Eglises d'Asie

Malgré ou à cause de sa situation difficile, les jeunes catholiques ont conscience que l’avenir de l’Eglise au Laos est entre leurs mains

Publié le 18/03/2010




Le Service des jeunes de l’Eglise catholique du Laos, issu d’un groupe de jeunes catholiques fondé il y a cinq ans autour de la cathédrale de Vientiane, a essaimé un peu partout dans le pays. Depuis sa fondation en 1999, ce groupe, baptisé “Groupe des servants”, a donné naissance à d’autres groupes, dans les vicariats de Paksé et de Savannakhet, lesquels avec les vicariats de Vientiane et de Luang Prabang forment l’Eglise du Laos (1). Khankham Keosavang, la responsable du groupe, et ses amis avouent se sentir récompensés de leurs efforts quand ils voient des jeunes d’autres communautés commencer à s’organiser pour prier et travailler ensemble au service des autres.

Elle explique que le groupe a commencé son action dans le vicariat de Vientiane et que ce n’est que 2001 que des jeunes d’autres régions ont été contactés. Mgr Jean Khamse Vithavong, vicaire apostolique de Vientiane, a soutenu leur action dès le début, estimant que les laïcs ont un rôle important à jouer dans le travail d’évangélisation, spécialement comme animateurs parmi les jeunes dont la formation religieuse a été trop négligée pendant des années (2). Khankham précise que, si bien des catholiques négligent d’aller à l’église du fait du manque de prêtre, les jeunes avec qui elle travaille voient dans ce manque comme “le signe » que c’est à eux d’assumer le travail de la mission pour répandre la Bonne Nouvelle.

Hieu, un des jeunes catholiques de Thakek, témoigne que “la graine de la foi a germé et vit ». Il raconte que les jeunes de Thakek se rencontrent régulièrement pour prier et organiser des actions en direction des marginalisés, comme, par exemple, réparer les toitures et les maisons de personnes âgées. “Je suis content de voir les grands-pères et les grands-mères heureux de ce qu’on a fait pour eux. » Le groupe de Hieu visite aussi les jeunes catholiques d’autres villages dans le vicariat de Savannakhet. Au cours de ces visites, ils invitent les jeunes à se joindre à eux pour prier dans le style de Taizé. “Les jeunes des villages ne refusent pas de venir avec nous affirme-t-il. Méditation, cantiques faciles à chanter, lectures de l’Evangile et prières autour d’une croix formée de cierges allumés. Certaines rencontres peuvent durer trois ou quatre jours.

Parmi ceux qui trouvent que prier dans le style de Taizé est efficace, il y a Bao, du village de Ban Xiangvang. “Je voudrais que les catholiques de notre village puissent expérimenter ce genre de prière parce qu’elle les aiderait à rester sereins et les pousserait à parler avec Dieu dit-il, affirmant que c’est l’expérience profonde de la prière qui l’a poussé, lui, à travailler pour les jeunes : “Mon rêve, c’est de travailler pour l’Eglise affirme-t-il.

Dans le vicariat de Paksé, une jeune femme de 24 ans, Phimasorn, de son côté, a formé un groupe de jeunes et s’inspire de ce qui se fait à Vientiane. A Luang Prabang, en revanche, Boun Mee voudrait faire quelque chose mais ne voit pas comment mettre sur pied un apostolat de jeunes pour les jeunes dans ce vicariat où l’unique prêtre, le vicaire apostolique, Mgr Tito Banchong Thopayong, est contraint de résider à Vientiane, la capitale, située à 220 km. de Luang Prabang. “Nous n’avons aucun groupe organisé. Nous ne pouvons rien faire tant que nous n’avons pas de dirigeant formé. Je voudrais bien organiser un groupe mais c’est très difficile”.

Pour Mgr Khamse, vicaire apostolique de Vientiane (3), les jeunes sont “la nouvelle source d’énergie” qui revitalisera l’Eglise catholique au Laos en situation difficile depuis la prise du pouvoir par les communistes en 1975. L’évêque affirme que c’est justement ces difficultés qui ont poussé les jeunes à chercher à faire revivre l’Eglise : “Nous ne savons pas quel est l’avenir de l’Eglise au Laos. Nous ne savons pas si elle vivra ou n’existera que de nom. Tout dépend des jeunes. Nous n’avons personne qui puisse nous aider de l’extérieur mais nous devons tout faire pour que ça réussisse.”