent différemment.” Ce texte est souvent mis en avant pour se débarrasser des différences doctrinales, qui ne seraient que de la sémantique. Mais ce texte implique-t-il que les différentes façons dont nous parlons de l’Etre ultime n’ont aucun sens ? Ce texte dit-il que toutes les façons de parler de l’Etre ultime se valent et sont également vraies ? Ce texte dit-il que la façon dont on parle de l’Etre ultime n’a pas d’importance ? A la vérité, la façon dont nous pensons et dont nous parlons de l’Etre ultime importe énormément. La façon dont nous pensons et celle dont nous parlons de l’Etre ultime non seulement révèlent notre compréhension de sa nature, mais encore elles sont la base de ce que nous pensons de la vie religieuse en soi. La façon dont nous pensons l’Etre ultime détermine la vie telle que nous la vivons. Ce texte de la Rig Veda ne porte pas sur les différences doctrinales, alors que cet aspect est le plus souvent mis en avant dans le dialogue entre hindous et chrétiens. En fait, il offre, comme le prouve abondamment son contexte, une matière beaucoup plus riche pour ce dialogue” (21).

Il est capital de se souvenir que le but du dialogue entre les religions n’est pas de faire disparaître leurs différences (22) mais de créer la confiance. Il y a un autre danger à ignorer les différences essentielles entre les religions ; c’est celui de finir par, soit absorber, soit s’approprier les autres religions.

III. L’obligation commune d’instaurer l’harmonie dans notre société et la paix dans notre monde

Le but du dialogue entre les religions est aussi de promouvoir la collaboration de tous les croyants à une paix durable et au bien commun de la société. Les religions doivent s’unir pour que monde jouisse du don divin de la paix. Le dialogue entre les religions est une ouvre de coopération et de collaboration. Nous devons affronter ensemble les difficultés et les défis. De plus, nous ne pouvons pas rester en équilibre sur des situations conflictuelles. Ne laissons pas la religion entre les mains de ceux qui l’exploitent pour des raisons politiques, économiques ou même égoïstes. Le grand défi du dialogue entre les religions est que les croyants doivent se mobiliser et faire entendre leurs voix à l’unisson quand ils voient la religion bafouée, exploitée, détournée de ses buts ou mal interprétée.

Dans un monde marqué par les conflits entre les systèmes politiques, économiques et sociaux, certains prévoient la division entre les croyants des religions du monde. Les avocats de ces prévisions mettent en avant à l’appui de leur thèse les événements du 11 septembre 2001 aux Etats Unis et dans le reste du monde après cette date. Mais cette analyse est fausse comme l’ont montré les responsables des différentes Eglises chrétiennes, des communautés ecclésiales et de différentes religions lorsqu’ils ont répondu avec enthousiasme et générosité à l’appel du pape Jean-Paul II qui les invitaient à Assise le 24 janvier 2002 à prier pour mettre fin à la haine, à la violence et à la guerre dans le monde et pour tisser la tapisserie de la paix avec les fils dorés de la justice, de la liberté et du pardon.

Les responsables religieux réunis à Assise ont annoncé sans équivoque leur engagement commun pour la paix et ont montré au monde que les religions, si elles n’étaient pas partie intégrante de ce problème, elles n’en n’étaient pas moins une partie indispensable à sa solution. Ils ont affirmé : “Rassemblés ici, à Assise, nous avons réfléchi ensemble sur la paix qui est un don de Dieu et un bien commun de l’humanité. Bien que nous appartenions à des religions différentes, nous affirmons que la paix requiert l’amour de son prochain, en obéissant à la règle d’or : ‘Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent’. Avec cette conviction, nous travaillerons sans relâche à la grande entreprise qu’est la construction de la paix” (23).

Conclusion

Nous grandissons dans l’amitié quand nous restons en contact les uns avec les autres. Rien ne doit décourager nos efforts de nous rapprocher les uns des autres. En dépit des problèmes que posent quelques-uns de nos propres frères ou sours, nous ne devrions pas nous sentir menacés entre nous. Il y a un bien plus grand danger qui peut nous anéantir les uns et les autres et qui impose le dialogue et une réponse de notre part. Selon David Loy, “la plus puissante explication alternative, aujourd’hui, et le système de valeur le plus attractif est le consumérisme” (24). Notre défi est actuellement de donner une réponse crédible à la religion la plus populaire du moment, le consumérisme et son système de valeurs égocentriques.

