Eglises d'Asie

Kerala : la promesse d’une nouvelle enquête sur l’assassinat du P. Chillitapilly met fin aux protestations des chrétiens devant la version des faits présentée par la police

Publié le 18/03/2010




En réponse aux demandes des Eglises chrétiennes du Kerala, le ministre-président de l’Etat, Oomen Chandy, a créé le 15 septembre dernier, une équipe de police spécialement chargée de mener l’enquête au sujet du meurtre du P. Chillitapilly, découvert poignardé le 28 août dernier sous un porche adjacent à son église (1). Cette mesure du ministre-président, nommé à ce poste le 31 août, a mis fin aux protestations et manifestations des chrétiens qui avaient lieu dans l’Etat depuis plus de deux semaines. En effet, le jour même de l’annonce de la création de cette nouvelle équipe d’investigation, les dirigeants chrétiens ont demandé à leurs fidèles de cesser leurs protestations.

Le 7 septembre, dix jours après l’assassinat du P. Chillitapilly, lors d’une première conférence de presse, la police locale avait fait savoir qu’un dénommé Panthalmkoottam Raghukumur avait avoué le meurtre et déclaré qu’il avait agi pour protester contre les activités anti-hindoues du prêtre. Celui-ci aurait mené des activités caritatives auprès des familles hindoues pour les inciter à rejoindre la religion chrétienne. Selon ces premières révélations policières, Raghukumar, âgé de 25 ans, aurait été membre du parti nationaliste hindou, aujourd’hui dans l’opposition, le Bharatiya Janata Party (Parti du peuple indien, BJP). Mais, le jour suivant, la police s’était rétractée et avait exposé une version des faits totalement différente. Elle déclarait alors que le meurtrier était un drogué et qu’il avait commis son crime dans un état d’exaltation dû à l’absorption d’un stupéfiant. Cependant, rien dans les récits de divers proches témoins des faits ne venait corroborer une telle version des faits.

Le retournement de la police avait déclenché une grande colère dans les milieux chrétiens de tout le Kerala qui reprochaient aux autorités de vouloir dissimuler les faits dans le but de protéger les vrais coupables. Protestations et manifestations exigeaient des autorités policières que l’enquête soit reprise à un plus haut niveau. Plusieurs membres de la hiérarchie se sont engagés dans ce mouvement. Certains ont même déclaré publiquement que le meurtre du prêtre faisait partie d’un complot plus vaste mené contre le christianisme par un groupe hindouiste local. Le 11 septembre, le cardinal Varkey Vithayathil et l’archevêque de Trichur, Mgr Thoomskoozhy, ont pris la tête d’une marche de prières et de protestations d’une journée qui a traversé Trichur.

Le jour de l’annonce de la nouvelle commission d’enquête, le 15 septembre, une manifestation avait été organisée devant les bâtiments du secrétariat du gouvernement à Thiruvananthapuram, capitale de l’Etat, par deux associations chrétiennes. Lorsque, ce jour-là, l’inspecteur de police eut déclaré que l’équipe spéciale de police recommencerait l’enquête à zéro, Mgr Thoomskoozhy a immédiatement déclaré que les protestations des chrétiens cesseraient jusqu’à la parution du nouveau rapport d’enquête. Pour sa part, Mgr James Pazhayattil, évêque du diocèse de Irinjalakuda où a eu lieu le crime, a ainsi résumé les sentiments des catholiques après l’annonce de la nouvelle enquête : “Nous désirons que l’équipe spéciale d’investigation nous révèle la vérité sur les causes et les circonstances du crime. C’est le premier meurtre de prêtre chez nous. Il nous a choqué et plongé dans la peine.”