Eglises d'Asie

Dans le quartier chinois de Manille, des associations de résidents et les paroisses catholiques du lieu obtiennent le report de l’ouverture d’un casino

Publié le 18/03/2010




Pour la traditionnelle fête chinoise de la lune – ou festival de la mi-automne – qui tombait cette année le 28 septembre, l’hôtel Binondo devait rouvrir ses portes après deux années de travaux pour rénovation. Situé dans le quartier chinois de Manille, l’hôtel avait reçu de la PAGGOR (Philippine Amusement and Gaming Corporation), l’autorité chargée de la supervision des jeux de hasard, une licence pour exploiter un ensemble de machines à sous. Ce 28 septembre, l’hôtel est cependant resté portes closes, une association regroupant des résidents et plusieurs paroisses catholiques du quartier ayant obtenu le report de son ouverture.

L’association en question, Kilusan Kontra Sugalan (‘Mouvement contre les paris d’argent’), estime que la présence de ce qu’elle désigne comme étant un “casino” est inadmissible dans le voisinage immédiat de deux églises catholiques et de cinq écoles. Outre l’immoralité des jeux d’argent, elle met en avant les dangers pour le quartier de la présence de riches Sino-Philippins et de Chinois venus de l’étranger ; en fréquentant l’hôtel pour utiliser les machines à sous, ces clients ne manqueront pas d’attirer les malfrats qui se sont fait une spécialité de l’enlèvement contre rançon. Le 23 septembre, après avoir rencontré des représentants de la Chambre de commerce sino-philippine et ceux de la “Grand Family Associations organisme représentant les familles chinoises du pays, Kilusan Kontra Sugalan a obtenu de la PAGGOR la suspension – temporaire – de la licence d’exploitation des machines à sous. La PAGGOR a justifié sa décision “par la considération des plaintes soulevées par certains secteurs”.

Le P. Joseph Matitu, curé d’une des paroisses situées à proximité de l’hôtel, a expliqué que ses paroissiens n’étaient pas contre l’ouverture des casinos en général mais qu’ils n’en voulaient pas dans leur quartier, à proximité des écoles où ils envoient leurs enfants. Il précise qu’en tant que prêtre, il leur a dit que les raisons pour lesquels il était contre l’ouverture de l’hôtel étaient son opposition absolue à toute forme de jeux d’argent.

Commentant le retrait temporaire de la licence de l’hôtel Binondo, Mgr Oscar Cruz s’est déclaré satisfait de cette décision tout en précisant que ce n’était là qu’une petite affaire en comparaison des plans que la PAGGOR a dans ses tiroirs. Celle-ci en effet parle d’autoriser l’ouverture prochaine de quatre casinos dans la région de Manille – dont l’un serait géré par le magnat des casinos de Macao, Stanley Ho. Pour Mgr Cruz, ancien président de la Conférence épiscopale et artisan d’une campagne nationale contre les “jueteng” (1), loteries illégales très répandues dans le pays, le fait que la communauté chinoise a prêté attention à la plainte des habitants du quartier où est installé l’hôtel Binondo est intéressant. “C’est la première fois que cette communauté prend position contre les jeux d’argent a-t-il déclaré, ajoutant que la communauté sino-philippine représente “une voix puissante dans le pays que même la présidente devra écouter”. Face à l’état désastreux des finances publiques et au niveau très élevé de la dette publique, “il semble que le gouvernement cherche à utiliser les revenus tirés des casinos pour remplacer les fonds qu’il a par ailleurs dépensé à mauvais escient et dont il a aujourd’hui grand besoin a-t-il conclu.