Eglises d'Asie

Mindanao : un responsable de l’Eglise catholique se dit optimiste quant à une reprise prochaine des pourparlers entre le gouvernement et la rébellion musulmane

Publié le 18/03/2010




Peu avant de s’envoler pour les Etats-Unis où il était invité à présenter l’état du dialogue entre chrétiens et musulmans aux Philippines (1), Mgr Fernando Capalla s’est déclaré optimiste quant à la reprise prochaine des pourparlers entre le gouvernement et la rébellion musulmane à Mindanao. Le 18 septembre, Mgr Capalla, archevêque de Davao et président de la Conférence épiscopale, s’est notamment prononcé à propos d’une récente décision du ministère de la Justice. Ce dernier, au mois d’août dernier, a décidé d’abandonner les poursuites engagées à l’encontre de 185 membres du Front moro de libération islamique (MILF), accusés d’avoir pris part aux attentats commis l’an dernier à Davao. L’explosion de deux bombes avait causé la mort de 38 personnes et fait plus de 200 blessés (2).

Selon Mgr Capalla, la décision du ministère de la Justice est “un geste majeur de bonne foi de la part du gouvernement” qui pourrait permettre la relance des négociations de paix. “On peut observer un évident sentiment de gratitude de la part des responsables du MILF. Leur conviction est que l’engagement du gouvernement dans le processus de paix est sincère a estimé l’évêque catholique, par ailleurs très engagé dans le dialogue entre musulmans et chrétiens du sud philippin au sein de la Conférence des évêques et des oulémas.

En août, le ministère de la Justice avait motivé sa décision en mettant en avant “la primauté du processus de paix”. Les charges abandonnées pesaient notamment sur la plus haute direction du MILF. Salamat Hashim et Al Haj Murad, respectivement l’ancien et l’actuel président de l’organisation musulmane séparatiste, étaient soupçonnés d’avoir commandité les attentats de Davao. Les rapports de commissions d’enquête indépendantes avaient cependant conclu à l’absence de preuves permettant d’incriminer le MILF.

Les négociations entre Manille et le MILF sont au point mort depuis mai 2003, date à laquelle le mouvement rebelle lança un raid sur la ville de Siocon, située dans la partie ouest de Mindanao (3). Le MILF avait fait de l’abandon des charges pesant sur ses membres un préalable à la reprise des négociations. Il semble donc que les pourparlers pourraient désormais reprendre rapidement. Le 13 septembre dernier, le ministre de la Défense Avelino Cruz a déclaré à des journalistes que le gouvernement malaisien, médiateur entre les deux parties, travaillait à la mise au point d’une rencontre à Kuala Lumpur. Dernièrement, à l’issue de la 24e assemblée de la Conférence des évêques et des oulémas, Mgr Capalla avait demandé que les responsables religieux, chrétiens et musulmans, de Mindanao soient officiellement conviés à ces pourparlers (4).