Les membres de nos deux communautés religieuses doivent promouvoir, séparément dans leurs propres familles et conjointement les uns avec les autres, un dialogue continu, destiné à trouver des points de convergence authentique, aussi bien que des points de divergence, à affronter les problèmes communs et à répondre aux questions qui créent des divisions. Ce dialogue doit, en toute priorité, développer la connaissance parmi les membres de nos deux communautés. Il doit renforcer et/ou créer des liens entre les différentes institutions, échanger des informations précises et pertinentes et amener à des consultations réciproques. Trois domaines doivent attirer notre attention commune : 1.) le dialogue sur les problèmes conflictuels et qui créent des divisions, 2.) le dialogue sur des initiatives communes ou sur des actions communes et 3.) le dialogue sur les problèmes globaux.

N’oublions pas que le contexte dans lequel nous vivons aujourd’hui est celui d’une conscience croissante de la pluralité religieuse dans notre monde. Le rôle potentiel de la religion dans les conflits ne peut pas non plus être minimisé ou ignoré, non plus qu’il ne faut pas perdre de vue la place sans cesse plus grande de la religion dans la vie publique. Mais bien que la religion soit le reflet de la sagesse, de l’amour, de la compassion, des échappées spirituelles et des vies de sainteté, nous devons aussi admettre, avec honnêteté et regret, qu’on y trouve le péché, la méchanceté et la folie parmi ses croyants. Comment pourrions-nous nier que les religions ont soutenu ou ont elles-mêmes créé des systèmes d’oppression et d’exclusion ? En d’autres termes, il y a toujours eu un décalage entre l’idéal religieux et la pratique religieuse. Tout ceci représente des défis pressants qui demandent une plus grande compréhension et une collaboration entre les peuples de différentes croyances.

J’ai une autre demande à formuler : essayons de libérer notre compréhension de nos religions respectives en guérissant notre mémoire de ses souvenirs historiques profonds et en lui ôtant les critiques non justifiées (25). La religion peut ne pas être la raison de conflits, mais elle peut en être le catalyseur. Ainsi, nous pourrons séparer la religion de ses liens avec les problèmes ethniques et désamorcer la tension créée entre des communautés religieuses qui ont vécu des siècles en harmonie et en paix.

Soyons conscients du rôle peu coopératif des médias en général. Ils donnent une image stéréotypée de “l’ennemi” et ils poussent à la révolte et aux attaques

Les croyants de nos deux religions parlent du mystère de la vie en se référant à Dieu. Ils portent témoignage de Sa présence invisible, pas seulement en paroles mais par leur vie de dévotion, de sacrifice personnel et par leur engagement à la non violence et à l’amour.

Laissez-moi conclure ma modeste réflexion avec quelques questions pour notre travail commun :

1.) Comment devons-nous agir avec les extrémistes, les fondamentalistes, les fanatiques ? Quelle est notre responsabilité, en tant qu’hommes qui avons choisi la voie du dialogue (sarva dharma maitri) par lequel nous souhaitons construire une société pacifique ?

2.) Nos religions respectives passent par l’usage des langues, qui ont leurs propres limites et peuvent devenir un obstacle pour exposer et comprendre le cour même de la religion. La traduction n’est pas suffisante comme moyen de communication. Des difficultés, telles que de mauvaises interprétations ou des incompréhensions, peuvent surgir du fait même de ces limites. En sommes-nous conscients et en tenons-nous compte dans nos efforts pour dialoguer ?

3.) Comment répandre la bonne nouvelle du dialogue dans de plus larges couches de la société ? Pouvons-nous faire quelque chose ensemble au sein de l’université ? Comment pouvons-nous collaborer pour inculquer aux jeunes que des relations harmonieuses entre les religions, le respect et la confiance mutuels sont des valeurs sacrées ?

4.) Ceux qui sont les oubliés de la société, piétinés et abandonnés, ceux qui ne peuvent s’exprimer, exploités et oppressés, sont la préoccupation majeure de la religion. N’oublions pas qu’une des principales raisons de l’apparition et du développement du mouvement Bhakti dans l’hindouisme était précisément cette préoccupation (26). Les chrétiens professent que le Dieu de la Bible, en qui ils croient, est avant tout le Dieu des pauvres, . L’Eglise catholique recommande donc une attention particulière pour ces pauvres que nous rencontrons dans notre vie de tous les jours ? Que pouvons-nous faire ensemble pour alléger la souffrance de ces frères et sours ?

Notes

(1)Cf. Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Interreligious Dialogue Directory, in Pro Dialogo, N° 114, 2003/3.

(2)Etabli par le pape Paul VI, le 19 mai 1964 pour promouvoir le dialogue de l’Eglise catholique avec les autres religions comme cela avait été demandé par le document conciliaire Nostra Aestate (Concile Vatican II), le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (appelé Secrétariat pour les non-chrétiens jusqu’en 1988) fonctionne avec une équipe dirigée par les cardinaux/évêques membres qui sont directement nommés par le pape. Plusieurs experts-conseillers sont également nommés par le pape en vue d’aider l’équipe du Conseil dans différentes régions du monde (le dialogue de l’Eglise avec le peuple juif est suivi par le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité chrétienne).

