Eglises d'Asie – Inde
Kerala : des religieuses, Missionnaires de la Charité, ont été agressées lors d’une visite dans un village pauvre
Publié le 18/03/2010
Selon le témoignage d’une des religieuses agressées, aujourd’hui en traitement à l’hôpital, elle, sa supérieure et un frère originaire du Kenya s’approchaient de leur destination lorsque des individus les ont tirés de leur véhicule, les ont frappés avec des baguettes métalliques et ont menacés de les tuer s’ils entraient dans le quartier. Ils leur ont reproché de mener des activités de conversion. En réalité, les religieuses géraient dans ce quartier une maison ouverte aux pauvres de Kozhikode où se trouvent des hindous aussi bien que des musulmans. Aucun de ses pensionnaires n’a jamais été converti. Par la suite, des sours et des frères Missionnaires de la Charité, accourus sur les lieux au secours des religieuses agressées, durent eux aussi subir l’assaut d’un autre groupe de trente personnes. Les religieuses ont été transportées à l’hôpital. Seul l’état de la supérieure est estimé sérieux. Le frère kenyan, arrivé la veille à Kozhilkode, était en Inde depuis un an dans le cadre de sa formation. Des organisations hindoues l’ayant accusé d’activités religieuses illégales, il a été transféré à Mysore, dans le Karnataka.
Selon les déclarations de la police aux médias, le village visité par les religieuses était composé en majeure partie de familles hindoues pauvres et ce sont elles qui avaient demandé l’aide des religieuses catholiques. La police a entrepris aussitôt une enquête pour retrouver les auteurs de l’agression. L’inspecteur général de police de la région du Nord-Kerala, qui s’occupe de l’enquête pense que l’agression était préméditée. Il a confié à l’agence Ucanews (2) que ses services avaient obtenu des informations certaines et qu’il espérait démasquer très prochainement les coupables. Le commissaire de police de Kozhilkode a déjà placé en détention provisoire quinze personnes liées à cette affaire. Les coupables devront répondre devant les juges de rassemblement illégal, de violences intercommunautaires, d’injure à la dignité féminine et de tentative de meurtre.
Des milliers de personnes se sont joints, le 26 septembre, à la prière et aux manifestations de la communauté chrétienne, organisées en divers lieux de l’Etat où les chrétiens constituent près de 20 % de la population. Comme dans l’affaire de l’assassinat du P. Chillitapilly, la hiérarchie chrétienne n’a pas craint d’élever la voix. Interrogé sur les faits, l’évêque du lieu, Mgr Kalathiparambil, a souligné que c’est la première fois qu’un incident de ce type survient dans son diocèse. “C’est un jour tragique pour nous tous ! s’est-il exclamé, ajoutant que son diocèse priait pour la paix et l’harmonie intercommunautaire et pour que d’aussi fâcheux incidents ne se reproduisent plus à l’avenir.
On n’a pas manqué de rattacher l’attaque des religieuses au précédent assassinat d’un prêtre et d’incriminer l’extrême droite hindoue dont s’était réclamé le meurtrier du prêtre dans la première version des faits livrée par la police. Le cardinal Varkey Vithayathil, archevêque d’Ernakulam Angamaly, y a fait allusion assez clairement lorsqu’il a déclaré que “l’attaque faisait partie des efforts déterminés accomplis par les forces extrémistes pour déstabiliser le travail de l’Eglise en Inde Il a même exprimé sa crainte de voir le Kerala où toutes les religions cohabitent aujourd’hui pacifiquement s’enfoncer dans les conflits intercommunautaires et le fondamentalisme religieux.
Les dirigeants locaux du Vishwa Hindu Parishad (Conseil mondial hindou, VHP) et ceux de son allié politique, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP), démentent formellement toute implication dans cette affaire. Cependant, le dirigeant local du VHP a précisé que son groupe ne tolérerait pas la moindre tentative de conversion, opérée sous le couvert d’activité caritative. Il a déclaré également avoir des preuves que les religieuses Missionnaires de la Charité étaient engagées dans un travail de conversion.