Eglises d'Asie

Selon un évêque catholique, la victoire de Susilo Bambang Yudhoyono à l’élection présidentielle est une bonne chose pour la minorité chinoise et les chrétiens

Publié le 18/03/2010




A l’issue du second tour de l’élection présidentielle, qui s’est déroulé le 20 septembre dernier, le décompte des suffrages donne une avance conséquente à Susilo Bambang Yudhoyono, plus souvent désigné par les initiales de son nom “SBY”, face à la présidente sortante Megawati Sukarnoputri. Dans l’attente des résultats complets qui doivent être publiés le 5 octobre 2004, le rapport s’établit à 60,9 % des voix pour SBY contre 39,1 % pour Megawati. Commentant l’élection désormais tenue pour acquise de SBY à la présidence de la République, un évêque catholique, Mgr Julius Sunarko, du diocèse de Purwokerto (Java centre), a estimé que “les communautés chinoises et chrétiennes” pouvaient s’estimer “satisfaites de l’élection de Susilo”.

Interrogé sur les raisons du succès de SBY, l’évêque a répondu que son style et sa manière de communiquer “trouvaient un écho auprès des espoirs et des attentes des Indonésiens”. Il a ajouté que le nouveau président devait s’atteler sans délai à trois dossiers prioritaires : “la corruption, l’emploi et la sécurité intérieure”. Perçu comme un homme politique ouvert à une société diversifiée, SBY, a poursuivi Mgr Sunarko, apparaît comme “une garantie pour le bien-être des minorités, particulièrement des chrétiens et des Chinois”. Avec cinq millions de personnes, les Sino-Indonésiens représentent environ 2 % de la population du pays et sont surreprésentés dans les milieux d’affaires et dans le commerce. Les chrétiens sont environ vingt millions, soit 9,6 % de la population.

Selon Mgr Sunarko, le passé militaire de SBY, ancien général de l’armée, représente aux yeux des Indonésiens une garantie que son action à la tête de l’Etat sera conforme à la ligne nationaliste qui a prévalu depuis l’indépendance et qu’elle ne sera pas entachée de sectarisme. “C’est pourquoi les Chinois et les chrétiens sont satisfaits de sa victoire. Il a battu Megawati à son propre jeu a précisé l’évêque.

Pour les observateurs indonésiens ou étrangers, indépendamment du résultat final de l’élection, le fait que les opérations électorales se sont déroulées dans le calme et sans incident majeur est un succès notable, qui souligne l’approfondissement de la transition démocratique entamée avec la chute de Suharto en 1998. Etant donné les tensions qui existent dans certaines régions du pays, à Aceh, en Papouasie occidentale notamment, ce succès n’était pas a priori évident. Cent cinquante millions d’électeurs étaient appelés à déposer leur bulletin dans 580 000 points de vote, répartis sur les 6 000 îles du pays.

Quant à l’orientation politique de la nouvelle présidence, nombre d’observateurs soulignent la difficulté de discerner une tendance. “Personne ne connaît l’ordre du jour, la ligne politique ou même tout simplement le parti de Yudhoyono, déclare Gadis Arivia, professeur de philosophie à l’Université d’Indonésie. Sa victoire ne s’est pas jouée sur son programme mais sur : ‘Asa bukan Mega’ (‘Tout sauf Megawati’).” Certains soulignent qu’une faiblesse du nouveau président est l’étroitesse du soutien dont il dispose au Parlement. Sur 550 députés, le Parti démocratique, la formation de SBY, et ses alliés rassemblent environ 90 sièges. La coalition – sans doute appelée à ne pas durer – qui soutenait la candidature de Megawati en réunit plus de 300.