(3)Anantananda Rambachan, “Towards One World Family Keynote Address, Hindu-Christian Consultation, Varanasi, Inde, 23-27 octobre, 1997, in Current Dialogue, 31 décembre 1997, pp. 28-38.

(4)Cf. Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, Pro Dialogo, N° 97, (1998/1), pp. 117-122 ; N° 104-105, (2000/2-3), pp. 239-240.

(5)Cité in H. Halbfas, Religion, 1976.

(6)Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, The Attitude of the Catholic Church towards the Followers of Other Religions, N°22.

(7)Kala Acharya, Buddhanusmrti, Somaiya Publications, 2002, p. 167.

(8)Cf. Machado, “Introduction”, in A Dialogue, Hindu-Christian Cosmology, Acharya, Manca et Namjoshi, (Eds.) Somaiya Publications, Bombay-New Delhi, 1999, pp. xvii-xxxi, en particulier la section sur “Le besoin d’inventer un modèle pour le dialogue hindou-chrétien”. Egalement, cf. “Rencontre hindou-chrétien : problématique générale” par Felix Machado in Vidyajyoti Journal of Theological Reflection, volume 60, N° 12, décembre 1996, pp. 825-842.

(9)Anantananda Rambachan, Keynote Address, “Hindu-Christian Consultation”, Conseil ocuménique des Eglises, Current Dialogue, 31 décembre 1997.

(10)Ici, nous ferions bien de rappeler les mots d’un des grands spécialistes des religions, à savoir R.C. Zaehner. Il a dit : “Plus un individu arrive à connaître les religions des hommes, plus il désespère de ne jamais en savoir assez, de ne jamais comprendre assez afin de voir en eux quelque dessein cohérent Concordant Discord, Oxford at the Clarendon Press, 1970, p. 6.

(11)L’un des ‘objectifs’ du dialogue hindous-chrétiens, pour ma part, en tant que catholique, est d’étudier les principaux textes de l’hindouisme dans leur développement historique, de les étudier, aussi loin que possible de l’intérieur, et le fait de les avoir tellement étudiés qu’on essaye de les mettre en corrélation avec des aspects du catholicisme qui ont une importance pour moi.

(12)Anantananda Rambachan, Keynote Adress in Current Dialogue, 31, 1er décembre 1997, Conseil ocuménique des Eglises, Genève.

(13)Cf. également, Anantananda Rabachan, The Limits of Scripture: Vivekanada’s Reinterpretation of the Authority of the Vedas, Honolulu University Press, 1994.

(14)R.C. Zaehner, qui était un catholique pratiquant, suggère que l’instinct du ‘principe catholique’ doit toujours être d’inclure et d’absorber tout ce qui n’est pas directement opposé à l’enseignement du Christ tel qu’il est interprété par la tradition catholique. Le principe catholique peut être résumé en ces mots du Christ : “Si tu n’est pas contre moi, alors tu es avec moi” (Luc 9,50), Concordant Discord, p. 12. Il déclare plus loin que le “profit non dépensé des (mythes hindous)”, tel que l’a affirmé Nostra Aestate du Concile Vatican II, “contient au cour la croyance en un Dieu incarné. Certainement c’est, pour un chrétien, une question de signification la plus profonde, à quel moment dans l’histoire de la religion, trouvons-nous une croyance en Dieu fait homme, excepté dans la chrétienté elle-même ? Pour les juifs, cette idée était intolérable, et que Jésus prétende être le Fils de Dieu était, pour les juifs de l’époque, un blasphème absolu et Caïphe résume seulement le sentiment général en déchirant ses vêtements. Aucun hindou, du temps du Christ, n’aurait imaginé faire une telle chose, et la difficulté à laquelle les missionnaires chrétiens ont eu à faire face depuis le début ne fut pas tant leur affirmation que Jésus de Nazareth est le Fils de Dieu était considéré comme blasphématoire ou même incroyable que le fait d’être suffisamment naïfs pour penser qu’Il était la seule incarnation de Dieu. Pour les hindous, cela apparaissait plutôt comme un provincialisme étroit. Toutefois, dans leur acceptation de la possibilité d’une incarnation divine, ils se sont tenus et sont beaucoup plus proche du christianisme que ne l’a jamais été l’Ancien Testament ou que l’a été l’islam”, p. 14.

