Eglises d'Asie

Aux Moluques, pour que les enfants des réfugiés puissent, malgré tout, aller à l’école, un système de parrainage et d’entraide prend en charge leurs frais de scolarité

Publié le 18/03/2010




Fondé en 1980 par l’ancien évêque du diocèse catholique d’Amboine, un système de parrainage contribue à la scolarisation des jeunes moluquois (1). Venant en aide indifféremment à des enfants chrétiens ou musulmans, il s’adresse en priorité aux familles les plus démunies économiquement. Directrice de l’Institution au service de l’adoption, Sr Bernadetta Yeuyanan précise que l’ouvre s’occupe cette année de 2 057 enfants. Créée en 1980 et ayant commencé par aider deux enfants de l’île de Seram, au nord de l’île d’Amboine, l’ouvre a rapidement grandi jusqu’à aider sept cents enfants en 1998 ; à partir de l’éclatement des violences intercommunautaires, en janvier 1999, les besoins ont augmenté en flèche et l’ouvre s’est trouvée à soutenir financièrement plus de 2 000 enfants et jeunes moluquois. “Cette année, notre Institution a pris en charge 150 nouveaux enfants, de toutes appartenances, ethniques ou religieuses a précisé la religieuse, qui explique que la fin des violences n’entraîne – au contraire – pas une diminution des besoins en matière d’éducation.

L’Institution au service de l’adoption a été fondée par Mgr Andreas P.C. Sol, en 1980, quand il était évêque d’Amboine, pour aider les enfants de familles démunies ou les orphelins que lui recommandaient les prêtres des paroisses, les religieuses, ou des responsables laïcs, mais aussi des pasteurs protestants ou des oulémas musulmans. Aujourd’hui âgé de 89 ans, Mgr Sol, d’origine hollandaise, a été évêque d’Amboine de 1965 à 1994 ; à l’époque, le diocèse d’Amboine couvrait alors l’ensemble des Moluques.

En dépit de son nom, la finalité première de l’Institution n’est pas le placement des orphelins dans des familles d’accueil ou auprès de parents adoptifs. Sour Yeuyanan explique que près de huit cents familles aux Pays-Bas ont établi un lien de parrainage avec un ou plusieurs enfants et envoient chaque mois une somme pourvoyant aux frais de scolarité et d’entretien des enfants. Ceux-ci sont divisés en trois groupes. Le premier comprend les enfants qui ont des parents d’accueil permanents qui leurs envoient directement leur contribution. Ils auront ainsi la possibilité d’étudier jusqu’à l’université si leurs bienfaiteurs le peuvent. Les autres enfants reçoivent une aide financière pour les frais de scolarité et les fournitures ou d’autres seulement pour les frais scolaires. “Notre priorité est d’aider les enfants moluquois de famille en difficulté à continuer d’aller au lycée explique sour Yeuyanan.

Par ailleurs, une autre organisation, Yayasan Kasih Mandiri, fondée par des femmes catholiques et musulmanes, a organisé plusieurs filières pour permettre aux enfants victimes du conflit moluquois de continuer leur scolarité. Sour Brigitta Renyaan, directrice de la fondation, explique qu’une de ces filières consiste à aider spécialement les adolescents chrétiens qui ont quitté l’école à cause de la guerre : “Ils forment un groupe appelé Agas où ils trouvent un soutien psychologique et des bourses d’études pour les aider à continuer leur formation.” La plupart des jeunes de ce groupe sont protestants, précise-t-elle. Enfin, dans le cadre du diocèse, sour Renyaan coordonne également l’action des femmes catholiques engagées dans le Mouvement d’action féminine d’entraide et dans le Groupe d’action contre la violence faite aux femmes et aux enfants. Elle travaille également avec un Groupe d’action charitable qui anime un orphelinat de 80 enfants sur l’île de Kei.

Au sein du diocèse catholique d’Amboine, ce que font l’Institution au service de l’adoption et l’ensemble des groupes qu’anime sour Renyaan a été reconnu par l’assemblée pastorale de novembre 2003 comme pleinement en accord avec les visées pastorales du diocèse. Chaque paroisse, en effet, est invitée à soutenir un jeune capable de faire des études et à le pousser jusqu’au niveau universitaire. Mgr Petrus Canisius Mandagi, l’actuel évêque d’Amboine, a réaffirmé cette option en mars dernier au cours de la dernière session de rencontre de pastorale du diocèse.