Eglises d'Asie

Gujarat : la création d’une commission chargée des problèmes de démographie inquiète les minorités religieuse

Publié le 18/03/2010




Un certain nombre de chrétiens et de musulmans s’inquiètent de la création, dans l’Etat du Gujarat, d’une Commission de la population et craignent que celle-ci soit utilisée contre les minorités religieuses. Le gouvernement de l’Etat contrôlé par le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP) a annoncé cette création le 9 septembre dernier, trois jours après la publication des données religieuses issues des récents recensements soulignant la progression démographique des musulmans, plus rapide que celle des hindous (1).

Le gouvernement de l’Etat a expliqué que cette commission est simplement destinée à appliquer la politique démographique de l’Etat, annoncée publiquement en 2002. Selon les représentants du gouvernement, elle n’aurait rien à voir avec le domaine religieux. Sa mission consisterait à chercher et à mettre en ouvre les moyens susceptible d’améliorer la santé des enfants et des mères. On a noté cependant que les déclarations officielles soulignaient que la politique du contrôle des naissances faisait partie de son domaine de compétence. Le ministre de la Santé et de la Famille, I. K. Jadeja, qui est vice-président de la dite commission, a véhémentement réfuté l’affirmation selon laquelle les musulmans seraient plus spécialement visés par elle. “Au contraire, a-t-il dit, il s’agit de vérifier le taux de garçons et de filles, de relever les cas de malnutrition, d’infanticides et de manifestations de divers fléaux.”

Cependant, ces déclarations sont loin d’avoir rassuré les musulmans qui ont relevé que les fonctionnaires de la commission s’occuperaient de la santé des mères et du nombre de leurs enfants. Certains musulmans craignant que l’initiative de l’Etat du Gujarat ne prépare une attaque contre la communauté musulmane, cette fois-ci, non plus par écrit mais en pratique, en rendant possible des mesures restrictives contre les familles nombreuses ou même la stérilisation forcée de femmes au nom de la démographie. Les musulmans font également remarquer que leur situation démographique au Gujarat ne fait peser aucune menace sur la majorité hindoue. Alors que les musulmans en Inde représentent 13,4 % de la population, dans l’Etat du Gujarat, ils ne représentent que 9 % de la population, loin derrière les hindous qui forment 89 % de la population. Les statistiques religieuses biaisées présentées récemment au niveau fédéral ne correspondent donc absolument pas à la position des forces du Gujarat.

Le défenseur des droits de l’homme, le P. Cedric Prakash, qui s’est engagé à plusieurs reprises en faveur des musulmans depuis les troubles de février, mars et avril 2002 au Gujarat (2), s’est déclaré très sceptique sur la création de la Commission qu’il a qualifié de “nouvelle étape dans la persécution des minorités religieuses Parlant des dirigeants hindouistes de l’Etat, il s’est exclamé : “Pourquoi ne s’occupent-ils pas plutôt de l’assainissement des eaux, des logements de la population, de l’éducation et de la santé en général !” Dans l’Etat, le souvenir de la violence sectaire qui s’est donné libre cours durant trois mois en 2002, avec des centaines de musulmans brûlés ou battus à mort, des habitations incendiées, des femmes violées, des enfants privés de leurs parents, reste encore dans tous les esprits. La communauté musulmane se méfie d’une administration qui à cette époque s’est montrée plusieurs fois complice des émeutiers.