(15)Au séminaire hindou-chrétien qui a été organisé conjointement par K.J. Somaiya Bharatiya Sanskriti Peetham et le Mouvement des Focolari et qui s’est tenu à Rome du 15 au 19 juin 2002, le professeur Shubhada Joshi, par exemple, maintient qu’il n’y a aucune réelle différence parmi les religions sauf celles que l’être humain a créé. Elle estime qu’il y a des différences évidentes, c’est-à-dire extérieures (rituels, festivals), etc. Elle a également l’impression que dans la société en général les gens de religions différentes ne parlent que de différences. Le Dr S.K. Somaiya a interprété plusieurs textes hindous anciens, tels que vasudhaiva kutumbakam, lokasangraha, aa no bhadra kratavo yantu vishvatah, ekam sad viprah bahuda vadanti, etc., pour montrer qu’il n’y a pas de réelles différences entre les religions. Il a même cité un texte biblique, “ce que Dieu a uni, nul homme ne peut le séparer pour montrer que Dieu veut l’unité et non la séparation.

(16)R.C. Zaehner critique sévèrement son prédécesseur, Sarvapalli Radhakrishnan, Oxford University Spalding Chair of Eastern Religions and Ethics, qui, selon Zaehner, avançait sa propre forme de monisme Vedantin – la théorie selon laquelle la réalité n’est qu’une et que toute multiplicité est par conséquent à un quelconque degré illusoire, n’étant rien de plus qu’une apparence – telle que la Vérité ultime et que toutes les religions n’étaient donc que de simples chemins empiriques menant vers la même Vérité. Zaehner poursuit en disant qu’“une telle position peut, bien sûr, être justifiée par des citations soigneusement sélectionnées à partir d’autres systèmes religieux et des philosophies qui leur sont alliées, mais un tel soutien (si on peut appeler cela un soutien) va donc être ‘apparent, verbal, et par conséquent fictif’, pour qu’il laisse entièrement hors de compte le cour et le centre des religions non indiennes des écritures dont ces citations sont violemment tirées. Cette méthode que je trouve toujours ‘détestable’ – être rejeté, en fin de compte, ne mène pas à une harmonie compréhensive et à l’amitié mais à une incompréhension, à la discorde et à une amitié qui pourrait apparaître sincère mais est en fin de compte sans valeur parce qu’elle est fondée sur une incompréhension fondamentale : elle est fondée sur le mensonge.” R.C. Zaehner, Concordant Discord, Oxford University Press, 1970, p. 7.

(17)PCID, The Attitude of the Church Towards the Followers of Other Religions, Vatican, 1984, N° 37.

(18)PCID et la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, Dialogue and Proclamation, Vatican, 1991, N° 41.

(19)Concile Vatican II, Déclaration sur la liberté religieuse, N° 2 ; se référer également à Jean-Paul II, To Leaders of Various Religions in New Dehli, 7 novembre 1999.

(20)Nous devons faire la distinction entre “témoignage” et “prosélytisme”. Si le premier signifie simplement et vigoureusement avoir une vie religieuse propre de manière authentique, compatible et absolue, le second est une activité qui projette de diviser ou attirer des membres d’autres traditions religieuses par la violence, que ce soit caché ou de manière évidente. Le prosélytisme inclut l’exploitation du besoin, de la faiblesse ou du manque d’éducation de ceux à qui le témoignage est offert. Il est particulièrement incorrect de faire des références ‘injustes ou non charitables’ aux croyances ou pratiques des autres communautés religieuses (Cf. The Challenge of Proselytism and the Calling of Common Witness, travail de groupe entre le Conseil ocuménique des Eglises et l’Eglise catholique romaine, www.wcc-coe.org).

(21)Current Dialogue, A. Rambachan, Keynote Address, Hindu-Christian Consultation, Varanasi, Inde, 23-27 octobre, N° 31, 1997 ; Cf. également A. Rambachan, “The Nature and Authority of Scripture Implications for Hindu-Christian Dialogue in Current Dialogue, N° 32, décembre 1998, pp. 3-11.

(22)Cf. R.C. Zaehner, Concordant Discord, . “c’est le devoir du spécialiste, même à un niveau populaire, premièrement d’analyser les différences et seulement après de chercher une synthèse possible qui pourrait donner quelque sens d’éléments hétérogènes analysés”, p. 8. Dans ce volume, R.C. Zaehner répète énergiquement que “(les religions) ne partent simplement pas des même prémices”.

(23)Cf. “Commitment to Peace”, Pro Dialogo, 109, 2002/1, pp. 152-155.

(24)D. Loy, “La religion du marché”, Journal of the American Academy of Religion, 65/2, 1997, p. 1.

(25)Par “loyauté peu critique”, je comprends un manque de connaissance historique objective, une lecture influencée et pleine de préjugés de l’histoire, une compréhension superficielle des vérités des traditions religieuses, etc.

(26)Cf. F. Machado, Jnaneshvari, Path to Liberation, Somaiya Publications, Mumbai et Delhi, 1998.