Eglises d'Asie

Vingt-neuf ans après avoir été réquisitionné par les autorités, l’ancien petit séminaire de Saigon est officiellement rendu à l’archidiocèse de Hô Chi Minh-Ville

Publié le 18/03/2010




Un événement très inhabituel au Vietnam vient d’avoir lieu à Hô Chi Minh-Ville : le retour officiel à l’Eglise d’un établissement réquisitionné par les autorités civiles au lendemain du changement de régime d’avril 1975. Le 20 septembre dernier, en effet, s’est déroulée une cérémonie destinée à marquer le retour au diocèse de Hô Chi Minh-Ville de l’ancien petit séminaire du diocèse, utilisé pendant près de vingt-neuf ans par le ministère des Finances pour y donner des cours de comptabilité à de jeunes étudiants (1). Le bâtiment, situé dans l’ancienne rue Cuong Dê, est adjacent à celui où se trouve aujourd’hui le grand séminaire Saint Joseph. Une petite foule de cinq cent personnes s’était rassemblé pour être témoin de ce geste hautement symbolique. On y trouvait le cardinal-archevêque de Hô Chi Minh-Ville, Mgr J.-B. Pham Minh Mân, qui avait déjà annoncé cet événement dans sa lettre de Carême 2004 (2), des membres du clergé, des religieuses et des laïcs, mais aussi des représentants du ministère des Finances et du staff de l’ancienne école de comptabilité.

Le P. Joseph Trân Van Luu, administrateur du grand séminaire, a déclaré au nom du diocèse que la restitution des bâtiments du petit séminaire revêtait une grande signification et était accueillie avec une grande joie par les catholiques, d’autant plus que les locaux ont été restaurés dans l’état où ils avaient été trouvés par leurs utilisateurs, il y a vingt-neuf ans. Après l’allocution du prêtre, le cardinal et le directeur de l’école de comptabilité ont signé les documents certifiant que cette propriété d’Eglise repassait sous son contrôle, tandis que les catholiques présents applaudissaient et chantaient un chant d’action de grâces.

Le directeur de l’école de comptabilité a ensuite vanté l’esprit de collaboration de l’Eglise. Il a particulièrement rappelé la mémoire de l’ancien archevêque de Saigon, Mgr Paul Nguyên Van Binh, qui avait permis au gouvernement d’utiliser le petit séminaire pour la formation de comptables. Selon lui, à l’époque du changement de régime, un grand besoin de comptables se faisait sentir et le gouvernement ne disposait pas des locaux de formation nécessaires. Depuis la fin de l’an dernier, le centre de formation de comptables a été déplacé dans de nouveaux bâtiments de la même ville. Les autorités ont attendu la fin des travaux de restauration pour restituer officiellement les bâtiments, hauts de quatre étages.

Après la signature des documents, le cardinal-archevêque a béni les bâtiments et a déclaré que son prédécesseur avait eu raison de contribuer par ce prêt au développement du pays appauvri par la guerre, particulièrement à la formation de professionnels utiles à la société. Mgr Mân a ajouté que le pays est désormais assez développé pour laisser revenir les bâtiments à l’Eglise, qui en a besoin pour remplir sa mission de formation spirituelle, humaine mais aussi professionnelle. Il a fait remarquer que, dans l’archidiocèse, les 4 500 membres des conseils paroissiaux, les 5 300 catéchistes et les très nombreux membres des associations et mouvements d’Eglise ont un urgent besoin de formation. En outre, l’archidiocèse doit relever aujourd’hui de nombreux défis tels que l’afflux en ville de catholiques venant des provinces, l’éclatement des familles, la diffusion du sida – autant de situations qui exigent que les chrétiens engagés soient formés d’une façon plus professionnelle. Le cardinal a, de plus, annoncé que l’ancien petit séminaire a été rebaptisé “Centre culturel catholique”. Il abritera également une maison de la culture catholique et de la foi, ainsi qu’une bibliothèque à la disposition de tous les catholiques du pays.

Après la victoire communiste du 30 avril 1975 et dans les années qui ont suivi, jusqu’à très récemment (3), les autorités se sont emparées de très nombreux établissements appartenant à l’Eglise catholique et aux autres religions. Selon les autorités civiles, certains auraient été prêtés, ce qui était le cas du petit séminaire de Saigon, les autres auraient été offerts. Très peu des bâtiments “prêtés” ont été rendus. Jusqu’à présent, aucun des établissements “offerts” n’a été restitué.