Eglises d'Asie

L’exode des Montagnards des Hauts Plateaux s’étend malgré l’intensification de la répression et la surveillance accrue des frontières

Publié le 18/03/2010




Alimentée par la répression intérieure, l’exode des Montagnards des Hauts Plateaux du Centre-Vietnam, malgré le renforcement de la surveillance aux frontières vietnamo-cambodgiennes, continue à un rythme analogue, sinon plus rapide, à celui de l’exode qui avait suivi les troubles de février-mars 2001. Le 20 septembre, la section du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations Unies (HCR) au Cambodge déclarait qu’un total de plus de 400 réfugiés avaient été accueillis par leurs services à Phnom Penh. Ce jour-là, après une tournée sur la frontière, dans la province de Ratanakiri, où se cachent les Montagnards arrivant au Cambodge, une équipe du HCR avait trouvé trente d’entre eux qui avaient été héliportés vers Phnom Penh en attendant d’être admis dans un pays tiers. Déjà, le 12 septembre, lors d’une précédente tournée, les services du HCR local en avaient récupéré quelque 61. La plupart des réfugiés recueillis actuellement à Phnom Penh se sont enfuis des Hauts Plateaux après les manifestations qui ont eu lieu au cours du week-end pascal de cette année, manifestations organisées pour réclamer les terres confisquées par l’Etat et revendiquer la liberté de pratique religieuse.

Les signes indirects de la répression qui s’exerce sur les Hauts Plateaux et provoque la fuite des militants les plus touchés ne manquent pas. Le 21 septembre, l’organe de presse du Parti communiste vietnamien, le Nhân Dân, indiquait qu’un tribunal de la province de Gia Lai venait de condamner à des peines allant de cinq à sept ans de prison cinq chrétiens appartenant aux minorités ethniques locales, arrêtés en délit de fuite. Ils étaient accusés d’avoir incité des Vietnamiens à fuir vers le Cambodge, d’avoir collecté des fonds et de la nourriture pour le mouvement du FULRO (Front uni de libération des races opprimées), d’avoir utilisé des téléphones portables pour communiquer avec des exilés aux Etats-Unis. Les médias vietnamiens avaient précédemment, et à plusieurs reprises, annoncé l’arrestation ou la condamnation de militants ayant participé aux troubles d’avril 2004.

Par ailleurs, les autorités vietnamiennes se préoccupent de rendre la frontière cambodgienne infranchissable et, pour cela, essaient d’obtenir la collaboration du Cambodge. Le 13 septembre dernier, a été organisée à Hô Chi Minh-Ville, une réunion vietnamo-cambodgienne pour “la coopération des localités limitrophes Vietnam-Cambodge”, sous la co-présidence du Vice-Premier ministre vietnamien, Nguyên Tân Dung, et du Vice-Premier ministre et co-ministre de l’Intérieur du Cambodge, Sar Kheng. Le communiqué publié par les deux parties à l’issue de la réunion comportait notamment cette clause : “A propos de la sécurité, les deux parties ont convenu de coordonner étroitement la prévention et le règlement du problème du départ illégal via la frontière, (…), la prévention et la lutte contre les crimes, les organisations terroristes aux régions frontalières des deux pays… Les deux parties ont affirmé leurs politiques conséquentes de ne pas laisser les forces extérieures et hostiles aux deux pays utiliser les provinces limitrophes des deux pays comme base pour s’opposer l’un à l’autre.” (1)

On peut considérer comme une autre marque de la tension qui règne sur les Hauts Plateaux, la réunion qui, selon le Nhân Dân du 26 septembre 2004, a été organisée à Kontum, sous le contrôle du Bureau politique, dans le but de procéder à la mobilisation de l’ensemble de la population des Hauts Plateaux autour des tâches actuelles. Cette mobilisation, selon le compte-rendu de la réunion, s’adressait aux cadres du Parti et du gouvernement ainsi qu’aux cadres administratifs locaux issus des minorités ethniques, à savoir les chefs et les anciens des villages. La réunion était destinée à “élever leur niveau de clairvoyance et de renforcer leur conscience idéologique”.